Partie VII

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Hey ! Veuillez m'excuser pour le retard sur la publication. Je ne suis jamais satisfaite de mes chapitres et je ne peux m'empêcher de les changer, encore et encore... ce qui est très énervant. Enfin bref ! Voici la partie VII, j'espère que l'exploration des sentiments de Chaeyoung vous plaira :)

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Perdre le contrôle.

Qu'est-ce que cela pouvait bien signifier ?

En bien des points cette expression étrange se rapprochait sans contrefaçon du mot douleur.

Pour la coréenne, perdre le contrôle représentait avec une perfection tranchante ce pourquoi elle luttait quotidiennement, parfois inconsciemment, parfois trop lucidement. Perdre le contrôle c'était se laisser aller à l'inconnu. C'était s'amouracher d'une chose qu'on ne pouvait prédire et qui en de minces secondes pourrait vous détruire. C'était pénétrer dans les bas-fonds des esprits des ennemis invisibles que les pères ne s'empêchaient jamais de critiquer, camouflés maladroitement sous de beaux discours.

Perdre le contrôle c'était être prêt à affronter la vie. La vraie vie.

Pour Chaeyoung, la vie n'avait pas grand chose de passionnant.

Il s'agissait même d'un sacré fardeau. Une bonne famille, une mauvaise famille. Voilà ce qui, alors même que vous n'aviez eu l'occasion de pousser le moindre hurlement, allait déterminer votre ''destin''. La passion des premiers pleurs finirait par se peindre en monotonie et la fureur de vaincre se transformerait en lente agonie dans un métro bondé d'âmes esseulées.

Il est vrai que dit ainsi, la vie pour la nord-coréenne n'avait pas grand chose à offrir ni à guérir.

Cependant, perdre le contrôle entraînait aussi dans son sillage l'idée de rencontrer l'effroi. L'effroi si transcendant que vous compreniez la vie. Bon sang que ça parait con dit comme cela. Dépeint de cette manière, perdre le contrôle se veut inquisiteur de la perdition joyeuse. Celle même qui vous bénira d'un réel sens. Qui vous guiderait.

Mais comment le reconnaître ? Comment se permettre de le distinguer à l'intérieur de ces amas de ressenti plus stériles et mal formés les uns que les autres ? Ces questionnements bizarres jaillirent de toute part dans son pauvre crâne amoché à l'instant où la paume bouillonnante de la japonaise frôla son épiderme.

Chaeyoung se concentra du mieux qu'elle pu sur le danseur qui, dans un nouveau saut, finit par rejoindre un camarade.

La musique fusait à toute vitesse. D'abord calme, les tambours s'étaient éveillés.

Chaeyoung devait à tout prix les observer. Avidement, à plein poumon. Ne rien abandonner. Pas aussi lâche.

Sa vie n'était rien. Elle se décryptait en compagnie des autres âmes du parti. Rien de plus et surtout rien de moins. Il ne fallait jamais se laisser emporter dans la rugueuse vague des inquisiteurs. Leurs stupides tours de charme ne devaient guère fonctionner sur les êtres supérieurs que rassemblait le drapeau de la patrie.

Les pères. Voilà ce qu'était la vie. Voilà ce qu'était la douleur sourde et si appréciée de ses congénères.

Et pourtant. Cela n'avait toujours pas de véritable sens à ses yeux.

Faisant mine de s'enquérir du spectacle, Chaeyoung bougea le haut de son corps en avant. Suffisamment pour que sa main puisse discrètement se glisser pleinement sous la paume de celle de sa voisine dans un silence adouci.

Perdre le contrôle... Qu'est-ce que cela signifiait ?

Elle tenta d'y répondre à sa manière, évitant de décrypter les expressions de la japonaise, peureuse qu'elle était d'être découverte par l'inquisitrice.

And there was no one leftOù les histoires vivent. Découvrez maintenant