Prise au dépourvu

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Une semaine s'est écoulée depuis que j'ai retrouvé mon amour de sac à main !
Et une semaine que j'ai officiellement fais la connaissance de Peter, mon voisin du rez-de-chaussée.

Je dois dire qu'il m'a fait un sacré effet. Mais j'essaie de me freiner dans cet élan de folie passagère. C'est vrai après tout, ce n'était en aucun cas un rancard. Je l'ai juste gentiment invité pour le gratifier d'avoir déniché mon sac si précieux.

Depuis tout ce temps donc, je ne l'ai pas croisé, ni même aperçu de loin. Ce qui est étrange d'ailleurs, à croire qu'il me fuit maintenant.

Du coup, je continue ma vie comme avant. Je vais au travail, j'écris et je m'occupe de mon chien. Une vie classique sans soubresauts ni même de passion déchaînante.

Je suis déjà une vieille avec mes chats ! Enfin non, avec mon chien. C'est déjà pas mal, à lui tout seul j'ai l'impression d'en avoir six !

Ce soir, je rentre du restaurant dans les environs de vingt heures. Je me gare et récupère mon sac dans le coffre. J'ouvre ma boite aux lettres, feuillette quelque pub sans plus d'intérêt que cela et la referme.

Avec mon passe, j'entre dans l'immeuble et commence à gravir les premières marches.

– Salut, lance quelqu'un dans mon dos.

Je me retourne comme une sauvage pour inspecter la personne qui tente de converser avec moi.

– Peter ?

– Comment ça va ? me demande-t-il en s'approchant de plus près.

– Moi ça va. Je rentre tout juste du travail.

– Oui, je sais.

– Comment ça ? répliqué-je en fronçant des yeux.

– J'ai deviné que tu rentrais de ton boulot. C'est logique en fin de journée.

– Ah ! Oui, c'est vrai. C'est logique. Toi aussi tu viens de rentrer alors.

– Euh, en effet.

Pourquoi une telle hésitation ?

La porte d'entrée s'ouvre de nouveau. Une fille que je n'ai jamais rencontré jusqu'ici se faufile dans le hall de l'immeuble, où Peter et moi nous sommes. 

– Bonjour, me lance-t-elle un demi sourire à moitié polie.

Chose inattendue, elle jette un œil à mon voisin et l'embrasse à pleine bouche.

Comment décrire mon expression faciale à ce moment très précis ? Je ne le sais pas moi même. J'imagine avoir la bouche moitié ouverte de stupeur. Ou bien d'avoir des yeux grands ouvert comme s'ils allaient sortir de leurs orbites. Ou bien peut-être que je deviens rouge pivoine. À la fois gênée par la situation, mais aussi gênée d'avoir cru une seule seconde qu'il ait été seul.

– Bonne soirée, conclut-il en me lançant un bref regard avant de rentrer chez lui, sa copine sur ses talons.

Pour seule réponse, je lui souris brièvement avant de détourner le regard, presque abasourdie par la scène qui vient de se jouer sous mes yeux.

Je suis encore plus honteuse lorsque je découvre sur sa porte qu'il y a écrit "Madame, Monsieur" avec le même nom de famille.

Mon Dieu ! Sainte Marie mère de Dieu ! C'est la cerise sur le cupcake et sur tous les gâteaux du monde ! Monsieur est marié à Madame l'inconnue.

Bonne soirée Charlène, et n'abuse pas trop de tes tablettes de chocolat !

***

Ce soir, je ne sais pas ce qui m'arrive, mais je me couche l'esprit morose.
Pourquoi un type comme lui s'est intéressé à la petite personne sans signification que je suis ? Et pourquoi moi, comme une écervelée, je suis aussi vite tombée dedans ? Pourquoi ma tête s'est fait des films ?

Les mecs... ils n'aiment pas qu'on leur dise qu'ils sont tous pareil. Mais en fin de compte, c'est le cas.

– Je me prends beaucoup trop la tête, alors qu'il ne s'est rien passé entre lui et moi. Tu fabules, Charlène. Oublie-le. Reprend tes écrits et passe à autre chose.

***

À votre avis, comment va s'arranger cette situation ? Et va-t-elle s'arranger surtout ?

Porte 17 - PAUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant