*Recommencer à zéro*
"When you're down, no lower to go, no further to fall, and you're on the floor..." Already down, Allie Moss
Une goutte de sueur perla de son front humide. Sa cage thoracique était comprimée, comme oppressée par un poids trop lourd, insupportable pour son corps. Sa respiration n'était plus qu'un fin râle douloureux alors que ses yeux, fixés sur le plafond étaient exorbités sur l'image qui marquait le mur de ses paupières. Son visage.
Des traits fins, comme extraits de la peinture d'un artiste grec renommé. Si fins et si gracieux et pourtant recelant une violence et une monstruosité comme elle n'en avait connu nulle part ailleurs. Et ses yeux... Ses yeux, injectés de sang, remplis d'une haine si féroce qu'elle semblait abattre ses barrières à elle seule. Jamais, elle ne pourrait oublier ces yeux.
Secouée par son angoisse et sa terreur, Kamila passa une main fatiguée sur son visage. Cette nuit encore, le sommeil qu'on lui avait accordé n'avait pas été suffisamment reposant mais elle devrait bien s'en contenter. Il lui fallait préparer ses affaires, étaler sa couche quotidienne de maquillage, avaler son lot de médicament anti-douleurs et préparer de quoi remplir son pauvre estomac atrophié par ses années de malnutrition.
D'un soupir, elle se leva et rejoignit la cuisine. Posa une main fébrile sur le plan de travail et attendit patiemment que la noirceur qui obscurcissait son champ de vision s'en aille. Elle s'était levée trop vite. Réalisant soudain qu'elle ne partirait pas si facilement, elle s'assit rapidement au sol avant de devoir rattraper les possibles répercussions d'une chute. Une fois assise, il lui fallut quelques minutes, plusieurs longue et profondes respirations mais finalement, elle parvint à éloigner la sensation de malaise et put reprendre le cours de sa matinée.
Aujourd'hui était le premier jour qu'elle passait dans ce petit quartier résidentiel et elle souhaitait passer inaperçu. Attrapant son large manteau et son sac noir avant de fermer la porte de chez elle, Kamila réalisa bien vite que sa présence dans ce coin sans autre distraction ne passerait pas inaperçue.
Habilement, elle esquiva le regard curieux et pétillant de sa voisine la plus proche et rejoignit au plus vite sa voiture garée un peu plus loin dans l'allée. Lors de son arrivée la veille, elle n'avait pas su où se garer exactement, ne sachant pas à quel numéro elle logerait, et avait donc laissée sa vieille Renault à quelques dizaines de mètres de sa porte. Une courte distance malgré tout suffisante pour lui permettre de créer un accident !
Alors qu'elle tentait de trouver dans son sac son trousseau de clé pour pénétrer au plus vite dans son habitacle de sécurité, son corps percuta avec une violence malgré tout étonnante le corps dur de l'un des habitants du quartier.
Le choc raviva d'anciennes douleurs que Kamila tenta d'étouffer avant de relever le visage vers la source de son malaise.
Un homme d'une bonne tête et demie supplémentaire la toisait d'un regard aussi surpris qu'elle l'était. Il ne semblait pas l'avoir vu non plus, ni s'être attendu à ce qu'ils se percutent si violemment. La voyant légèrement tituber en arrière, il posa ses mains sur ses épaules, prêt à la retenir. Kamila tressaillit et recula de façon plus vive qu'elle n'aurait dû. Sa gorge contractée par un peur insidieuse, elle se flagella devant la façon aussi instinctive qu'elle avait de réagir. A croire qu'elle craignait toujours quelque chose.
- Excusez-moi, ça va ? Je ne vous avais pas vu, s'expliqua la voix grave du riverain.
Au grand dam de la jeune femme, sa voix sembla se bloquer dans sa gorge et seul un petit bruit aigü en sortit. Ses yeux plongés dans les deux billes noisette de son interlocuteur, elle semblait pouvoir s'y perdre. Hapée par la présence de ce personnage bien plus grand qu'elle, Kamila ne comprit pas tout de suite que quelques curieux les fixaient sans scrupule. Quelques reflets brillants dans les pupilles de l'homme en face d'elle lui indiquait qu'il se sentait tout aussi troublé qu'elle. Elle le vit froncer les sourcils avant de reprendre un regard plus sérieux. L'atmosphère intime qui venait de se créer de façon inattendue se dissipa aussitôt. Il s'éclaircit la voix d'un raclement de gorge et releva ses deux mains en signe de paix.
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To rebuild one's world
WerewolfC'est le cœur brisé et l'âme fêlée que Kamila Jenkins fuit comme la peste la maison dans laquelle elle a vécu trois années de sa vie. Elle fuit ce lieu qui a abrité son enfer et le démon qui y régnait : son mari. Le corps profondément marqué par la...