👑 CHAPITRE 45 📱

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Je suis restée assise au bord du lit jusqu'aux premières lueurs du jour, regardant les machines faire leur œuvre tandis qu'Owen était allongé là, endormi. Une part de moi aime à croire qu'il ne souffre pas, qu'il ne ressent aucune douleur et qu'il ne fait que se reposer. Que serait-il advenu de lui si nous n'étions pas dans le contexte du jeu ? Si nous n'avions pas eu ce dispositif à portée de mains ? Si les premiers soins avaient tardés ? Il y a une multitude de questions qui me traversent l'esprit et dont les réponses me paraissent tout à fait effrayantes tant je réalise pourquoi nous avons eu ce genre d'équipements à disposition. S'entretuer est une chose, mais si cela se passe trop rapidement alors le public n'en tire aucune satisfaction. Personne n'aime les choses rapides, non. On veut que ça dure. On veut que ce soit long. C'est d'un pitoyable. Nous sommes là à privilégier la satisfaction personnelle du peuple plutôt que nos propres vies. Cela ne devrait pas être le cas, du moins, personne ne se rend-t-il dont compte que ce n'est pas qu'une simple émission diffusée en direct ? Qu'il s'agit là de vies humaines, de réelles douleurs et de véritables problématiques ? Sont-ils à ce point-là plongés dans la technologie au point d'en oublier ce que ça fait que de se blesser, que de se faire du mal ?

Présentement, j'ai une folle envie d'arracher tous ces câbles, de tout débrancher, mais alors je le condamnerais et ça, c'est probablement le dernier de mes souhaits. J'ai besoin de cet homme.

- Peut-être que le sommeil serait une chose à envisager, lance Valerian en entrant dans la chambre jusqu'à lors partit nettoyer les dernières festivités ayant eu lieu entre ces murs.

- Je ne suis guère d'humeur à dormir, grincé-je

- Ce n'est pas qu'une suggestion...

- A-t-on pu au moins interroger l'un de ces hommes ? Savoir qui est le commanditaire.

- Non. Tous ceux que nous attrapions se tuaient dans la foulée. C'était une mission suicide avec pour seul but de faire un maximum de dégât.

- Chose réussie.

- Magdalena...

Je ne suis pas d'humeur non plus pour les grands discours et les sermons. Là de suite, j'ai la haine. Comme une énorme boule restant coincée au milieu de la gorge que je suis incapable d'avaler. De digérer. Je sais pertinemment que ces hommes ont été envoyés par l'un de mes aînés. Je le sais et pourtant, je suis incapable de trouver le coupable. Je suis incapable de faire quoique ce soit pour éviter que cela ne se reproduise.

Ambrose avait raison à ce sujet-là, j'ai déclenché une guerre pour laquelle je ne suis pas prête. J'ai agis sur l'instant en pensant bien faire sans voir plus loin que le bout de mon nez. J'ai seulement pensé que ça irait. J'ai agi par égoïsme et arrogance, pour ne pas changer. A croire qu'il y a des leçons que je n'arrive pas à retenir mais que je connais tout de même.

- Je connais ce regard. Il n'y a pas si longtemps, quand les positions étaient inversées, il avait le même. La culpabilité ne doit pas gagner car elle n'a nullement sa place ici.

- Alors que suis-je sensée ressentir ? De la fierté ? De la joie ? Dois-je bondir d'excitation en sachant que ce genre de chose pourrait se répéter ? lancé-je furieuse devant ma propre incapacité à me contrôler

- Non. Mais c'est justement en ayant en tête que cela pourrait se reproduire qu'il faut s'y préparer, me répond-t-il alors en posant délicatement sa main sur mon épaule

- Comment ? demandé-je soudainement intriguée par son propos

Me faisant signe de le suivre, je quitte bien malgré moi le chevet du Duc, laissant le bon soin à son esprit de le sortir de ce semi-coma dès que le moment sera venu. Je ne peux pas continuer sans lui. Me l'enlever c'est comme m'arracher mon bras droit. Une partie de moi.

The Ruler Game - T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant