C'était donc bien réel, qu'il soit encore en vie. Même si je ne l'avais pas vu de mes propres yeux. Il fallait que je passe à autre chose, que je tourne la page. Peut-être y arriverai-je en le rencontrant, en chair et en os ? Aucune idée. J'ouvre la porte de ma chambre et je n'avais à peine fait le tour de clef que ma mère me montrait déjà son visage.
- Lucie !
Elle était soulagée que j'ouvre enfin la porte, mais j'étais épuisée. Elle m'aide à me relever, et descendre dans le salon. Je m'assois dans mon fauteuil en œuf et elle m'apporte de quoi boire et grignoter. Elle ne disait rien, et mon père non plus. Est-ce un premier chagrin d'amour ? Ou pire encore, le début de la fin. J'avale du mieux que je peux les quelques biscuits que ma mère m'a donné.
Nous sommes le 27 décembre, noël est passé. Nous avons dîné à trois avec mes parents, sans évoquer JJ ou la bande. Bien que j'y pensais constamment. En rangeant ma chambre, j'avais trouvé le bandana de John au fond de mon sac à dos. Il voudra peut-être le récupérer. Mes parents m'ont offert des cours de Surf pour noël et une carte cadeau pour des vêtements. De mon côté, je leur ai offert un repas dans le restaurant du père de Pope, rien à voir avec ceux dans laquelle ils ont l'habitude d'aller, mais c'est tellement délicieux. Je me surprends à sourire en évoquant certains souvenirs. Peut-être est-il temps pour de rencontrer John ? Va-t-il venir seul ? J'espère.
Lucie : Cette nuit, 2h à la digue.
Je n'avais jamais autant stressé qu'à ce moment précis. Comment était-il en vrai ? Comme sur les photos ? Comme je l'imagine ? Son retour était gardé secret, ils doivent bien se cacher. Mon imagination reprend du service, après tout, John est vivant. Je dîne avec mes parents, la tête un peu ailleurs. Puis je monte dans ma chambre, je mets un réveil pour 1 heure du matin, comme je suis fatiguée, je vais dormir un peu avant d'y aller. Je m'étale sur mon canapé, et ne tarde pas à fermer les yeux. Le temps passera plus vite ainsi. Mon réveil sonne, je me réveille en sursaut. Mes parents dorment. Je prends un verre d'eau dans la cuisine avant de remonter dans la chambre me préparer. J'enfile ma veste, un bonnet et attrape le bandana de John, l'attache à ma bandoulière et je sors de chez moi, direction la digue. J'arrive avec un peu d'avance, et je remarque une silhouette, assise sur le sable. Il est là.
Mon cœur s'arrête de battre, je n'arrive plus à respirer. J'essaie de me calmer du mieux que je peux avant d'avancer un peu plus. J'observe les alentours, et m'approche toujours un peu plus. Il tourne la tête, il faisait nuit, mais je pouvais distinguer ses longs cheveux bouclés. Il se leva, et s'approche à son tour. Je ne savais comment réagir au fait de l'avoir devant moi. Devais-je être heureuse ? En colère ? Déçue ? Tout ça à la fois. Il était là, quelques centimètres devant moi, dans la nuit. Ma réaction n'était pas celle que j'avais prévue, dans aucun des scénarios que j'avais imaginé sous toutes les coutures depuis des jours. Je pleurais. Mes nerfs ont lâché. Il me prit dans ses bras sans rien dire, et je me tenais la tête, pleurant collé contre son torse. Je finis par me calmer et me reculer.
- Désolée je...
- C'est rien Lucie.
J'entendais sa voix, pour la première fois, pour de vrai.
- Je t'ai parlé presque tous les jours, je ne sais pas pourquoi et tu es là, tu n'es pas mort, j'avais raison.
- JJ t'a tout raconté ?
- Malheureusement oui.
On s'assoit tous les deux un peu plus loin sur un banc en bois à moitié cassé. Nous étions toujours dans le noir, pas le plus obscure, la lune nous éclaire juste assez. Je ne savais pas quoi lui dire, alors que je lui ai raconté ma vie pendant des heures durant. Il prit les devant.
- Je me doute que tu en veux à JJ, mais il n'est pas tout seul dans cette histoire, on est tous coupable de s'être servi de toi.
- Je sais.
- Il t'aime vraiment beaucoup. Ça fait une semaine qu'il porte ton sweat sur le dos.
- Je n'ai pas envie de parler de lui.
- Il faut que tu lui parles avant qu'on parte.
- Vous allez faire quoi maintenant ?
- On va passer quelques jours aux Bahamas, le temps qu'on puisse faire le transfert. Puis on va prendre quelques jours tous ensemble, pour nous retrouver. On a chacun nos projets.
- J'imagine.
- Sarah et moi allons acheter une maison, on ne sait pas encore où. Kiara veut faire le tour du monde, Pope va reprendre ses études. Et JJ a changé ses plans.
- Je suis contente pour vous.
- Si tu veux une part...
- Je t'arrête tout de suite, je ne veux rien du tout.
- Lucie tu as fait tellement pour nous, on n'aurait pas pu réussir sans toi.
- Si, tu aurais pu prendre n'importe qui d'autre.
- Non, je t'assure que non. On connait presque tout le monde ici. Malgré qu'on se soit servi de toi, tu n'as rien dit à personne, tu gardes tout pour toi.
- Je n'ai personne à qui le dire.
- Si, tes parents, le shérif, le Lieutenant...
- D'accord, je vais leur dire.
- Tu peux.
- Très drôle John.
- Je sais.
- Je vous souhaite d'être tous heureux, vous le méritez. Toi, plus que les autres.
- Je n'y serais pas arrivé tout seul.
- Tu n'en sais rien.
Un silence s'installe, pas gênant. Le bruit des vagues était agréable à entendre.
- Tu m'as entendu te parler combien de fois ici ?
- Deux fois, trois en comptant la dernière.
J'ai dû vraiment passé pour une idiote. Mais il ne se moquait pas de moi. Il était compréhensif et reconnaissant, surtout que quelqu'un y ait cru autant que moi.
- Je sais que tu l'as donné à Sarah, mais je peux le garder ?
- Oui, avec plaisir.
- Merci.
Un nouveau long silence fait place.
- Je vais devoir rentrer, j'ai dit à Sarah que je ne serais pas long et vaut mieux pas qu'on me voit.
- Oui tu as raison.
- On se retrouve au château pour le 31, tu peux te joindre à nous si tu veux, je crois que tu connais déjà le chemin.
- C'est gentil, mais c'est un peu trop pour moi, à digérer.
- Je comprends, tu peux m'envoyer un message quand tu veux.
- Merci.
- Merci à toi Lucie, vraiment, merci pour tout.
Il se leva, et j'en fis de même. Il me prit une nouvelle fois dans ses bras pour me dire au revoir, ou peut-être adieu. Puis je ne le voyais déjà plus. Je rentre chez moi, plus sereine qu'en arrivant. J'arrive dans ma chambre, me déshabille et me glisse sous les draps, je ne tarde pas à m'endormir.
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Merci pour votre lecture.
Ce chapitre a été mit à jour le 14.04.2022.
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400 MILLIONS : TOME 1
FanficSur l'île d' Outer Banks, tout le monde connaît la bande, mais personne ne connait Lucie Hamish. Et pourtant, sans elle, il n'y aurait pas de trésor.