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Lorsque c'est à mon tour de prendre ma douche, je me noie dans mes pensées.
Je n'arrive pas à savoir s'il agit comme ça pour « imiter les humains » ou si leur population est aussi semblable à la nôtre. Je n'aurai probablement jamais de réponse, ce n'est pas le genre de choses qu'il aime me dire.

Habillés et prêts à partir, je lui ouvre la porte afin qu'il sorte le premier. On quitte mon immeuble, marchant l'un à côté de l'autre sans dire un mot. La rue est assez vide, par chez moi, ce n'est pas un quartier très fréquenté. On se dirige donc vers le centre-ville sans vraiment savoir quoi y faire.

- Le soleil n'est pas très fort, ici. J'imagine que tu n'es pas du bon côté de la planète.
Je lui jette un coup d'œil, essayant de comprendre ce qu'il dit.
- Qu'y a t-il ?

- Comment ça « du bon côté de la planète » ? La terre tourne sur elle-même, puis autour du soleil. C'est un système de saisons et actuellement, on est au printemps donc la température est assez moyenne par rapport à l'été où il fait plus chaud et l'hiver où il fait très froid.
Il lève les sourcils, visiblement étonné.
- Comment ça marche, sur ta planète ?

Il regarde de nouveau devant lui, fixant l'horizon.
- La terre ne tourne pas, le soleil est très proche de nous mais ça ne tourne pas. Il y a un côté de la planète, là où je vivais, qui est le plus proche du soleil. Les températures y atteignent... Quel est le calcul humain, déjà... 50°C ! Voilà, 50 ! Et de l'autre côté, c'est inversé. Les températures tournent autour de -50°C. Il est impossible pour un habitant du Soleil de visiter le côté Lune sans une préparation a priori. Le changement de température est bien trop brutal.

-Mais... Si la terre ne tourne pas, il n'y a jamais de nuit, ou jamais de jour ?

Il acquiesce, un léger sourire sur les lèvres.
- C'est cela. De mon côté, il n'y a jamais de nuit. J'ai vécu, avec toi, ma première nuit. Cela ne change pas grand chose, puisque nous sommes principalement chez nous. Nous travaillons de chez nous et nos repas nous sont servis chez nous. Il n'y a, dans toutes les maisons, qu'une fenêtre principale : celle qui donne sur ce que vous appelez un jardin. Il n'y a que les écoliers, les professeurs, les gardiens, par exemple, qui sortent.

J'acquiesce, grimaçant à la simple pensée de ne jamais pouvoir sortir de chez moi.

On ne parle plus pendant un moment, foulant toujours le béton en direction de la rue marchande.
Puis...

- Chan ? Euh... On peut se retourner et faire comme si de rien n'était ? Genre... Retourner en arrière ?

Il me regarde, les sourcils froncés.
- C'est une bien étrange question, Changbin. Que se passe t-il ?

Je serre les dents.
- Mon ex petit-ami arrive vers nous et j'ai pas du tout envie de le voir...Surtout qu'il est avec le gars pour lequel il m'a laissé tomber...

Je regarde Felix qui ne m'a pas encore vu, trop loin pour faire vraiment attention et trop occupé à parler avec lui. Ça fait déjà trois mois mais je n'arrive toujours pas à me rendre compte qu'il m'a quitté pour Jisung, qui était censé être un de mes amis les plus proches.
Depuis, on ne se parle plus.

-Mh... Mes instituteurs m'ont parlé de cette tendance qu'ont les humains à vouloir rendre jaloux les autres. As-tu peur qu'ils te regardent avec mépris en sachant que tu es le perdant ?

- Tu pourrais dire ça plus gentiment...

Il glousse puis attrape ma main. Je sens un frisson me parcourir le corps.
-Excuse-moi, je ne suis pas très doué avec les mots. Toujours est-il que si le problème se trouve là, alors nous pouvons nous amuser à savoir qui sera le plus jaloux ?

Je le regarde et il me fait un large sourire, mais je vois dans ses yeux cette lueur que j'ai immédiatement apprécié, hier. Une lueur joueuse.
Je m'accroche davantage à son bras, souriant légèrement.

- Bon, bah c'est parti ! Mais il ne faut pas les regarder, sinon ils vont comprendre !
Je dis en levant la tête pour croiser le regard de Chan.

Il est plus grand que moi, pas de beaucoup donc lorsqu'on marche normalement, je n'ai pas besoin de me dévisser le cou, mais étant collé contre lui, la différence se fait sentir.

-Arrête de stresser.
Il entremêle nos doigts avec douceur et je me retrouve à apprécier le contact, à caresser le dos de sa main de mon pouce, à sentir sous la pulpe de mes doigts la moindre aspérité sur sa peau pourtant si lisse et douce.
-Pourquoi est-ce que tu rougis ?

Je rougis davantage et me cache plus encore contre son bras, évitant son regard persistant.
- Je me disais juste que... J'aime bien te tenir la main...
Je glousse, gêné.

-C'est donc vrai que les humains gloussent lorsqu'ils sont amoureux...Intéressant ! Il faudra que j'en parle à mes supérieurs !

Je me recule, gardant malgré tout sa main dans la mienne, et fait semblant de lui donner un coup sur l'épaule, me mordant la lèvre de gêne.

-Arrête de parler de tes supérieurs comme ça ! C'est gênant ! Et je... Je... Je ne suis pas amoureux de toi.
La dernière partie de ma phrase est sorti comme un murmure.

Il se met à rire doucement et j'arrête mes coups.

-C'est bon, je plaisante. Je voulais te taquiner.
Je fais la moue et il glisse sa main sous mon menton, posant son pouce contre ma lèvre inférieure.

- Mais ne te mords pas trop la lèvre, tu risquerais de la blesser.

Je plonge mes yeux dans son regard, à quelques centimètres de moi. Je n'ai qu'une envie, fondre sur ses lèvres et goûter leur parfum.

-Changbin ?

Not Human °^° ChanbinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant