L'ombre du désert

Chapitre 2 : La Chambre Écarlate

Nahir se retrouva donc en face d'un bâtiment tout en hauteur et aux nombreux balcons. De jolies jeunes femmes en tenue légère s'y penchaient en hélant les passants, montrant sans pudeur leurs attributs féminins. D'autres se tenaient devant l'entrée, interceptant les hommes dans la rue, ne les lâchant pas tant que ceux-ci n'avaient pas passé la porte de l'établissement. Cela dit, très peu d'entre eux semblaient montrer beaucoup de volonté à résister à cet appel.

Nahir hésita. Il n'avait jamais fréquenté ce genre d'établissement et, même s'il était là uniquement pour des raisons chastes, il n'osait pas traverser la rue. L'idée ne lui semblait plus aussi bonne à présent. Mais il avait une mission. Si Shisho avait utilisé ses dernières paroles pour la lui donner, ce devait être vraiment important.

Il soupira et s'engagea dans la rue. Les filles ne furent pas longues à le remarquer et il fut accueilli par de nombreux sifflements. Il n'en fut que plus gêné, il aurait préféré qu'elles s'en abstiennent. Avec un pareil accueil, il était sûr que tout le monde l'avait remarqué et il détestait être le centre de l'attention. Heureusement, il portait encore sa capuche relevée, empêchant les passants de voir son visage.

Une des filles lui caressa le bras alors qu'il passait devant elle et il dut faire un effort surhumain pour se retenir de ne pas sortir sa dague – ou plutôt celle de Shisho – et la lui enfoncer dans la gorge. Il prit sur lui pour continuer son chemin sans réagir. Il était tenté de rejouer le tour qu'il avait fait à Lysa, la prostituée des bas-fonds, en arrivant à Aarys, mais il y avait trop de cibles. Et trop de témoins. Cela pouvait se retourner contre lui, il valait mieux ne pas prendre de risques.

La porte était déjà ouverte mais il dut traverser un rideau de perles rouges pour entrer dans le bâtiment... Et se retrouva nez-à-nez avec la poitrine nue d'une prostituée. Nahir rougit si fort qu'il eut l'impression que tout son sang avait quitter son corps pour atteindre ses joues. Heureusement pour lui, personne ne pouvait remarquer sa nouvelle couleur quand la salle entière était tapissée de rouge. Des canapés jusqu'aux lourds rideaux, en passant par les tapis et napperons, tout était carmin. Même les lampes étaient recouvertes de verre rouge, donnant à la pièce une ambiance chaude et tamisée. Sur les murs, plusieurs peintures érotiques étaient accrochées, mettant en scène des groupes de personnages dans des positions plus qu'osées.

L'atmosphère était embrumée par la fumée des pipes à tabac que fumaient les hommes venus assouvir leurs désirs ici-bas. A voir leurs visages extatiques et leurs pupilles dilatées, il était clair que le tabac avait été remplacé par d'autres plantes aux propriétés douteuses. Nombre d'entre eux étaient allongés sur les divans entre des filles de joie qui s'assuraient qu'ils ne s'arrêtent jamais de boire. Plus leurs verres se remplissaient, plus leurs bourses se vidaient de leurs écus. Ceux qui pouvaient encore marcher, se laissaient guider dans les étages supérieurs pour passer à la prochaine étape. Les filles qui n'avaient pas encore de clients se contentait de déambuler entre les sofas en roulant des hanches et en lançant des regards lubriques aux nouveaux arrivants.

Une jeune fille d'à peine quinze ans s'avança vers Nahir. Une multitude de rubis parsemait sa peau à des endroits inappropriés, attirant le regard sur les parties de son corps les plus intéressantes. Elle chercha à se coller à lui mais il se dégagea avant qu'elle ne le touche. Il déglutit.

- Tu paies ta tournée mon mignon ? Je saurais te récompenser, dit-elle avec un sourire concupiscent.

- Je... j'aimerais parler avec votre patronne. Menez-moi à Vermel LaRue, s'il vous plaît, dit-il en essayant de garder un semblant de dignité.

- Viens te détendre avec moi avant. Je peux voir que tu en as grand besoin..., continua-t-elle en le détaillant de la tête aux pieds en souriant. Ta rencontre avec la patronne ne s'en passera que mieux, crois-moi.