Il est l'heure. 12h30 sonne. Les murs tremblent. Nous avançons vers le réfectoire.
Dans quelques secondes, des hordes de barbares affamés prendront nos places dans le défilé. Il y aura des cris, des coups de sacs. Peut-être du sang.
Nous avançons, sacs et cartes en main. Nous avons faim. Nous abordons le couloir vide. Quelques instants plus tard, le sol est piétiné. Puis, c'est cent classes qui marchent sur nous, cherchant à piller les frites annoncées par les surveillants.
Sacs en avant, nous tenons le couloir. Je motive mes camarades, leur promets qu'ils mangeront à foison.
La clameur ennemie retentit. Les corps se heurtent, les protestations retentissent : c'est la queue qui commence.
À l'avant on crie « Poussez ! ». À l'arrière, on crie « Wallah j'ai la dalle ! ». Les sacs se cognent, les épaules se boxent, les ventres braillent. Un amas désordonné et bouillant de colère, voilà ce qu'est cette queue vers la cantine.
L'odeur de la sauce barbecue nous aguerrit. Brandissant les cartes de cantine, nous progressons. La bataille est rude, on se bouscule, on s'insulte. On suffoque.
Nous ripostons, ils ne passeront pas. Ils ne mangeront pas, ou ils iront au kebab, c'est tout ce qui les attend.
Les élèves ne sont plus élèves, ils sont terreur, hurlements. Ils sèment une belle pagaille. Dans le couloir, c'est le carnage, c'est la débâcle. C'est la Chancla.
Cela s'achève pour moi. Mon sac est lourd, l'air est étouffant, mes camarades tombent. Je hurle « Ma reine ! Ma copine ! Mon amour ! », et je disparais dans la foule affamée.
Puisqu'il en est ainsi, je mangerai mes frites aux Enfers.

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Carabistouilles, Prose et essais écrits pour le fun
SonstigesPour le fun, tout est dans le titre.