Chapitre 16

34 7 6
                                    

Une esclandre monumentale fait rage devant l'immeuble où j'habite.

Un type fraîchement arrivé au rez-de-chaussée se prend la tête avec un autre du premier étage.

L'idiotie des mecs, je vous jure !

Bref, moi je suis en première place à admirer la scène, prise d'un fou-rire interne que je dois maîtriser au vu de la situation rocambolesque que ne cesse de dégénérer.

La police arrive quelques minutes plus tard, le jeune du pallier commence à leur sortir son venin et à changer la réelle version des faits.

Comment peut-on être aussi vicieux et méprisant ? Parce qu'il croit qu'être propriétaire lui donne tous les droits du monde ? Que neni ! Il ne connaît pas encore certaines personnes de l'immeuble, monsieur Rambo. Et surtout pas moi.

– Excusez-moi ?

Je connais le policier que j'interpelle, c'est un bon ami à moi. Je lui fais signe de la main, et il me reconnaît sitôt.

– Charlène ? Qu'est-ce que tu fais là ?

– J'habite ici, au troisième. Comment tu vas ?

– Si tu parles du boulot, comme d'habitude, se marre-t-il, de son sourire enjôleur, tu as vu ce qui s'est passé ?

– Encore mieux ! Tu veux la version courte ou quelque chose de bien meilleur à te mettre sous la dent ?

– Décidément, tu es toujours au bon endroit au bon moment.

– Très drôle ! Parfois c'est même dangereux. Surtout face à un voyou comme lui.

– Le jeune ? Alors je penche pour la version croustillante, dans ce cas.

– Il a emménagé au rez-de-chaussée il y a quelques jours, et hier il y a déjà eu un problème. J'ai tout entendu et crois moi, c'était osé.

– Comment ça ?

Pendant que je raconte les mots déplacés du nouveau Rambo et de ces deux amis présent ce jour-là, j'aperçois du coin de l'œil Peter débarquer sur le parking.

Il faut vraiment qu'il débarque au moment ou je fais ma commère en plus de ma peste ! Quel hasard, il choisit toujours bien son moment celui-ci.

– Du coup, le type du premier étage l'a traité de pervers et de bien plus, et l'a aussi menacé de mort. Mais tu sais, dire à un petite de huit ans des mots si cru c'est horrible, alors il faut comprendre ce monsieur. En plus, il a  aussi eu des paroles infâmes envers la copine de ce dernier.

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase que le jeune Rambo me tombe dessus, plus menaçant que jamais, me promettant de me ramener sa cavalerie afin de s'occuper de mon cas.

– Tu penses que tu me fais peur ? je le nargue, en rigolant.

– Oh ! Éloigne-toi d'elle, réplique une voix d'homme, de vrai homme.

Tient donc, Peter est du genre chevalier servant courant au secours de la demoiselle en détresse ? Je n'y aurais jamais cru si je ne l'avais pas vu en action.

– Hey, mec, c'est entre elle et moi. Rentre chez toi. Toi tu vas entendre parler de moi, tu vas voir !

In-extremis, mon ami policier l'éloigne de moi en lui empoignant fermement le bras.

Ce genre de racaille me fait vomir, comment peut-on être aussi irrespectueux avec les femmes. En plus des enfants.

– Ça va aller Peter, je le rassure, lui offrant un sourire au diable très niais.

– Ce type est complètement barge. Il n'assume même pas ce qu'il a dit à la petite fille.

– Laisse tomber Charlène, ce n'est plus tes affaires maintenant, rétorque-t-il, tu devrais rentrer chez toi, tu es toute tremblante.

– Ne t'en fais pas pour moi. Je tremble quand je suis hors de moi. Je ne me contrôle plus, en fait.

– Eh ben ! Tu étais dans cet état là quand tu arrosais tes plantes ?

– Ah, ah, très drôle ! Mais oui, je n'en étais pas très loin. Le sceau d'eau m'a fait redescendre...

Aurais-je commis une bourde ? Quelle idiote !

– L'arrosage s'est donc transformé en sceau ?

– Non ! Non ! Ce n'est pas ce que tu crois !

– Ah bon ? Et qu'est-ce que je crois d'après toi ? me questionne-t-il, un large sourire sur ses lèvres charnues.

Oh mon dieu, comment ne pas songer un instant à poser mes lèvres contre les siennes ? C'est comme si on mettait un os devant le nez d'un chien. C'est tellement tentant !

– Excuse-moi, tu disais ?

– Je disais...

– Peter ! hèle une voix féminine.

– Marie ! Tu rentres tôt, dis moi.

– On a fermé en avance, il n'y avait plus aucun rendez-vous, ni même de boulot à faire. Je ne vais donc pas cracher sur une heure en moins.

– Tu as raison, tu vas pouvoir m'aider à porter les courses.

– Quelle galanterie ! Je m'attendais à mieux comme accueille.

Sans se préoccuper de ma présence, ils s'en vont de leur côté, sans un mot de plus à mon encontre.

– C'est ça, à plus gros naze...

Porte 17 - PAUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant