I.

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L'été 1977 avait commencé sur un quai bruyant et brûlant en plein Londres. Il avait commencé avec sept adolescents deguinguandés traînant leur malles sous la verrière de King's Cross, dans un grand fouillis de cheveux longs, sentiments refoulés ou mal liquidés, pantalons pattes d'eph', plumes de hiboux et feulements de chats. Mais cet été c'était surtout la promesse de deux mois de vacances et de liberté, au soleil et entre amis. C'était grisant et merveilleux.

Dans un méli-mélo de conversations où personne ne savait vraiment qui parlait à qui, ils se retrouvèrent à l'extérieur de la gare, face à une Ford rouge brique à moitié garée sur le trottoir, qui semblait avoir traversé la Forêt Interdite en solitaire. Appuyé contre la portière avant, un homme grisonnant éclatait d'un rire puissant qui dominait les bruits de la circulation.

Fleamont Potter était le portait craché de son fils unique. Leur ressemblance était tellement évidente qu'il aurait fallut être aveugle ou demeuré pour ne pas se rendre compte qu'il s'agissait du père de James. Ils faisaient approximativement la même taille et partageaient le même nez droit et la même mâchoire prononcée, mais surtout, la tignasse striée de mèches d'argent de Fleamont Potter ressemblait comme deux gouttes d'eau aux boucles noires et indomptées qui avaient fait la célébrité de son fils à Poudlard. Approchant de la soixantaine, Fleamont était vêtu d'un pantalon de costume gris et d'une simple chemise blanche à manche courte. À côté de sa voiture, il se mêlait parfaitement à la foule de moldus nonchalants qui les entourait. Un immense sourire, si semblable à celui de James, les accueillit.

Ils devaient sûrement ressembler à une belle bande d'idiots, avec leurs malles cabossées et leurs looks débraillés mêlant mode moldue et derniers vestiges de leurs uniformes de Poudlard, mais Fleamont ne s'en formalisa pas le moins du monde et se mit immédiatement à charger leurs valises dans le coffre de la Ford.

- Je vais devant, hurla Sirius en se précipitant vers la voiture et en abandonnant ses bagages sur le pied de Remus.

- Fallait être plus rapide, idiot, répondit James maintenant assis sur le capot. 

- Il y'a de la place pour tous les deux devant, interrompit Monsieur Potter. Bonjour tout le monde. Vous aurez tout le temps de me raconter vos exploits dans la voiture, mais il ne faudrait pas trop qu'on traine, c'est un sacré bout de route jusqu'à chez nous. Sirius, James, venez m'aider à charger les malles.

- On aurait pu transplaner 'Pa...

- James, pas question de faire transplaner sept adolescents tout juste majeurs et leurs malles d'un bout à l'autre du pays. Maintenant concentre toi, tu vois bien que si tu mets cette valise là, tu ...

Lily se désintéressa de la conversation, et ouvrit la portière droite, une moue dubitative sur le visage. Elle connaissait bien ce modèle de voiture, puisque son grand père possédait la même dans un coloris gris métallique particulièrement déprimant. Elle était donc familière avec le fait qu'il était physiquement impossible que huit personnes de taille adulte tiennent dans cette vieille voiture, mais Lily Evans avait une fois de plus oublié qu'elle ne vivait plus dans le monde rationnel de Carbonne les Mines, où une Ford rouge usée à quatre places accueillait maximum quatre personnes. La voiture dans laquelle elle pénétra était dotée de trois banquettes larges comme un lit une place et avait la taille d'un minibus Volkswagen. Sept adolescents et leurs sacs à dos pouvaient y voyager dans le plus grand confort.

- J'adore la magie, murmura Lily ébahie en s'installant près de la fenêtre.

Après une vingtaine de minutes pendant lesquelles Monsieur Potter pesta contre le sens de l'organisation aberrant de son fils, ils furent enfin tous installés, ceintures bouclées et prêt à partir. Monsieur Potter démarra et s'engagea dans le trafic épouvantable de Londres en fin d'après midi.

P H É N I X. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant