👑 CHAPITRE 18 📱

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Je présume que nous avons tous nos moments de doutes et d'incertitudes. Ceux qui nous confrontent face à notre propre reflet dans le miroir et qui nous obligent à tous remettre en question. Absolument tout. Etait-ce ce que je voulais réellement ou bien le faisais-je parce qu'on s'attendait à ce que je le fasse ? Peut-être un juste milieu des deux car en quinze ans, c'est peut-être la première fois que l'on attends quelque chose de moi.

- Votre Altesse, est-ce que vous êtes prête ? Il est l'heure.

La voix du garde devant ma porte me rappelle à l'ordre tandis que je fixe une dernière mèche de cheveux. Pendant une heure entière, je me suis tenue assise devant le miroir, me regardant ou plutôt me détaillant en me demandant si j'avais fait le bon choix et si, tout compte fait, je ne m'étais pas précipité sur l'occasion pour attirer ne serait-ce qu'un brin d'attention sur moi. Je peux essayer de me convaincre par de belles paroles, mais la vérité est que je ne suis qu'une enfant m'apprêtant à faire un pas de géant dans la cour des grands et honnêtement, je trouve cela effrayant.

Aujourd'hui est le jour où chaque participant se fait attribuer une province par le couple royal. Chaque province ayant été abandonnée pendant près d'un an dans le but express de voir son futur dirigeant s'en occuper convenablement. Le tout est de démontrer que le futur dirigeant de Nettivia est quelqu'un de capable. Pas seulement un enfant né avec un biberon doré, mais quelqu'un ayant les épaules pour occuper le trône.

Jusqu'au prochain jeu. Stupide tradition.

Le palais a été décoré et vêtue des plus belles œuvres du Royaume. Des drônes-caméras sont installés ici et là dans le but de retransmettre en direct et à travers tout le royaume, la première étape du jeu. A l'heure actuelle, des millions de gens sont agglutinés devant leur écran, attendant probablement l'heure à laquelle les huit princes et princesses de la famille Boùrbon partiront. A l'heure actuelle, des millions de regards sont très certainement braqués sur moi.

J'ai le cœur au bord des lèvres, les mains moites et les jambes qui flageolent, mais je ne peux me permettre de faire demi-tour, de partir en courant ou de m'effondrer à même le sol tandis que l'on m'escorte progressivement vers la salle du trône pour l'attribution. Tout ce que je peux faire, c'est continuer à avancer, un pas devant l'autre tout en portant l'intime conviction d'être comparable à un mouton que l'on emmènerait à l'abattoir.

- Je vais prendre la relève.

Sans avoir le temps d'émettre un quelconque avis, le Duc Owen de Norlia apparaît à mes côtés dans sa plus belle tenue d'apparat. Quelque part ce costume rouge et noir fait ressortir ses yeux sombres. Il me dévisage un instant avant de sourire satisfait.

- Son Altesse est de toute beauté. Je doute qu'elle ne se fasse pas remarquer.

- Je vous remercie.

Alors que nous avancions ensemble, il marque un arrêt avant de se mettre devant moi, posant ses deux mains gantées sur mes épaules, plongeant ainsi son regard dans le mien.

- Je vous jure de tenir ma promesse. Il ne vous arrivera rien.

Lit-il dans mon esprit ou mes doutes sont-ils transcrit sur mon front ? Ai-je l'air de quelqu'un d'effrayé pour qu'il me regarde avec tant de compassion comme s'il se voulait rassurant ?

- Je sais.

Mes phrases sont courtes et ma voix est saccadée. J'ai conscience du sort qui m'est réservé et maintenant que la réalité de la chose approche, je suis effrayé que de savoir que je serais seule contre sept autres personnes.

J'ai l'habitude des humiliations publiques de Byron et des coups bas d'Ivory. Combien de fois leur cercle respectif s'en sont-ils prit à moi ? M'enfermant dans une armoire, dans un placard, me poussant dans les escaliers, me bousculant en place publique, m'insultant, renversant le contenu de leurs verres ou assiettes par soit disant mégarde...combien de fois suis-je tombée malade en mangeant un plat que je n'aurai jamais dû ? Combien de blessures ai-je subis par un coup perdu ? Je ne compte plus. A dire vrai, j'ai perdu le compte de tout ça. Parce qu'à chaque fois, je me suis remise. Mes plaies ont finit par cicatriser. D'autres ont disparues. Et tout ceci n'a été rapporté que comme étant des «enfantillages». Mais aujourd'hui, nous ne sommes plus des enfants. Aucun d'entre nous. Aujourd'hui, nous sommes considérés comme étant en âge de gouverner le royaume de Nettivia, ses colonies et toutes ses autres possessions.

The Ruler Game - T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant