Chapitre 15

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Cela fait plusieurs jours que je n'ai pas une minute à moi. Monter en grade, ce n'est pas si aisé, j'enchaîne entre mes propres horaires de travail et ceux des petits nouveaux que je dois dorénavant former.

Depuis une dizaine de minutes, je suis sur la route du retour afin de rentrer chez moi. Dès que je tourne sur le parking de ma résidence, mon cœur fait un bond énorme dans ma poitrine. Il ne peut pas rester à sa place celui-ci ? Je déteste quand il s'excite à ce point.

Peter est là, il est neuf heures moins le quart, et il vient à peine d'arriver. Je le vois ouvrir sa porte conducteur et descendre quand au même instant, il pose les yeux sur moi. Je détourne précipitamment les yeux de sa carrure imposante, dans l'espoir qu'il passe son chemin et fasse comme s'il ne m'avait pas vue. Je prie pour qu'il ait crue à un mirage.

C'est bizarre, habituellement il rentre sur les coups de vingt heures, au plus tard vingt heures trente. Voilà qu'en pensant être tranquille, je le croise sans le vouloir, ni même y penser.

Non mais pincez moi ! C'est quoi cette coupe sortie de nulle part ? Il s'est passé quoi pendant ses vacances pour changer sa façon d'être, et surtout son physique ? Il a pété une durite ? Le type s'est fait, avec le peu de cheveux qu'il a pu amasser sur sa tête, une sorte de chignon complètement foiré  ! Il y a eu une tempête de là où il revient ?

Quel gâchis ! Une beauté si insolemment méprisée. J'en retiendrai presque un fou rire tellement que c'est ridicule. Je ne sais pas si sa copine s'intéresse au physique de son mec, mais en tout cas elle ne l'arrange pas. Si j'avais été à la place de la fille, ni une, ni deux, je lui aurais rasé ce chignon immonde ! Ce n'est clairement pas faisable de se balader avec une tête comme ça, je serais capable de parier que sa coupe pourrait faire fuir les morts !

Bon, en jetant un œil à ma montre, je remarque que ça fait un quart d'heure que je critique sa coupe de cheveux. Que le temps passe vite dit donc, quand on est occupé. Quant à lui, il tarde à rentrer dans l'immeuble depuis toutes ces minutes, fouillant je ne sais quoi du côté passager.

Je ne sais pas si je dois me lancer, sortir de ma voiture et tracer jusqu'au hall avant qu'il ne me voit, ou bien attendre encore qu'il daigne lui-même s'en aller. Le problème, c'est qu'on est bientôt l'hiver, et il commence vraiment à geler dans cette auto, elle qui est en fin de vie et surtout en fin de chauffage...

Le bras en hauteur, le téléphone à la main, je tente en vain de dégoter un wifi dans le but de faire passer le temps. Bon Dieu, quand est-ce qu'il va se décider à aller migrer chez lui ? Il veut ma mort ou quoi ? Il veut qu'on me retrouve congeler comme un sachet de frites sortie du congélateur ? Je ne compte pas finir ma vie de cette manière, encore moins pour les beaux yeux d'un garçon qui n'en vaut absolument pas la peine.

Tous mes membres tremblent, c'est décidé je rentre chez moi ! Je suis frigorifiée, et j'arrive à un stade avancé de congélation de ma masse musculaire. Qu'est-ce que je raconte ? Je ne sais même pas si ce que je raconte est avéré ! Je crois bien que mon cerveau lui-même est en état de mort cérébrale.

Tout doucement, j'ouvre ma portière, accompagné de grimaces en tout genre sur mon visage, dans l'espoir que la porte de ma voiture ne me trahisse pas en grinçant, par exemple. Je ne prends pas la peine de fermer mon auto à clé, on verra ça plus tard, ce n'est pas le plus important, j'ai un bain brûlant qui m'attend impatiemment chez moi.

À pas feutré, j'avance lentement dans le but de ne faire aucun bruit. C'était sans compter ces abrutis de clé qui tombent exprès au sol ! Forcément, quand c'est le moment de ne pas attirer l'attention, c'est là que tous les éléments naturels ou non, se mettent à faire un boucan d'enfer !

Un sentiment de frustration et de honte me submerge quand j'aperçois ces clés qui ne sont autre que celle de la cave. Bordel ! J'aurais pu passer discretos derrière l'immeuble, à l'opposé de mon voisin, en passant par cette maudite cave ! Je n'ai même pas prit la peine de vérifier si je les avait ! Quelle cruche !

Maintenant que j'ai attiré l'attention de tout le pâté de maison, à cause de la chute de mon trousseau bien chargé, (j'exagère un peu je l'admets) je jette un coup d'œil vers le trafic de Peter. Avec le raffut que j'ai fait, c'était certain que cela attirerait son attention.

Il me toise le regard moqueur, alors que je suis accroupie dans le recoin de l'immeuble. Quel honte !

Enfin, il me fait un signe de la main, et finit par rentrer dans le hall.

Je pense que j'ai égayé sa soirée. Espérons qu'il n'en parle à personne dans l'immeuble, sinon je devrais me cacher pour le restant de mes jours.

Ou alors en faire disparaître certain, mais ça c'est un peu plus risqué.

Porte 17 - PAUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant