👑 CHAPITRE 50 📱

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- Quelque part, je ne peux m'empêcher d'éprouver un sentiment d'insatisfaction car j'ai conscience d'avoir échoué. Encore une fois. Il faut croire que je ne suis décidément pas faite pour cela. Dans ce cas, la question demeure : Pour quoi suis-je faite ? Je ne peux pas être une fleur que l'on mets sous cloche, mais je ne peux pas non plus être toute ma vie le pissenlit sur lequel tout le monde marche ou souffle. Je sais que quelque chose me manque, mais je n'arrive malheureusement pas à mettre le doigt dessus et rien que pour cela, je me sens lamentable. Il faut croire que mon seul talent réside dans le seul fait de savoir me reposer sur les autres...mais quel genre de talent est-ce là très exactement ?

- Quelqu'un d'aussi brave que vous...a forcément un don, souffle une voix presque éteinte

Levant les yeux, je croise ceux d'Owen timidement ouverts qui me dévisage avec un léger sourire en coin qui me gratifie d'un «Hey». Que les dieux soient loués, je commençais à désespérer. Pire, à me sentir seule. Ce genre de pensée est horrible, mais le lien que j'avais avec le Duc de Norlia est différent de celui que j'ai avec le Baron Decloff. J'éprouve énormément d'affection pour ces deux hommes, mais à un degré différent. Owen était en quelque sorte ma conscience, ma voix de la raison, tout ce que je ne voulais pas entendre ou tout ce que je ne voulais pas voir. Rien que pour cela, une part de moi le détestais. Parce que les gens, de façon générale, ont toujours été plus effrayés par la vérité sachant que cette dernière fait bien souvent mal.

- Alors ? Qu'est-ce que j'ai raté ? me demande-t-il en tentant de se redresser en prenant appuie sur la tête de lit.

- Pas grand chose...

- Magdalena, je connais ces yeux-là.

Que suis-je supposé lui dire ? Que je me suis débarrasser d'un homme aux proportions monstrueuses toute seule ? Que des gens du village sont venus se mettre à mon service ? Que j'ai appelé Ambrose ou bien Cybele ? Je ne suis pas certaine que tout ceci lui plaise. Tout comme je ne suis pas certaine qu'il ait envie de savoir que Valentin m'aide sur certains...plans disons.

- Un petit groupe du village est arrivé en renfort donc je présume que les alentours risquent d'être plus bruyants maintenant.

- Cela n'a pas l'air de vous ravir.

- Disons que j'ai récemment réfléchis et je...

- Oh parce que vous le savez faire tout compte fait ? Première nouvelle, tente-t-il de plaisanter.

J'aurais probablement pu sourire à cette remarque ou lui répondre quelque chose de tout aussi cinglant si j'avais été d'humeur à le faire, malheureusement ce n'est pas le cas. La situation dans laquelle nous nous trouvons ne me fait pas rire et j'en ai assez d'être constamment tiraillée entre cette envie omniprésente de gagner et cette peur constante de voir le chaos s'installer. J'en ai assez d'être la Princesse qui se pense invincible et la jeune fille qui passe ses nuits à pleurer ou bien à être hantée par des bribes de conversations passées. Cette dualité m'épuise.

Owen soupire, probablement en remarquant que mon visage n'est que transparence et que toutes mes émotions, tous mes doutes sont inscrits sur ce dernier.

- Vous savez, il n'y a pas si longtemps, nos positions étaient inversées. Vous vous teniez ici et moi à vos côtés portant cette même mine grave et inquiète. Mais l'inquiétude était quelque chose qui, sur l'instant, vous étiez inconnu. Nombreuses fois, je vous ai dit qu'il était plus que normal d'avoir peur. De pleurer. De douter. De se méfier. Nombreuses fois, je vous ai dit aussi que je n'en attendais pas moins de vous et que j'espérais que vous fassiez preuve de clémence envers vous-même. Peut-être que cela ne vous sera pas plaisant à entendre Magdalena, mais vous êtes une jeune femme de quinze ans. Quinze ans, c'est un âge où l'on est naïf et où l'on se croit invisible. Quinze ans, c'est aussi un âge où l'on découvre le monde. On s'aperçoit brutalement que ce dernier ne correspond en rien à nos attentes et qu'il n'est que cruauté. C'est un constat effrayant tandis que nous nous retrouvons dans une bataille sensée prouver au royaume tout entier que nous pouvons le rendre meilleur. En fait, nous sommes, nous aussi et que nous le voulions ou non, des menteurs. Vous savez que rien ne changera. Que rien ne se ferra et pourtant, vous êtes là, à côté de moi avec vos yeux larmoyants parce que vous avez réalisé en peu de temps bien des choses. Et bien que vous les ayez comprises, il y a tout le processus d'acceptation qui doit s'en suivre et c'est certainement là la partie la plus douloureuse. Accepter sa flagrante impuissance.

- Je sais que je le suis, là n'est pas mon problème. Je l'ai su avant même de commencer le jeu, c'est juste que...je pensais saisir l'occasion pour prouver à tous ces gens que je ne suis pas que ce que les rumeurs veulent bien dire de moi. Je voulais leur montrer que je suis plus que ça.

- Et vous avez réussi ! Voyez tout le chemin que vous avez parcouru en si peu de temps. N'êtes-vous pas fière ? Mais au lieu de prouver quoique ce soit au peuple de Nettivia, n'êtes-vous pas la première à qui il faut vous prouver quelque chose ? soulève-t-il alors

- Que voulez-vous dire ?

- Quelque part, vous auriez pu abandonner. Dès le début. Les événements qui se sont présentés à vous vous ont poussés dans vos derniers retranchements, vous ont obligés à faire des choix et prendre des décisions difficiles et pourtant, vous voilà. Vous êtes une battante. Vous vous tenez là au centre de l'attention, probablement en étant mortifiée et malgré les chaînes de la peur qui se sont enroulées autour de vos chevilles, vous avancez. Un pas après l'autre, vous avancez.

Attrapant mes mains dans les siennes et posant son front sur le mien, un léger rire échappe à Owen tandis que mes yeux se retrouvent soudainement happés par les siens.

- Quoi qu'il arrive, quoi qu'il puisse se passer, Magdalena Lucia Boùrbon, je resterais à jamais votre serviteur le plus dévoué. S'il me faut affronter vents et marées pour vous mener à la victoire, alors je le ferais. S'il faut que je sois à terre pour vous servir de marche vers la victoire alors je le serais. Je vous fait la promesse solennelle de n'avoir de repos que lorsque sur le haut de votre tête trônera la couronne du royaume de Nettivia.

The Ruler Game - T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant