Chapitre 8

1K 98 14
                                    

S'il nous restait encore une année à Poudlard à Regulus et à moi, ce n'était pas le cas de Lily et des Maraudeurs. Dans le Poudlard Express qui nous ramenait à la réalité ne cessait de retentir de petites explosions accompagnées de gerbes d'étincelles colorées et d'éclats de rire. Visiblement, James et Sirius avaient décidé de marquer le coup. J'étais restée avec Regulus, dans le wagon le plus loin possible d'où surgissaient les cris d'allégresse. Je n'avais pas le cœur à le laisser seul. Et plus nous nous éloignions de l'école de sorcellerie, plus mon angoisse montait. Pendant deux mois, mon meilleur ami serait livré à sa famille. À sa mère, si revêche et froide, à sa cousine Bellatrix, si déséquilibrée et mauvaise. C'était différent des précédentes vacances d'été. Je craignais que le piège ne se referme sur lui.

Ce dernier était encore plus silencieux qu'à l'accoutumé, si c'était possible. Je lui jetais régulièrement des coups d'œil à la dérobée. Il avait le visage tourné vers la fenêtre, regardant défiler le paysage écossais pendant que j'essayais de me concentrer sur le grimoire que m'avait offert Lily à Noël. Depuis qu'il m'avait durement rabroué, je n'osais plus le questionner. Mais j'étais convaincue qu'il pensait à Sirius, qu'il ne reverrait probablement plus. Poudlard était le seul endroit où il pouvait encore apercevoir son frère aîné. Maintenant, celui-ci avait terminé ses études et je doutais qu'il cherche à prendre des nouvelles de son cadet. Avoir conscience de la souffrance de mon meilleur ami et ne rien pouvoir faire pour le soulager me rendait folle.


J'ouvrais la bouche pour prendre la parole, incapable de tenir plus longtemps, mais les mots qui s'en échappaient étaient loin de ceux que j'avais initialement préparé.

    – D'où il sort ce chien ?

Derrière la porte vitrée du compartiment se trouvait un grand chien noir qui agitait frénétiquement la queue en nous regardant. Regulus se désintéressait du panorama pour m'observer me lever et ouvrir au molosse.

    – Salut toi ! roucoulais-je en le grattant derrière les oreilles, me sentant soudainement une âme d'enfant.

Ce qui n'était apparemment pas pour lui déplaire. De son museau, il m'incitait à continuer, tournant de temps en temps la tête vers mon ami. Je n'avais pas pris la peine de me rasseoir, toujours accroupie et ravie de le bichonner. Après plusieurs minutes passées à le cajoler, j'entendais Regulus briser le silence.

    – Il me fait penser à mon frère.

L'animal et moi le regardions en même temps, comme si le chien avait compris ses mots, avant de réclamer de nouvelles caresses. Pour ma part, je m'étais quelque peu crispée. C'était la première fois que Regulus faisait aussi clairement allusion à son aîné. Il toisait étrangement le chien. Lentement, comme si je risquais d'effrayer une licorne, je reprenais place sur la banquette. Le molosse s'empressait de venir poser sa tête sur mes genoux. Je le flattais distraitement.

    – Quand on était petits, je voulais un chat et Sirius un chien, comme celui-là. Il a fini par en dégoter un je ne sais où. Ma mère était hystérique. On n'a jamais vraiment su ce qu'il lui était arrivé.

Tandis qu'il était plongé dans ses souvenirs, j'essayais d'imaginer Sirius et Regulus, enfants. Comment étaient-ils à cette époque ? Deux frères, loin de l'influence d'un James Potter ou d'un Rabastan Lestrange. Deux frères, sous le joug d'une mère aux allures de rapace peu commode. Sirius prenait-il son rôle d'aîné au sérieux ? Regulus l'adulait-il comme seul un cadet peut le faire ?

    – Tu devrais lui parler, Regulus.

Le son de ma voix le tirait de ses pensées. Quand il plongeait son regard gris dans le mien, je tenais bon. Il ne semblait pas vouloir se refermer. Pas tout de suite, tout du moins.

Une Lune d'or et de noir [ANCIENNE VERSION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant