La pâleur de la lampe fit frémir son dos. Le froid transperça chacunes de ses cellules, remontant de ses côtes à ses gencives en passant par ses pupilles dilatées. La chaleur lui brutalisa le coeur d'une flèche acide. Elle cru se noyer, d'une façon telle, qu'un sourire béat ne s'empêcha guère de se peindre sur son visage immaculé. Une pellicule d'extase dégringola dans ses veines, explosant dans ses artères.
Il lui était impossible de ne pas respirer par saccade.
Ses jambes tremblèrent une demi-seconde et, instantanément, elle eut l'impression de s'écrouler. Par chance ou malchance, une main rigidement crochetée le long de sa hanche droite la maintint d'aplomb.
Un souffle carnassier s'abattit contre son ventre. Rebondissant suffisamment pour balayer ce qui lui restait de neurones. Ses ongles tentèrent de s'accrocher, de s'agripper à cette peau si blanche. À cette pâleur maladive et si alléchante.
Bordel, s'entendit-elle jurer pour la première fois.
D'un œil troublé, peinant à se découvrir, Chaeyoung rechercha une once de bonté. Elle scruta sans merci le plafond de cette pièce. Y avait-il seulement moyen de se repentir ? La tempête grognant au creux de sa cage thoracique rejeta l'idée. Il était hors de question de succomber à la repentance. Plutôt mourir que de s'agenouiller.
Sa japonaise obéissait inversement.
S'agenouiller pour périr, voilà qui la transcendait, voilà qui la faisait frémir d'une tension particulière.
Agenouillée, éperdue, le visage si proche et pourtant toujours trop éloigné, Mina observait goulûment Chaeyoung. Si elle avait pu, elle aurait maintenu les paupières de sa cadette ouvertes. Elle les aurait maintenu en place simplement pour avoir la chance d'y décrypter ses tremblements.
Elle pouvait bien renier sa vie que rien ne changerait dans son comportement. Oui. Mina pouvait balancer son coeur battant et suintant d'hémoglobine, elle pouvait s'écorcher vive, elle pouvait se jeter dans un feu ardent que rien n'y changerait.
Bordel, soupira-t-elle à son tour, incapable de contrôler sa mâchoire qui s'avança d'un cran.
Ses lèvres frôlèrent si intensément le ventre de la nord-coréenne que celle-ci ne pu refréner une ode à la passion de franchir ses dents serrées. Le son fut si hypnotisant que la japonaise faiblit. Dans son crâne cristallisé, une pensée la transperça : elle pourrait renier sa patrie simplement pour entendre à nouveau cette supplice.
De chaque côtés de son visage glacé d'envie s'étendait les mains ébranlé de Chaeyoung. Des mains relâchées, abandonnées, inertes en certains points. Elle les laissaient là, vaines, comme si elle jetait les armes au sol. Il lui était impossible – impensable – de combattre. Si Mina avait eu la fine idée de s'y attarder, elle aurait perçu le tempo ému de son rythme cardiaque. Mais elle n'y jeta pas un seul coup d'oeil, obnubilée par cette chaire tentatrice.
Mina fut persécutée par la pensée de marquée cet espace découvert de ses dents. Ainsi agenouillée contre Chaeyoung, la japonaise ressemblait sans contrefaçon à un animal fort surveillant sa proie.
Une beauté imparfaite à genoux face à une beauté parfaite.
Cela ressemblait à une mauvaise sculpture, non-aboutie. Et pourtant...
Et pourtant l'harmonie que formait leur souffles affolés ne donnait guère d'autre reflet que celui de la beauté marbrée. Si profondément splendide qu'il viendrait un jour ou l'autre à détruire leur semblant de raison.
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And there was no one left
Fanfic'' Je ne l'ai jamais envisagé sous cet angle, tu sais ? - Comment ça ? - Je n'ai jamais envisagé l'idée de le hair, je n'ai jamais envisagé l'idée d'être aimée pour qui je suis. '' - & - Il suffit d'une œuvre de Picasso pour transcender un esprit...