Nahir marcha jusqu'à la sortie sud de la ville mais, comme il s'y attendait, deux soldats montaient la garde devant l'arcade. Armés de longues lances, ils scrutaient les rares passants qui parcouraient les rues alentour. La nouvelle qu'il y avait un assassin en liberté dans la ville s'était rependu comme une trainée de poudre parmi les habitants et, partout, on les voyait presser le pas, jetant des regards inquiets autour d'eux et baissant la tête dès qu'ils croisaient quelqu'un.
Le jeune homme longea les murailles en ruines en espérant trouver une brèche mais, hélas, le lieutenant Slyth n'était pas idiot et chacune d'elle était également gardée. Il lui fallut faire presque entièrement le tour de ville avant de trouver ce qu'il cherchait. C'était un mur encore debout mais fendu par une large fissure qui s'étendait presque jusqu'à son sommet. Les soldats avaient dû penser que celle-ci ne constituait pas un passage possible pour sortir du village.
Nahir ramassa un peu de terre sèche qu'il effrita avant d'en frictionner ses mains. Il s'assura que les semelles de ses bottes soient également recouvertes de poussière avant de se mettre à grimper. Il n'avait jamais aimé les hauteurs, pourtant Shisho insistait toujours pour qu'il apprenne à contrôler cette peur. Presque chaque jour, il lui faisait gravir des parois de plus en plus difficiles, le guidant parfois vers une prise ou l'encourageant d'en bas pour que ses jambes cessent de trembler. Il avait dû escalader les plus abruptes des falaises qui délimitait le passage de Dimrok. Franchir ce pan de mur était donc d'une facilité déconcertante pour le jeune homme qui se retrouva bientôt à mi-chemin. Cependant, la fissure devenait plus fine à cet endroit et les prises devinrent moins nombreuses. Il lui fallut étendre son corps au maximum pour atteindre la dernière. Lorsqu'il se retrouva à quelques mètres seulement du sommet, le mur, aussi lisse qu'un nouveau-né, ne présentait plus aucune aspérité sur lequel se hisser. Conscient qu'il risquait la chute, Nahir reporta son poids sur ses jambes et plia les genoux pour prendre de l'élan. Les yeux fixés sur son objectif – comme son maitre lui avait appris – il bondit aussi loin qu'il le put. Ses doigts tentèrent de s'agripper au rebord, en vain : il n'avait sauté assez haut. La pierre lui érafla la peau tandis que ses mains glissaient vers le vide, ses pieds raclant désespérément la muraille à la recherche d'une corniche pour s'y poser. S'accrochant de toutes ses forces, il réussit cependant à arrêter l'imminence de la chute au dernier moment. Pendu par le bout des doigts, Nahir poussa un soupir de soulagement. Il se félicita silencieusement d'avoir pensé à la terre mais, sentant ses bras fatiguer sous l'effort, il s'empressa de hisser le reste de son corps par-dessus le mur.
Il atterrit avec grâce de l'autre côté, s'accroupissant dans les hautes herbes pour vérifier que personne ne l'avait vu. Un éclat de lumière à ses pieds attira son attention : un médaillon à-demi dissimulé sous un buisson renvoyait les rayons du soleil. Nahir le détailla de près mais il s'agissait d'une simple pièce de métal usé qui semblait avoir vu bien des années. Sans scrupule, Nahir le glissa dans sa poche en se disant qu'il pourrait peut-être en tirer quelques pièces dans un marché quelconque. Cela fait, il se releva et parti d'un pas vif en direction du sud, soulagé d'être dehors.
Cette petite mésaventure aurait pu se terminer là et il serait reparti sans que personne ne se préoccupe plus jamais de sa personne, mais c'était sans compter sur le lieutenant Malakin Slyth. Nahir commençait à croire qu'enfin il était libéré d'Aarys et des problèmes qu'il y avait rencontré quand ces derniers le rattrapèrent.
Nahir n'avait pas eu le temps de parcourir beaucoup de chemin avant que trois cavaliers ne viennent lui barrer le chemin, faisant cercle autour de lui. Les hommes le regardèrent avec animosité tandis qu'ils pointaient leurs lances acérées sur le garçon. Sortant de la formation pour s'avancer vers lui, le jeune lieutenant blond poussa la pointe de son épée contre la poitrine de Nahir.
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L'ombre du désert
FantasyIl suffit d'une nuit pour tout perdre... Nahir voit sa vie basculer en un instant. Seul et contraint de fuir pour échapper à une menace venue d'un autre temps, il se lance sur les routes d'un pays inconnu, déterminé à accomplir la dernière requête...