Tribulations d'un idiot sur la plage

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Je ne vais pas vous cacher que je me souviendrai toute ma vie de ce qu'il s'est passé en août 2015, sur la plage de Meschers, alors que j'étais en vacances chez ma grand mère. Ce qui m'y est arrivé est aussi dangereux que ridicule.

Tout commença alors que j'étais sur mon ordinateur, occupé à regarder des vidéos débiles sur Internet et à faire du gras dans le fauteuil de ma mamie. Mon père m'appelle alors, me tirant de ma torpeur de mollusque, pour m'annoncer que nous allions partir à la plage. Sur ce, je préparai mes affaires, content de me changer les idées.

Une heure plus tard, ma famille et moi étions sur le sable à Meschers, où il y avait un soleil radieux et un ciel d'un bleu azur magnifique. Autant dire que ça changeait de la Picardie !Mais l'eau étant assez froide et en plus de cela étrangement marron(même si c'est comme ça tout les ans), je préférais me promener dans une zone que j'affectionnais tout particulièrement : les rochers. Je partis donc avec mon sac et mes claquettes pour gravir les rochers couverts d'algues et de coquillages, dans l'espoir de découvrir une grotte comme on peut en trouver quelquefois. Sachant qu'on était à marée basse, les premiers rochers que je gravissais étaient relativement secs, ce qui fait que je ne tombait pas. Mais c'est en m'éloignant de plus en plus de la plage que les roches sur lesquelles je marchaient se voyaient couvertes d'algues humides, et potentiellement glissantes. Pris par mes ambitions d'aventuriers, je ne m'en souciais pas. Après être passé devant une petite grotte et avoir franchit aux moins dix mètres à pied, j'arrivais sur une surface rocheuse assez plate pour pouvoir m'y risquer. J'avais alors devant moi la mer, s'étendant à perte de vue, tel un paysage de carte postale. J'étais véritablement émerveillé, et je restais au moins cinq minutes à contempler ce qui semblait être l'Atlantique, et c'est non sans émotions que mon regard balayait l'horizon, à la fois mélancolique et rêveur.

Une vague alla lécher mes pieds pour me ramener à la réalité : pendant ma contemplation onirique, la marée était montée. Alors, comme emporté par la vague, je perdis l'équilibre et, en poussant un cri monstrueusement pas viril, je glissais contre la roche, couverte de coquillages coupants, ce dont je ne m'étais pas rendu compte au départ ! J'atterris sur les fesses, mais mes pieds continuèrent à se frotter contre les coquillages, et quand je repris une position assez stable, je remarquai non seulement que l'eau commençait à se tenter de rouge, mais qu'en plus j'avais le talon de mon pied gauche taillé et sanguinolent. Cependant, au lieu d'hurler comme un putois (ce que je fais normalement dans ce genre de situation), je me relevai et traînant de la patte, je repris prudemment le chemin inverse, moins en proie à la marée montante. Je réussis finalement à atteindre la plage malgré les vagues qui passaient sur mon passage, de moins en moins dangereuses au fur et à mesure que j'avançais. Il faut avouer, alors que je me dirigeai tranquillement vers le centre de secours, que j'étais assez risible face aux aoûtiens de la plage, qui me voyaient boitillant, laissant une longue traînée rouge derrière moi. Non, autant dire que je n'étais pas sexy du tout.

J'arrivai alors vers le centre de secours, où je salissais sans soucis de mon beau sang le sol du baraquement, et je fus pris en charge par des infirmiers. Ils nettoyèrent alors la plaie et appliquèrent un bandage, et je repartis vers mes parents. Une minute plus tard, nous étions à la voiture, mon père se moquant bien de moi et ma mère me faisant des remontrances, en m'énumérant tout ce qui aurait pu m'arriver de pire dans ces rochers, dont certains exemples qui me dissuadèrent fortement de recommencer. Mais j'aurais pu mourir là bas ! Seul, dévoré par les mouettes et les crabes, mon corps retrouvé en morceaux, et les gens se glissant « Ah Issou ! » à mon enterrement face à ma mort grotesque. C'est non sans angoisse que j'y repensais, pendant le trajet du retour. 

Mais cela n'eut pas de réelles conséquences sur mes vacances, qui se terminèrent tranquillement, et je n'ai jamais remis les pieds dans les rochers. Finalement, j'aurais dû ce jour là draguer comme tout le monde les filles sur la plage, en exhibant mon puissant torse de poulet. Ça aurait été inefficace, mais au moins je n'aurais pas risqué ma vie ! Et encore...




Carabistouilles, Prose et essais écrits pour le funOù les histoires vivent. Découvrez maintenant