Il était à peine sept heures quand James émergea d'un sommeil agité. Il se redressa sur son matelas, les muscles engourdis et les paupières lourdes, habité par la désagréable impression des réveils après une mauvaise nuit. Il ferma les yeux un instant, se laissant bercer par la respiration lente de ses amis endormis. Des rayons de soleil dorés échappaient aux lourds rideaux de velours et illuminaient faiblement la pièce et les formes sombres des dormeurs.
James se débarrassa de son drap, enroulé autour de ses jambes, et se leva aussi silencieusement qu'il le put. Au moment de refermer la lourde porte de la bibliothèque, il jeta un dernier regard vers ses amis et marqua un temps d'arrêt. Un rayon de soleil illuminait le matelas le plus proche où sommeillait Lily. Ses longs cheveux roux avaient dans ces premières lueurs du matin la couleur de l'ambre au soleil, si différente du flamboiement des après midis brûlants. Lily se retourna en soupirant, tournant son visage vers le jeune homme pétrifié. Sa joue portait la marque de l'oreiller ce que James ne put s'empêcher de trouver attendrissant. Il s'était perdu dans la contemplation de la multitude de taches de son qui ornait son nez et ses joues, quand une voix embrumée de sommeil faillit lui donner une crise cardiaque.
- Quelle heure ? Demanda la voix rauque de Sirius, sa silhouette à demie relevée se détachant en ombre chinoise devant la bibliothèque.
- Tu m'as fait peur couillon. À peine sept heure, je pense.
Dans un grognement sourd, Sirius se laissa retomber sur son matelas.
- Grand malade va. Laisse dormir les gens saint d'esprit.
James se glissa dans le petit espace entre les lourds battants de la porte et se retrouva dans le vestibule. Instinctivement ses pieds le portèrent vers la cuisine où il se laissa lourdement tomber sur un tabouret. D'un geste de la main, il alluma le feu sous la bouilloire et laissa reposer sa tête contre le mur de pierre, bercée par les bruits de l'eau. Une sensation de malaise avait fleurie dans son estomac. Il se sentait curieusement déphasé ce matin là, comme si tous ces organes avaient brutalement changé de place à l'intérieur de son corps au cours de la nuit et que son cerveau continuait à les chercher à leur place d'antan. James aurait aimé dire que seul les attentats de la veille pesait sur son esprit. Certes, apprendre que ses parents presque retraités remplissaient un rôle central dans une société secrète était inquiétant. Mais la veille au soir, c'était un sentiment de curiosité et d'exaltation profonde qui s'était emparé de lui. Cette guerre secrète avait des allures de polar et de romans d'aventures, elle murmurait des récits d'héroïsme et de bravoure à son oreille. À aucun moment, l'un d'entre eux ne s'imaginait une guerre armée, brumeuse et sanglante. Non, ce qui préoccupait vraiment James Potter en ce moment là n'avait rien à voir avec l'Ordre du Phénix où les Mangemort. Ce qui préoccupait James Potter était endormie sur un matelas à même le sol dans la pièce d'à côté, ses cheveux roux étalés sur son oreiller blanc. Comme cette réalisation s'imposa à son esprit, il se leva pour se servir une tasse de thé, avec un douloureux pincement au cœur.
James Potter avait intégré après plusieurs années et beaucoup d'amertume, que jamais Lily Evans ne le considérerait comme plus qu'un ami vaguement tolérable. L'été dernier il s'était pourtant juré de passer à autre chose, et de sortir cette satanée rousse de sa tête et surtout de son cœur. Et il s'y était tenu. Pendant un an, il avait appliqué une stricte discipline sentimentale qui lui interdisait formellement de penser à Lily en ces termes la. Il était même sortit avec d'autres filles, pour se prouver à lui même et principalement, aux autres, qu'il était passé à autre chose. Mais invariablement, malgré tous ses efforts, c'était des moments comme celui-ci qui le faisait replonger misérablement et lui rappelait désagréablement que le principal défaut de toutes ses copines était de ne pas être Lily Evans.

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P H É N I X.
Fanficphénix : nom masc. sing. Oiseau fabuleux, qui se brûlait lui-même et renaissait de ses cendres, qu'on nommait immortalité. « Mais à l'époque, personne n'aurait pu dire avec certitude à quel moment la guerre avait vraiment commencé. Il n'y avait p...