Un seul chemin partait d'Aarys et s'étendait vers le sud du royaume de Kaerden. Celui-ci, à moitié recouvert, traversait une immense plaine qui semblait s'étendre à l'infini. De tous côtés, Nahir n'apercevait que de l'herbe à perte de vue, parsemée par endroits de quelques arbres solitaires. Un soleil sans nuage brillait joyeusement dans le ciel, baignant l'ensemble d'une lumière dorée.
Nahir était émerveillé. C'était la première fois qu'il sortait réellement du désert et qu'il voyait autant de verdure concentrée en un seul endroit. Il avait traversé des oasis qui lui avaient semblé gigantesques à l'époque mais qui lui apparaissaient bien dérisoires à présent, face à cette vaste campagne.
Il aurait aimé s'arrêter pour regarder chaque brin d'herbe, chaque insecte, chaque pierre qui longeait le chemin et qui représentait, pour lui, des découvertes incroyables dans ce pays inconnu. La beauté de ce nouveau monde mettait du baume à son cœur encore rongé de tristesse. Mais il n'avait pas le temps de faire de pause, sa mission importait plus que tout le reste.
Ses grandes jambes lui permirent de parcourir de nombreuses lieues au cours de cette journée et il était bien loin d'Aarys lorsque le jour commença à décliner. Il s'était tenu sur ses gardes tout ce temps, guettant le moindre bruit de sabot derrière lui qui puisse lui indiquer qu'il était poursuivi, mais la plaine était restée silencieuse de tout danger, uniquement bercée par les chants d'oiseaux et les crissements des criquets. Il ne croisa pas âme qui vive au cours de son périple et commença donc à se détendre quelque peu. Mal lui en pris car, alors qu'il laissait son esprit vagabonder dans les hautes herbes, il mit bien trop de temps à remarquer la carriole qui arrivait face à lui. Quand enfin, il l'aperçut, il était déjà trop tard : l'homme derrière les rênes agitait les bras pour lui faire signe. Trop tard pour se cacher.
Nahir fut donc contraint de continuer son chemin et d'aller à la rencontre de celui-ci, prenant bien soin de garder sa capuche en place. Il se rassura en se disant que l'homme venait de la direction opposée et qu'il n'avait donc pas entendu parler de l'assassin d'Aarys. De plus, il y avait peut-être une chance qu'il ait croisé Ahmog sur la route. L'homme arriva à la hauteur de Nahir et tira sur les rênes de son cheval avec un « ooooooh » retentissant.
- Holà voyageur ! aborda-t-il Nahir avec un sourire. Quel bon vent vous emmène dans c'coin perdu d'Kaerden ? J'pensais être le seul à passer encore par-là, v'là bien longtemps qu'j'y ai p'us croisé personne.
- Je n'ai pas pour habitude d'emprunter ce chemin, en effet, mais je suis en quête et l'on m'a indiqué cette direction.
- Et qu'est-c'est donc qu'vous cherchez ?
- Plutôt « qui » : un orc.
L'homme éclata de rire.
- Ah bah ça, sur qu'vous êtes sur l'bon ch'min !
- Vous l'avez vu ? demanda Nahir plein d'espoir.
- J'vous ai dit qu'j'ai croisé personne d'puis des jours, l'ami ! Mais si c'est un orc qu'vous cherchez, z'allez pas être déçu.
- Je ne comprends pas...
- C'est le chemin pour Ka'ruq Mol, répondit l'homme comme si Nahir était censé savoir de quoi il s'agissait. Le village des orcs rouges, ajouta-t-il devant le manque de réaction du jeune homme.
Un village entièrement remplis d'orcs ? se dit Nahir. Il y a donc de grandes chances pour que j'y retrouve cet Ahmog. Si l'orc se dirigeait dans cette direction, il était probable qu'il retourne vers les siens. Voyant que son interlocuteur ne réagissait toujours pas à ses paroles, l'homme sur la carriole repris :
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L'ombre du désert
FantasyIl suffit d'une nuit pour tout perdre... Nahir voit sa vie basculer en un instant. Seul et contraint de fuir pour échapper à une menace venue d'un autre temps, il se lance sur les routes d'un pays inconnu, déterminé à accomplir la dernière requête...