IV.

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Le bois de Merlin avait toujours peuplé les légendes du Monde de la Sorcellerie et ce depuis des siècles. On racontait que Merlin était né sous ses chênes centenaires, que ses fourrés obscurs abritaient des créatures terrifiantes et assoiffées de sang que même les loups garous qui couraient sous la pleine lune craignaient. Un nombre extraordinaire de plantes aux vertus diverses poussaient à l'ombre de ses bouleaux cendrés créant un habitat fertile pour les Botrucs, les fées ou les Demiguises. Enfin, selon certains comptes presque oubliés, en plein cœur de la forêt nichait un griffon gigantesque protégeant au milieu de ses œufs d'ors, un trésor extraordinaire aux milles pierres précieuses. Le fait que sa lisière nord jouxtait le célèbre village de Godric's Hollow qui avait vu naître nombre de grands sorciers comme les frères Peverell, Godric Gryffondor ou plus récemment, Albus Dumbledore, ajoutait encore à sa renommée. 

Bien évidemment personne n'avait pensé à informer le jeune James Potter que les griffons détestaient le climat humide du nord de l'Angleterre et n'avaient aucun goût pour l'or et les émeraudes. James avait ainsi passé de nombreux après midi à errer sous les chênes majestueux du bois de Merlin à la recherche de ses légendes et, s'il n'avait jamais vu le bout d'une aile de fée ou d'une plume de griffon, il en connaissait maintenant ses moindres recoins ; lichens, cascades, rivières et arbres compris.

C'était lors de l'une de ses longues escapades qu'il avait découvert une clairière isolée où coulait une branche de la Loder, la rivière qui traversait le bois de Merlin de part en part. Le lit de cette dernière était suffisamment profond pour y nager et la prairie d'herbes hautes et de fleurs des champs qui occupait ses berges était idéale pour se prélasser au soleil après un bain dans les eaux translucides mais fraîches de la Loder. La clairière était devenue le refuge de l'enfant solitaire qu'était James Potter avant d'entrer à Poudlard. Elle avait été le lieu de nombreuses batailles épiques contre des dragons immenses et des gobelins avides d'or et de richesses, où s'affrontait le mal et le bien dans de sanglants combats qui s'achevaient souvent au coucher du soleil par la victoire écrasante du Courage, de l'Honneur et d'un grand nombre d'autres vertus dont James Potter se faisait le chevalier servant.

La clairière avait peu changé en sept ans, les mêmes arbres en bordaient la lisière et abritaient de leurs ombres fraîches des herbes hautes identiques, la même eau claire coulait entre ses rochers gris et lisses. Mais James Potter lui, avait bien grandis et en bon adolescent de dix sept ans, c'était avec ses amis les plus proches qu'il revenait dans le havre de son enfance. Après un long bain rendu éreintant par leurs éclaboussures et leurs jeux, les sept amis s'étaient finalement écroulés dans l'herbe.

Malgré le rythme lent de la respiration régulière de Remus, assoupi à sa gauche, et la douce chaleur que diffusait le soleil sur son dos, James n'arrivait pas à s'endormir tout à fait. Il se complaisait dans cette torpeur particulière des longs jours d'été, bercé par les milles bruits de la forêt qui l'entourait.

Comme mu par un impératif soudain, James se releva et contempla la nature qui l'entourait avec des yeux avides, espérant capturer chaque odeur, chaque couleur et chaque son. Il se laissait pénétrer par ce lent moment de bonheur, cherchant à le fixer pour toujours dans sa mémoire. Une faible brise soufflait, agitant sur son passage rafraîchissant les branches chargées de feuilles vertes qui tintaient comme un millier de clochettes. Les craquements du bois et le chant des oiseaux leurs répondaient, renchérissant dans une immense symphonie qui baignait la forêt d'un sentiment de sérénité et de paix infinie. Les chants de la Nature n'étaient brisés que par leurs respirations profondes ou le bruit de l'herbe froissée sous leurs corps endormis. Les minutes s'étiraient sous ce soleil de plomb sans que personne n'y prête attention. Pourquoi après tout quand on a tout le temps du monde ? La vie, comme la forêt qui les entouraient, leur semblait éternelle.

P H É N I X. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant