Charlène vient enfin de finir son service et elle ne s'est pas fait prier pour quitter son poste. Cette dernière en a ras la casquette de tous ces clients morfals prêt à tout pour deux tranches de pains.
– Qu'ils aillent au diable manger ! Cerbère les accueillera les bras tendus dans le troisième cercle de l'enfer. Bon appétit à tous, moi je m'en vais !
Troquant sa tenue de travail pour ses beaux vêtements qui lui sied mieux, elle n'attend pas son reste et est quasiment prête à accourir le plus loin possible de ce maudit fast-food. Dans l'uniforme de son boulot, elle a l'impression d'être dans un sac de pomme de terre et se sent horriblement foutue à cause de son petit mètre soixante-neuf.
Ce dernier sort du vestiaire et en profite pour prendre en photo son planning de la semaine prochaine.
– Encore des fermetures, c'est toujours pour ma pomme ! Je vais finir par claquer la porte de ce foutu restaurant.
Malheureusement au fond d'elle, Charlène sait qu'elle n'a pas trop le choix que de garder ce fichu job. Toujours en furie contre ses nouveaux horaires, la jeune femme ouvre d'un coup sec la lourde porte menant à la terrasse, grâce à son humeur ronchonne et non pas grâce à ses petit soixante kilos.
L'air de l'extérieur est sans nul doute plus respirable. Il y fait bon. Frais, mais bon. Charlène aime aussi quand il fait froid, car quand il fait chaud, même si tu as beau te déshabiller et te rafraîchir de n'importe quelle manière, tu auras toujours aussi chaud. Mais quand il fait froid, tu as juste à te couvrir un peu plus et le tour est joué. C'est tellement plus simple et plus agréable à vivre.
Plus personne ne traîne dans le restaurant à cette heure si tardive, hormis l'équipe de nuit qui a pris le relais juste pour le drive. La serveuse du soir est donc sur le point de quitter la terrasse quand une personne la hèle dans son dos. Ne se retournant pas, de peur d'être abordée un fou furieux ou un alcoolo qui à une dalle tardive, Charlène prie intérieurement pour que ce type l'oublie très vite.
– Excuse-moi !
Mais visiblement, celui-ci est bien trop polie pour un alcoolo qui a faim.
La jeune femme fait donc fi à son instinct de femme et prend la peine de se retourner afin de savoir de quoi il en retourne. Chose qu'elle regrette à la seconde où elle pose ses yeux sur lui.
Sans mot dire, elle se détourne prête à repartir, peu envieuse d'échanger avec ce dernier.
– Attend ! Je voulais te parler.
– J'ai dit qu'on ne tutoyait pas nos clients.
– Très bien, mais je ne suis plus ton client vu que tu as fini ton service.
Ne sachant pas quoi dire afin de le remettre en place, elle le fixe avec une ténacité feinte. Sa fatigue a pris le dessus, car celle-ci n'a plus aucune réplique cinglante à lui balancer en plein visage.
Elle finit donc par s'installer face à lui après un long, très long, très très long soupir de lassitude, en exagérant par la même occasion.
– Je tenais à m'excuser. Pour la planche, précise-t-il, en voyant son interlocutrice froncer des sourcils.
Mais Charlène reste là à ne rien dire. Pour quoi faire, après tout ? Elle n'a rien à ajouter, encore moins envie de s'excuser. Et puis, s'excuser de quoi au juste ?
– Pour la peine, je t'offre mon milkshake.
Il joint la parole au geste et avance le gobelet couleur chocolat juste sous son nez.
– Non, merci, rétorque sèchement Charlène, peu aimable.
– J'insiste. S'il te plaît.
– Cette glace a une heure.
– Et alors ? Elle est encore froide. Je n'ai pas craché dedans, je te rassure.
Devant son air abasourdi, il se reprend :
– Ce n'est pas ce que je voulais dire. C'était un exemple pour te mettre en confiance !
– Quoi ? Mais je n'ai pas besoin de ça !
– Prend-le. Ça me tient à cœur.
Intérieurement elle soupire plusieurs fois, mais prends sur elle. Oui, encore. Et elle accepte malgré tout son « cadeau » en buvant une gorgée.
À dire vrai, après cette soirée passée dans une chaleur quasi semblable à l'enfer, cette glace lui fait du bien et elle est même plutôt bonne.
« Je suis vraiment douée en fait. Mes glaces sont parfaites ! » s'extasie-t-elle dans ses pensées.
Le sourire aux lèvres telle une petite fille ayant enfin obtenue sa friandise, elle repose le milkshake sur la table en le dévisageant. C'est plus fort qu'elle, mais elle angoisse. Elle se sent mal à l'aise d'être assise là avec ce garçon qu'elle connaît à peine au lieu de rentrer chez elle pour s'occuper de son chien.
« Il a sûrement envie de faire pipi ! » se dit-elle, alarmée, « Non mais attendez ! Je rêve ou c'est un mirage ? »
Scrutant le gobelet sous toutes ses coutures, Charlène se rend compte qu'elle est l'arroseur arrosé, car son hôte lui a offert la glace qu'elle a eu l'indélicatesse de louper et d'essuyer à l'aide d'un torchon peu ragoûtant.
« J'aurais dû m'en douter ! C'était un cadeau empoisonné ! »
Furieuse, la jeune femme se lève brutalement, se cognant au passage les genoux contre le banc, mais cela ne l'arrête pas en si bon chemin, car elle s'empare du gobelet encore plein et renverse le contenu sur la tête.
– Garde tes excuses pour toi ! Je me doutais bien que tu allais me faire un coup de ce genre ! Imbécile !
– Mais t'es folle ou quoi ? Qu'est-ce que tu racontes encore ?
– C'est ça ! Fait le mec qui ne comprend rien.
Hors d'elle et une nouvelle fois humiliée, elle s'éloigne vers son véhicule.
« Il va me le payer très chère ! » s'écrie-t-elle mentalement.
***
Enfin rentrée chez elle, Charlène s'affale quelque instant sur son canapé avant de devoir sortir son chien qui n'attend qu'elle. Seulement, une chose la turlupine.
Se redressant en vitesse, la brunette cherche partout dans son salon, descends dans sa voiture, et fouille de fond en comble.
Mais il n'y a rien...
« Je suis vraiment une débile ! J'ai oublié mon sac à main au travail ! »
***
Le karma. La roue tourne et l'héroïne en fait les frais...
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Porte 17 - PAUSE
RomansQuand Charlène emménage dans son premier appartement, elle pense y mener une vie paisible, loin du vacarme quotidien de la grande ville. C'était sans compter le nouvel arrivant qui va malgré elle la dérouter de son train-train quotidien, faisant de...