Que s'est-il passé ici???...
J'étais déjà énervé hier, mais en apprenant que mes avocats n'étaient pas capables de m'obtenir un rendez-vous avec le cheikh Al Mahal, ma colère avait pris une autre ampleur. J'étais donc sur le chemin de retour vers mon bureau, avec pour but de pourrir la vie à ma nouvelle assistante. J'allais me charger de la faire souffrir jusqu'à ce qu'elle regrette d'avoir intégré cette entreprise.
Vendredi j'avais reçu un coup de fil du gouvernement me faisant comprendre que l'état comptait sur mon entreprise et moi pour établir une relation cordiale avec les Emirats Arabes. J'étais sûr d'y arriver facilement jusqu'à ce que je fasse la connaissance de l'un des cheikhs les plus puissants, qui représentait son gouvernement. Ce dernier était tellement imprévisible et surtout téméraire, qu'il m'avait finalement mis les batons dans les roues, ce qui m'avait plus ou moins frustré.
Et puisqu'il avait besoin de quelqu'un sur qui déverser sa colère, il avait accepté la proposition de sa fidèle amie Rachel en acceptant le premier dossier qu'il avait vu dans sa boîte mail. Il avait donc demandé à son amie mais aussi sa réceptionniste d'imprimer ce dossier, et ce qu'il y vit lui plu beaucoup. Un jeune étudiante sans expérience, quoi de mieux pour faire passer sa frustration.
Il avait été satisfait de l'entrevue qu'ils avaient eu ce matin. Il l'avait vu trembler, avec cette peur qu'il trouvait très jouissive dans ses yeux. Il avait été frustré mais ne s'y était pas trop attardé en sachant qu'il allait retrouver la jeune demoiselle et la torturer par la suite. Il se souvint alors du bazard qu'il avait laissé dans son bureau, de la merde qu'il avait foutu dans son agenda préalablement rangé par Rachel, des lettres qu'il avait mal rédigé et lui avait demandé d'imprimer en sachant qu'elle ne les lirait pas, des rendez-vous qu'il lui avait demandé de prendre même comme ce n'était pas son travail et surtout de son café qu'elle ne saurait sûrement pas faire à son goût; car il l'aimait toujours bien corsé.
Il eut une satisfaction indubitable à la pensée de cette petite chose sous son emprise. Il était tellement de bonne humeur qu'après être sorti de l'ascenseur, il salua gaiement Rachel sur son passage. Après quelques enjambées, il fut entre son bureau et celui de Mlle Etame. Après courte réflection, il se dit que ce serait mieux de l'appeler dans son bureau pour lui faire des reproches.
Il enclencha donc la poignée de son bureau et y rentra de gaieté de cœur avant que son visage ne se fige en découvrant son bureau propre et rangé. Il referma la porte et débuta son inspection. Le bureau était hyper bien rangé. Mieux que quand il le faisait lui même. Il vit même la tasse de café fumante sur son bureau. Il prit place et pris une gorgée de ce nectar, se disant qu'il trouverai peut-être un défaut, mais rien. C'était excellent ne pu-t-il s'empêcher de penser. Il fut effaré quelques minutes par ce qu'il voyait mais ne désespéra pas pour autant car il était sûr de trouver une faille.
Il saisit donc son iPad, vérifia son agenda et fut choqué. Lui qui pensait qu'elle craquerait ne savait pas qu'elle pourrait être aussi professionnelle. N'étant pas au bout de ses surprises, il prit les dossiers se trouvant sur le bureau et les feuilletas. Il y trouva ses lettres, mieux rédigées et imprimées, les dossiers classés, et une liste avec tous les rendez-vous requis. Elle avait fait un travail formidable et il se demandait même comment il pourrait la faire partir. Maintenant il était plus frustré qu'en apprenant qu'il n'avait pas réussi à obtenir un rendez-vous avec le cheikh. Pour qui se prenait elle pour le mettre au défi?? Il savait qu'elle n'avait rien fait de mal, mais ne pouvait supporter de perdre. Il fallait qu'il lui montre qui était le boss ici.
Il était tellement perdu dans ses pensées, qu'il n'entendit pas Rachel frapper, entrer et s'approcher de lui. Ce fut quand elle claqua des doigts devant son visage qu'il sortit de ses songes. Lasse de tout ça, il lui demanda ce qu'elle voulait.
- Que puis-je faire pour toi Rachel?
- Rien. Je voulais juste t'inviter à déjeuner mais vue que t'as pas l'air dans ton assiette, je trouverai quelqu'un d'autre.
C'est seulement à ce moment que je me rendis compte que je lui avait parlé froidement.
- J'suis vraiment désolé de t'avoir parlé de la sorte. Tu sais que je ne suis pas au mieux avec ces histoires d'émirats arabes.
- Oui je sais. Et avec cette nouvelle assistante qui t'en fait voir de toutes les couleurs, j'imagine. Ajoute-t-elle en souriant.
Je me raidis instantanément. Je n'avais fait aucune allusion à celà. Comment pouvait-elle le savoir?? Elle me fit un sourire moqueur avant de répondre à cette question qui n'avait pourtant pas franchi la barrière de mes lèvres.
- Après l'épisode de ce matin et le bazard dans ton bureau qui était pourtant très bien rangé ce matin, j'ai jeté un oeil au travail que tu lui as donné. Et je me suis surtout rendue compte que tu avais foutu un bordel sans pareil dans un travail que j'avais déjà fait. Et pour couronner le tout, tu lui as demandé d'imprimer du n'importe quoi et de prendre des rendez-vous que seule ta soeur fait pour toi.
Là, elle n'avait pas tort. J'avais tout fait pour déstabiliser cette fille sans succès. Je ne baissais pour autant pas les bras car ce n'était que son premier jour et la journée n'était pas encore terminée.
- Le plus drôle dans tout ça c'est qu'après son passage dans ce bureau, j'y suis entrée car elle y avait mis une quinzaine de minutes avant d'en ressortir. J'ai trouvé qu'elle avait non seulement rangé mais aussi nettoyé. J'ai vu les documents et y ai jeté un coup d'oeil pour découvrir qu'elle t'avait très bien devancé. C'était tellement drôle de voir qu'elle t'aurait à ton propre jeu. Encore, tu n'imagines même pas le coup de grâce quand j'ai humé l'odeur du café sortant de son bureau avant de la voir sorti avec une tasse bien fumante quelques minutes avant ton arrivée. Et quand je l'ai vu rentrer dans son bureau et refermer la porte tandis que l'ascenseur s'ouvrait sur toi, j'ai compris que tu avais perdu pour aujourd'hui.
J'étais tellement choqué que la seule chose qui sortit de ma bouche fut;
- C'est elle qui a fait mon café???
- De tout ce que je viens de te dire, la seule chose que tu as retenu est que c'est elle qui a fait ton café???
- J'ai très bien compris tout ce que tu as dit. C'est juste que ce café est tellement bien fait qu'on croirait qu'il a été commandé.
- Ok. Là, je sens que je vais très bien m'amuser entre vous. L'un qui essaie de pourrir la vie de l'autre, et la deuxième qui met tous les plans du premier à l'échec.
- T'es vraiment une tarée de ne penser qu'à ça.
- Ouais. Je sais. Et ça me fait aussi plaisir de savoir que tu m'adore autant.
- Qui ne pourrait pas t'adorer avec ce brin de folie?? Lui dis-je souriant car cette fille était la folle qui épicait parfois mes journées solitaires.
- Je suis contente de te l'entendre dire mais je dois aller déjeuner. J'ai une faim de loup.
- Ok. Et s'il te plaît n'oublies pas ...
- Tes croissants ou alors ta pizza.
- Merci chérie. T'es un ange.
- Je le suis toujours quand je te rends service. Et aussi... Ne cherches pas Karen. Je vais sortir déjeuner avec elle.
Après cette réplique, elle me fit un sourire triomphant, me faisant très bien comprendre qu'elle ne me laisserait pas aller au bout de mes idées. Je grogna, ce qui la fit éclater de rire. Elle adorait me mettre des bâtons dans les roues. Mais je ne pus m'empêcher de sourire car cette petite folle était adorable.
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Amants une nuit, adversaires pour la vie
Short StoryMon dieu, ça faisait tellement longtemps que je me concentrais sur le boulot, au point de ne plus avoir de vie privée. Même mes collègues avaient tous fait pour me sortir de ce mutisme et cette autonomie mais rien n'y faisait. J'étais quan...