Chapitre 16

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Allison

     A peine assise et le chauffage de ma voiture allumée, mon téléphone sonne. Mon patron.

- Oui monsieur Baker ?

- Allison... J'espère que vous n'êtes pas arrivée au café ou sur la route ?

- Non, j'allais justement partir. Que se passe-t-il ?

- Je suis désolée de vous demander ce service, sincèrement. Ce sera le dernier... Louis aurait besoin que vous alliez le chercher pour qu'il récupère son véhicule, car il n'a que ce moyen de transport.

Je rêve. Je suis nourrice.

- J'aurais aimé pouvoir y aller à votre place Allison mais malheureusement je ne suis pas au café aujourd'hui.

- Avec tout le respect que je vous dois Monsieur... Je m'arrête un instant, de peur de dire quelque chose qui pourrait me porter préjudice. Non rien. J'y vais tout de suite.

- Je sais ce que vous pensez Allison et croyez moi j'en suis navrée. Nous parlerons de votre embauche dans la semaine dès que je passerais au Baker Coffee.

- Désolée je ne voulais pas m'emporter, ni vous forcer la main à m'embaucher...

- Je vous dois bien ça Allison. Encore merci.

Puis il raccroche. Cet homme est tellement gentil. Je ne comprends pas la différence entre Louis et son père. C'est fou.
Pendant la route qui me mène chez Louis je chantonne Forever Young de Alphaville, un grand classique indémodable.
Arrivée devant l'immeuble de Louis, j'attends dans ma voiture, mais cinq minutes plus tard il n'est toujours pas là et je n'ai pas son numéro.
Récapitulons : Il est désagréable, je me déplace pour lui (pour la deuxième fois), il est lunatique, il s'en va sans explication et ne me dis plus bonjour, et je dois encore sortir de ma voiture pour aller sonner chez lui ? Ce gars me rend dingue.
Je n'ai pas le choix, je dois aller sonner.

- Ouais.

- C'est Allison, je t'attends déjà depuis dix minutes putain.

Je suis énervée. Plus que je ne devrais l'être. Ou peut-être pas assez. Assise dans ma voiture, j'attends de plus belle que Louis daigne à venir poser son cul sur le siège passager. C'est après cinq minutes que je le vois fermer la porte de l'immeuble.

- Salut ma belle.

Je le regarde et rigole. Non mais sérieux ? Il vient vraiment de me donner un surnom ? Après m'avoir ignoré toute la fin de semaine dernière ? Après m'avoir plantée à la boulangerie ? Je rêve.

- Tu plaisantes là j'espère ?

Il me regarde. Il est beau, vraiment sexy, ça on ne peut pas lui retirer. Et heureusement pour lui, vu son comportement et caractère merdique.

- Bah quoi ? Tu es belle aujourd'hui, donc ce surnom te convient. Enfin t'es belle tous les jours bien sûr c'est pas ce que je voulais dire.

Il me fait un numéro de charme ? J'explose de rire tant la situation est grotesque.

- Qu'est-ce qui te fait rire comme ça Allison ? me dit-il avec un sourire aux lèvres.

- Toi et ton comportement me font énormément rire. C'est quoi ton problème à la fin.

- Tu m'intimides c'est tout... Et... Je voulais t'inviter à sortir, boire un verre, que toi et moi.

De mieux en mieux. Je l'intimide ? Quelle connerie. Sortir ? Non mais il m'a vu avec Alex, à quoi joue-t-il ? Pour moi c'est hors de question, c'est un partenaire à la fois. Je dois d'abord gagner le coeur d'Alex.

- Je suis prise pour le moment.

Merde. C'est sorti tout seul. « Prise pour le moment » ça montre que ça ne va pas durer avec Alex.

- Enfin je ne suis pas libre quoi. J'ai quelqu'un.

J'essaie de me rattraper tant bien que mal.

- « Pour le moment » dis-tu... Je peux attendre quelques jours s'il faut.

Je ne comprends pas où il veut en venir. Je ne comprends pas son comportement. Je laisse tomber, je ne réponds pas et démarre ma voiture. Il m'indique la route m'amenant je ne sais où pour récupérer sa voiture mais je ne réponds pas, je me contente de l'amener et de me barrer loin de lui. Même si ça ne durera que quelques minutes puisqu'on travaille ensemble. Fichu boulot. Non. Pas fichu boulot. Fichu fils du patron qui est un gros connard et qui risque de me pourrir les mois à venir. Oui voilà. Fichu Louis.
Une fois arrivée devant un immeuble qui ressemble à celui de Louis, celui-ci descend, me remercie et part chercher sa voiture. Je le regarde quelques instants et le voit chevaucher une moto. Une suzuki ? Une suzuki GSX-R 1000 ? Non j'hallucine. Elle est magnifique. Merde il a du goût.
Ne montre pas que ça t'intéresse Allison. Rien ne sert de le regarder plus longtemps, le contact toujours en marche, j'appuie sur l'accélérateur est part en trombe jusqu'au café.
Il y a étrangement peu de monde sur la route, ce qui me permet de dépasser légèrement les limitations de vitesse. C'est alors que dans mon rétroviseur, je vois une moto noir arriver à fond. C'est lui. Il me dépasse et jette un coup d'œil à l'intérieur de ma voiture. Enfoiré. N'étant pas attentive à la route en le regardant j'ai automatiquement ralenti. Et j'ai bien fait puisque deux kilomètres plus loin, me revoilà en train de dépasser Louis qui s'est fait arrêter par les flics. Je rigole de bon coeur dans la voiture. Bien fait pour lui.
Une heure plus tard, Louis entre dans le café. Son casque à la main. Il a toujours son permis, c'est déjà ça. Il passe à côté de moi et je ne peux retenir le rictus qui sort de mes lèvres. Il me regarde de biais avec un sourire.

- Ça t'amuse que je me fasse arrêter poupée ?

- Non seulement c'est bien fait pour toi mais en plus tu le mérites en disant des surnoms pareils aux nanas, répondis-je tout en rigolant encore.

- Y'a que toi que j'appelle comme ça, me dit-il avec un clin d'œil. Alors pour ce verre ? Je t'ai amusé, je mérite bien ça non ?

- Non toujours pas Louis désolée, j'ai déjà quelqu'un et tu le sais.

Son sourire disparaît au moment où je prononce mes derniers mots. On dirait qu'il apprend que j'ai « quelqu'un dans ma vie ». Je ne comprends vraiment pas son comportement. D'un côté il m'insupporte et je suis contente d'avoir Alex comme alibi pour dire non à sa proposition... Mais d'un autre côté j'aurais aimé pouvoir dire oui à son verre et finir la soirée dans son lit.

Play Before LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant