Chapitre 43: Noé

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Samedi 5 Octobre 2019:

Noé:

Avec maman nous avons passé le reste de la matinée, après ma séance d'horto-bionomy, à chercher une solution pour mes études. Nous avons retourné le problème dans tous les sens, mais il n'y a qu'une solution, changer de fac. Je peux modifier ma filière sans aucun souci, même avec mon service de cours à domicile. Seulement si je veux en suivre certains à l'université, je n'aurais pas le choix.

Après je peux faire ma licence uniquement par correspondance mais j'aurais l'impression de reculer, que mes efforts partiraient en fumée. Je ne peux pas faire machine arrière. Il ne me reste pas d'autre option.

Résigné, je pose mes papiers sur mon bureau, d'ici demain je prendrais une décision. Pour l'heure, je dois retrouver Malo. Il m'invite à déjeuner dans un restaurant où il a travaillé. Uniquement tous les deux. Je suis aussi excité que stressé. Grâce à ma conversation avec Camille lundi, je me sens mieux que jamais. Je lui ai enfin dit ce que j'avais sur le coeur. L'expliquer à Adriel et Sam, a été un peu plus délicat. Ils ont fini par comprendre, après deux jours. Tout comme ma mère. C'est un poids que je portais depuis juillet et il commençait à devenir trop lourd. Je devais m'en débarrasser. 

Trois coups résonnent derrière ma porte. Après mon signal, maman pénètre dans ma chambre, un sourire aux lèvres. Ce que j'aime la voir comme ça, aussi heureuse.

- Qu'est-ce que tu fais ?, me demande-t-elle en s'asseyant sur mon lit, qui est aux pieds de mon bureau.

- Je réfléchissais pour mon orientation, et toi ? Tu t'ennuies ?, je devine sans mal.

- On trouvera la meilleure solution et oui, un peu. Je venais voir mon fils.

En l'entendant glousser de cette manière si enfantine, j'ai l'impression de retrouver notre complicité. Celle que nous avions avant, il y a des années. Je me rappelle, que j'avais peur qu'elle disparaisse si je lui disais mon orientation. Peut-être que j'aurais dû, parce que ça ne faisait aucune différence pour ma mère, les choses n'auraient pas été pareil. Mais comme je l'ai avoué à Camille, tout arrive pour une raison. Je ne dois rien regretter, et puis il est trop tard pour cela.

Du coin de l'oeil, je vois le bras de maman se tendre vers moi, puis ses doigts viennent effleurer mes cheveux.

- Tu es beau, me dit-elle à voix basse.

Son murmure sonne comme un secret, ou une réflexion qu'elle se fait à elle-même. Aujourd'hui, j'ai fait un effort sur mes vêtements, ils sont plus attrayants que d'habitude, moins basique. Je veux que Malo me trouve attirant et lui montrer que je souhaite avancer avec lui. D'ailleurs, depuis ma prise de conscience, de mes sentiments envers le cuisinier, je me pose une question sur maman. Je pense qu'aujourd'hui, je peux le lui demander.

- Pourquoi est-ce que tu n'as pas refait ta vie ?

À mes mots, le bras de maman retombe et elle prend une grande inspiration. Je me tourne face à elle, pour lui montrer mon intérêt. Elle ne semble pas vexée par ma curiosité. Je ne l'ai jamais vu en couple, ni même entendu me parler d'homme qu'elle fréquenterait.

- L'occasion ne s'est pas présentée et puis je n'ai pas encore rencontré l'homme idéal, me répond-elle.

- Ce n'est pas à cause de moi ?

- Non pas du tout. Après le départ de ton père, j'avais besoin de me re-centrer sur moi. 

- Ça ne te manque pas ?

- Parfois oui mais je suis bien dans ma vie, telle qu'elle est maintenant.

- Je ne veux pas que tu te gênes de rencontrer quelqu'un en pensant que je serais contre, ce n'est pas le cas.

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