Chapitre 4

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Superstitious Love· • ———– ٠ ⬧ ٠ ———– • ·La main devant la bouche

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Superstitious Love
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La main devant la bouche


.•*:。✩ 29 Octobre


« Je ne saurais vous dire exactement à partir de quand j'ai commencé à être superstitieux. Quand j'y réfléchis, je me dis que cela doit venir de ma plus tendre enfance. J'avais cette amie en primaire, Eun Mi, qui adorait me raconter des histoires effrayantes. Certaines l'étaient plus que d'autres, certaines aimaient se cacher dans les tréfonds de ma mémoire pour n'en ressortir que le soir à la nuit tombée.

J'ai toujours été du genre impressionnable. Un rien peut me faire trembler. Mais étrangement, je n'ai jamais eu peur des choses dites "communes". Je n'ai pas peur des clowns ni des poupées, je n'ai pas peur des araignées. Je n'ai pas peur du sang, je n'ai pas peur des monstres sous le lit.

Par contre, j'ai peur du Diable, et j'ai peur de perdre mon âme.

Cette phobie, si je peux appeler ça comme ça (je pense d'ailleurs que "profonde inquiétude" serait un terme plus exact), n'est pas apparue par l'opération du Saint-Esprit. Non, elle m'est venue de cette amie, justement, que je ne porte aujourd'hui plus dans mon cœur.

Celle-ci m'a un jour dit que si l'on ne mettait pas sa main devant la bouche pour bâiller, cela était une invitation au Diable à y pénétrer pour prendre possession de notre corps. Même chose lorsque l'on éternue ou que l'on tousse. Si cela nous arrive de le faire un peu trop fort, il y a un risque que notre âme s'échappe. Alors pour l'en empêcher, il faut simplement lui bloquer l'issue afin qu'elle reste bien à sa place.

Je me rappelle avoir été sceptique sur le moment, je ne voulais pas vraiment y croire. C'était beaucoup trop gros pour être vrai, et puis, si c'était le cas, ça se saurait depuis longtemps. Mais cette Eun Mi, qui tenait ça à la base de ses parents, m'avait affirmé avoir une fois vu un homme bâiller, la bouche si grande ouverte que l'on pouvait en apercevoir sa glotte. C'était dans le bus, m'avait-elle appris pour me resituer le contexte. Le sexagénaire avait fait preuve de tant de négligence, ne mettant pas sa main et aspirant son air avidement comme un drogué en manque, qu'il s'était mis à tousser, s'époumonant sur le siège d'à côté avant de s'effondrer au sol. Ses yeux s'étaient révulsés, son corps avait convulsé et il avait prononcé des mots indistincts, sonnant tel un dialecte étranger.

C'était le Diable qui avait réussi à entrer.

Un peu capillotracté me direz-vous. Je sais, mais rien à faire, cette histoire m'a poursuivi pendant des années et pas moyen de l'oublier. Ma camarade avait mis dans son récit tant d'implication et d'intensité que chaque jour en me réveillant, je pouvais réentendre sa voix me narrer cette horrible croyance. Si bien que, pendant des mois, je me suis forcé à bâiller et à éternuer la bouche fermée.

Ne pas laisser la porte ouverte au Diable.

Ne pas laisser sortir mon âme.

C'était ce que je me répétais inlassablement, convaincu que cela me protégerait.

Jusqu'à ce jour où, à force de bloquer ces réflexes défensifs de l'organisme, je me suis superficiellement abîmé un tympan. Départ immédiat chez le docteur, celui-ci m'a informé que cela était extrêmement dangereux et que je risquais une perforation de la membrane tympanique, et dans le pire des cas, une rupture d'anévrisme.

Le point positif à tout ça, c'est que ça a eu le don de me calmer et de me remettre sur le droit chemin.

Le point négatif, c'est qu'en plus d'être devenu superstitieux, je suis également devenu hypocondriaque.

J'ai été si terrifié par les dires du docteur que depuis cette visite médicale, je ne me suis plus jamais retenu de bâiller ou d'éternuer, et je mets simplement la main devant mes lèvres. Mais aujourd'hui, dès la moindre petite douleur aux oreilles, je vais tout de même consulter un ORL.

Cela me coûte beaucoup, mais je préfère ça à perdre mon ouïe ou mon âme. »

La voix du narrateur s'estompa et le silence s'abattit quelques instants autour de la table des deux jeunes gens. Hoseok regardait Jimin avec un grand regard abasourdi, les sourcils drôlement arqués sur son front, tandis que ses doigts se distrayaient en faisant tourner la petite touillette à l'intérieur de son mug.

« Sacré histoire que vous me racontez-là, commenta-t-il, soufflé. Mais du coup, cette amie, qu'est-elle devenue ? »

Jimin avala une gorgée de son cappuccino avant de porter ses yeux bruns au visage de son homologue.

« Oh, eh bien... Ironie du sort, il se trouve qu'elle-même n'a pas écouté ses propres mises en garde. Quelques années plus tard, un matin où elle marchait dans la rue, mains autour de son téléphone et nez rivé sur son écran, un violent éternuement s'est emparée d'elle. Son corps s'est penché vers l'avant, ses paupières se sont fermées, et il ne lui a suffit que de ces quelques secondes pour percuter le poteau qui se trouvait juste devant elle. Elle se l'est pris tête la première. Un choc terrible, la pauvre est morte sur le coup. Paix à son âme. »

La mâchoire du châtain lui en tomba. Et tandis qu'il prit une grande inspiration surprise, sa paume se porta machinalement devant sa bouche.




Mettre sa main devant la bouche lorsque l'on bâille est une chose qui se fait depuis l'époque moyenâgeuse, et ce n'est pas par politesse ! L'origine de cette usage serait avant tout religieux. Les adeptes, remarquant avec le temps l'aspect contagieux des bâillements, se seraient mit à penser que cela serait un petit tour du Diable, qui s'amuserait à entrer dans le corps du bâilleur afin de le posséder. Il était également courant de s'excuser après avoir bâillé devant quelqu'un, car cela revenait à l'exposer au danger.

Au même titre que le bâillement, l'éternuement est un risque de voir notre âme nous échapper si l'on ne la protège pas en mettant sa main devant la bouche. Le saviez-vous ? L'expression "À tes souhaits" lorsque l'on éternue proviendrait du Moyen-Âge. L'éternuement étant le premier symptôme d'une maladie, on souhaitait alors à la personne de réaliser ses dernières volontés avant de mourir. Sympa, non ?


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Pouf, p'tit update surprise ! 

À dimanche ^^

Astëlya

Superstitious Love・ ʰᵐOù les histoires vivent. Découvrez maintenant