👑CHAPITRE 34 📱

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Afin de discuter des tenants et des aboutissants de ce plan de sauvetage, Robin le chef du village tout désigné, nous a convié le Duc et moi à rester au village et tandis que mon chaperon s'est écarté du groupe afin de prévenir Valerian alors resté au château de notre escapade, Robin venu s'asseoir à côté de moi tandis que mes yeux ne quittèrent pas le Duc, le voyant agiter les bras, froncer les sourcils, crisper la mâchoire. Je n'ai nullement besoin de savoir de quoi en retourne leur conversation pour deviner que je suis certainement au centre de cette dernière.

- Son Altesse Royale a l'air bien soucieuse, chuchote Robin. Est-ce à son propos ?

- Non...

- Vous savez, je ne suis peut-être pas un homme hautement éduqué comme vous l'avez probablement été, mais mes yeux ne me trompent que très rarement. Je vois le regard que vous avez et qui, à dire vrai, ne vous a pas quitté depuis que vous êtes revenus de votre petite discussion. Quelque chose ne va pas, n'est-ce pas ?

Je n'ai pas envie de me confier au premier venu et pourtant, une part de moi rêve de céder à la tentation. J'aimerais simplement que quelqu'un m'explique. Que quelqu'un me dise ce que je fais de mal, pourquoi je ne parviens pas à communiquer avec le Duc ? Pourquoi ce dernier se montre-t-il toujours aussi fermé à mes décisions ? Pourquoi agit-il de la sorte alors que quelques jours auparavant, je nous pensais sur la même longueur d'ondes. Nous nous étions mis d'accord pour agir de concert et pourtant la musique que nous jouons ensemble et loin d'être harmonieuse. Elle est pleine de fausses notes. D'accords ratés.

- Dites-moi, qu'est-ce qu'il faut pour communiquer avec quelqu'un ? Dans le sens, se faire comprendre par cette personne ? Parfois, nous parlons la même langue, mais...je ne sais pas...ça ne semble pas passer, soupiré-je

- Malheureusement, Votre Altesse, ce genre de situations arrivent bien plus souvent que vous ne le pensez. Ne vous êtes-vous jamais dit que dans notre belle société bien trop avancée, la technologie, les réseaux, nous avaient fait plus de mal qu'autre chose ? Non pas que je veuille aborder une position moralisatrice, mais nous sommes devenus dépendants de ces choses. De ces gadgets. Nous nous cachons derrière des artifices appelés «écrans» parce qu'il nous est ainsi plus facile d'aborder certaines choses pour lesquelles il nous faudrait alors réunir tout notre courage. Nous nous cachons derrière notre peur. Nous sommes devenus des lâches incapables de faire face à la réalité devenue soudainement bien trop effrayante à notre goût. Bien trop brutale. Mais c'est ça la réalité. C'est cette brutalité qui nous frappe au visage et qui nous mets au tapis pendant quelques instants.

Mais quand ? Quand est-ce que nous nous sommes à ce point-là perdus ? Quand n'avons-nous jamais remarqué ce glissement subtil et délicat de notre amour propre à tel point que l'on puisse à présent concevoir qu'il soit tout à fait «normal» de plus se «parler» ? Nous parlons. Nous échangeons. Messages après émojis, stickers et gifs, mais nous ne nous comprenons pas réellement. Pas vraiment.

- Mais c'est bien connu, l'être humain est fragile, continue-t-il. Si fragile que la seule chose d'ingénieux qu'il ait trouvé à construire, c'est une barrière pour son égo. C'est ce que sont les réseaux. C'est ce que ça représente à mes yeux, après je suis peut-être juste un vieux con, finit-il par rire.

- A votre âge, vous êtes loin d'être quelqu'un que l'on pourrait qualifier de «vieux».

- Peut-être à vos yeux de jeune fille, mais ici, les conditions de vie font que... Ce n'est pas pour dramatiser la situation que je vous le dit, c'est pour vous faire comprendre que si vous avez quelque chose à dire, quelque chose à «lui» dire alors dites-le lui.

- Oh croyez-moi, fis-je en m'étirant avant de me lever. Je le fais bien plus souvent que lui. Néanmoins, la communication, la vraie communication ne semble pas être son fort.

The Ruler Game - T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant