Chapitre 7: Samuel

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Samedi 17 Août 2019:

Samuel:

- Arrête de me regarder comme ça, je finis par soupirer à l'intention d'Adriel.

    Tout en rangeant les courses que je viens de faire, je sens les yeux de mon ami me scruter. C'est déstabilisant. Il est arrivé dans mon immeuble au moment où je rentrais du supermarché. Mon frigo avait vraiment besoin d'être rempli et après une nuit difficile, et courte, j'avais besoin d'occuper mon esprit.

- À Leicester personne ne fait de chocolat chaud aussi bon que le tien, me dit-il.

    Je fronce les sourcils. Les compliments ne font pas parti du vocabulaire d'Adriel. Je camoufle un sourire naissant, dos à lui. Hors de question de lui faire savoir que sa remarque me fait plaisir. Alors que je sors une boite de P'tit Louis de la glacière, elle m'est violemment arrachée.

- Oh génial tu en as racheté !, s'exclame Adriel qui s'est collé à moi. Je n'en ai pas mangé depuis des semaines, ça m'a trop manqué !

- Je t'interdis d'y toucher !, je le mets en garde sinon il va tous les manger en cinq minutes.

- Aller s'il te plaît Samy, juste un, me supplie-t-il avec une voix enfantine.

    Je roule des yeux avant d'ouvrir le paquet et de lui tendre un fromage. Je le regarde retourner s'asseoir et ouvrir le plastique.

- Tu vas vraiment le manger en même temps que tu bois un chocolat ?, je lui demande abasourdi.

- Mais bien sûr ! Les mix au petit-déjeuner, c'est dans mes gênes.

    Cet homme est désespérant. Je secoue la tête avant de retourner au déballage de mes sacs. Adriel a toujours fait des mélanges alimentaires improbables. Je préfère ne pas regarder, sinon je risque d'avoir des nausées.

    Ces scènes matinales m'avaient manqué. Elles réchauffent mon coeur, après avoir été mis à rude épreuve ces dernières semaines. Elles seront bientôt complétées par l'arrivée de Camille et Noé. Comme avant, tous les quatre chez moi à manger, discuter, rigoler. À l'abri des points noirs.

    La nuit blanche que j'ai passée, m'a permis de réfléchir à ma situation. Il faut que j'en parle à Adriel. Je ne peux pas garder ça pour moi. C'est en train de me peser, tellement que j'ai l'impression de plus réussir à avancer. Peut-être que si je lui explique pourquoi j'ai gardé le silence, même une fois notre amitié commencée, il me comprendra et me pardonnera. Je dois amorcer le sujet avec lui. Maintenant n'est pas le bon moment, Cam et Noé ne vont pas tarder à arriver, du coup nous n'aurons pas le temps de l'aborder. Mon ventre se tord rien qu'à l'idée. Je retiens un soupir.

- Tu as l'air tout tendu Samy, me fait remarquer Adriel et je sens mon corps se crisper encore plus.

- Pas du tout, je nie de mauvaise foi.

    Je ferme les yeux, priant pour qu'il ne me lance pas sur le sujet « homme + sexe ». Après moult justification, il n'a toujours pas compris que je ne voulais pas de plan d'un soir, comparé à lui. Pense à autre chose Sam.

- Je peux te donner le nom de l'appli que j'utilise, me propose-t-il, ce qui fait que je claque la porte de mon frigo plus fort que prévu.

- Non, je tranche sèchement.

- D'accord, ne t'énerve pas Samy.

    J'expire bruyamment pour lui faire comprendre mon exaspération. Lorsque je vais m'asseoir avec lui, il lève les bras en signe d'innocence. Tout ce qu'il n'est pas. Je ne peux pas lui dire pourquoi je ne désire pas de relation. Enfin la deuxième raison. Je fais partie de ces gens qui ne peuvent pas se lier physiquement à une autre personne, si je n'ai aucun sentiment. Je suis peut-être vieux jeu mais je rêve de grand amour. D'un garçon qui m'aimera pour ce que je suis, qui sera capable de supporter mon passé sans me regarder autrement. Un homme qui m'aidera à avancer, à me rendre meilleur. Je suppose que tout le monde veut une relation comme ça, idyllique. Mais parfois le rêve est bien loin de la réalité.

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