→ 𝐋𝐮𝐧𝐧𝐲 - Mᴇʀᴄɪ ᴘᴏᴜʀ ᴛᴏᴜᴛ

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Je ne sais pas à qui appartient le FanArt en image média : si quelqu'un·e connaît l'artiste, n'hésitez pas à me le dire, je lae créditerai !


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Ginny Weasley.

Je ne sais pas quoi te dire. À part que j'ai recommencé cette lettre une quarantaine de fois, et que je ne saurai jamais assez te remercier. Te remercier d'être là pour moi. Te remercier de ne m'avoir jamais jugée. Te remercier de m'avoir toujours soutenue même lorsque les temps étaient durs. Te remercier de m'avoir toujours défendue lorsque ceux qui ne m'acceptaient pas déversaient leur haine sur moi.

Lorsque je suis arrivée à Poudlard, en première année, j'étais heureuse à l'idée de pouvoir avoir des amis. Mais dès que j'ai posé un pied dans le train, j'ai vite compris que ce serait plus compliqué que prévu. Dès les premiers regards, j'ai compris que les gens me trouvaient étrange. Peut-être que j'ai l'air un peu folle. Peut-être que je peux sembler étrange car je vois les Nargoles et les Joncheruines, que je crois aux Ronflaks Cornus, que je pense que les Héliopathes existent, que je porte souvent mes Lorgnospectres et que je lis le Chicaneur. Les Moldus diraient que je suis autiste ou bien tout simplement différente. Mais les Sorciers me voient comme un monstre.

Sauf toi.

Quand je suis arrivée dans le train, j'ai essayé d'entrer dans un compartiment avec deux filles et un garçon qui m'ont lancé un regard mauvais. J'ai essayé un autre compartiment ; puis un autre ; un autre ; encore un autre. Personne ne m'acceptait jamais. Puis, au moment où je commençais à désespérer, j'ai entendu une porte s'ouvrir. Tu es sortie et tu m'as demandé :

⸺ Tu es perdue ? Tu n'as pas de compartiment ?

Je n'ai pas osé te répondre, j'ai fixé mes pieds et, en tremblant, j'ai fait tomber les quatre numéros du Chicaneur que je portais sous le bras, ma baguette magique et mon sac avec les Joncheruines que j'avais réussi à capturer pour les étudier. Je les ai ramassés en vitesse, maladroitement, et j'ai réussi à bégayer :

⸺ Désolée...

Les magazines sont de nouveau tombés, et tu les a ramassés en me désignant la porte de ton compartiment :

⸺ Viens avec nous.

Je bredouillé quelque chose d'incompréhensible, puis je t'ai suivi. Tu m'as aidé à poser toutes mes affaires dans les filets à bagages, puis je me suis assise à tes côtés. Un garçon aux cheveux blonds était plongé dans un grand sommeil, un sachet de Dragées Surprises de Bertie Crochue serré dans sa main potelée.

⸺ Je te présente Neville, m'as-tu dit en le désignant avec le sourire affectueux d'une mère veillant sur son enfant qui dort. Au fait, je m'appelle Ginny Weasley, et toi ?

⸺ Luna Lovegood. Mon père est le rédacteur en chef du Chicaneur, j'ai dit, toute fière. Regarde : le dernier numéro est sur les Énormus à Babille, leur habitat et leur reproduction !

Tu m'as lancé un regard sceptique, puis, finalement, tu m'as lancé un grand sourire.

⸺ Génial ! Tu pourras m'apprendre des choses alors !

C'est là qu'a commencé notre amitié.

Tu as toujours été sincère avec moi. Tu ne m'as jamais jugée. On ne s'est jamais disputées. On a toujours été là l'une pour l'autre.

Et au fur et à mesure du temps, on a compris que notre relation relevait de quelque chose de plus puissant que l'amitié. Je l'ai compris en premier et je l'ai accepté. À quoi bon l'ignorer ? J'aurai voulu te poser la question. Pour essayer de te cacher, tu as commencé à sortir avec différents garçons. Michael Corner, Dean Thomas, puis Harry Potter.

J'ai essayé de garder la tête hors de l'eau. Et d'ignorer tes attitudes. Mais au bout d'un moment, ça a commencé à me faire mal au cœur. J'ai failli sombrer en dépression. Je pleurais tous les soirs. Je n'étais plus que l'ombre de moi-même, la vraie Luna avait disparue, rongée par le chagrin.

Mais j'ai fini par l'accepter et comprendre. Les couples homos ne sont pas mieux acceptés chez les sorciers que chez les moldus. Et je comprends tout à fait que tu aies eu peur d'affronter le regard des autres, leur haine, leur lâcheté, leur violence. J'ai fini par comprendre et je me suis reconstruite. J'ai repris une vie normale. Mais, au fond de moi, je savais que je ne pourrai pas être moi-même sans toi, ta force, ton soutien. Sans que tu sois toi-même. Alors j'ai fait comme toi. Je me suis mariée avec Rolf, j'ai été Naturaliste durant quelques années. Mais j'allais de plus en plus mal. Ma tristesse recommençait à me dévorer, mais j'ai enfoui mes sentiments et j'ai gardé la tête hors de l'eau. J'ai même réussi à me faire croire que je t'avais oubliée.

Puis tu as quitté Harry. Au début, je n'ai pas compris. Pourquoi ? On a su la nouvelle par une lettre de Harry. J'étais très étonnée. Puis tu as débarqué chez moi en pleurs, les yeux rougis, les cheveux en bataille. J'étais seule, car Rolf était parti assister à une conférence sur la nourriture pour différentes espèces d'animaux fantastiques. Je t'ai réconfortée, on a discuté. Longuement. Tu m'as tout expliqué : tu ne supportais plus de vivre en te cachant. Tu regrettais tout ce que tu avais fait. Tu voulais arrêter de mentir et de te voiler la face. Tu avais peur, mais je te savais courageuse. Plus courageuse que les mots. Plus courageuse que leur lâcheté. Plus courageuse qu'eux, qui discriminent les autres car ils ont peur de voir que des gens plus courageux qu'eux s'assument. Et, sans que je sache comment, on a fini par s'embrasser. La nuit a été longue, et, au petit matin, on s'est promis qu'on ne se quitterait plus jamais.

Tu as d'abord tout expliqué à Harry, qui a très bien compris. Il s'est par la suite remarié avec une sorcière brésilienne, très gentille et amicale envers nous. Ron a eu un peu plus de mal à faire passer la pilule, mais a fini par l'accepter. Et Hermione a été tellement contente qu'elle a failli nous faire tomber en nous sautant dans les bras.

Neville l'a très bien pris aussi. Lui qui a été mon deuxième ami. Il a toujours été gentil et bienveillant avec moi. J'espère qu'il est heureux avec Hannah.

Alors, Ginny, je voudrais te remercier. Pour tout. Pour avoir été la première qui m'a tendue la main, qui a réussi à me donner de l'espoir, qui m'a aidée.

Alors merci.

Merci pour tout.

Merci, Ginny.


Ta Luna qui t'aime de tout son cœur dépourvu de Joncheruines.

𝐑𝐞𝐜𝐮𝐞𝐢𝐥 𝐝'𝐎𝐒 | Hᴀʀʀʏ PᴏᴛᴛᴇʀOù les histoires vivent. Découvrez maintenant