Silver of Darkness - Tome 4: La guerre de l'anneau [Terminée]

{𝐶ℎ𝑎𝑝𝑖𝑡𝑟𝑒 40} - 𝑅𝑖𝑒𝑛 𝑛'𝑒𝑠𝑡 𝑒𝑛𝑐𝑜𝑟𝑒 𝑓𝑖𝑛𝑖

Nous nous sourîmes mutuellement, puis nous rejoignîmes notre frère.

- Alors, ça fait longtemps qu'on a pas eu de moments tous les trois, fis je.

- C'est vrai.

Je m'installai sur un rebord en pierre et ils m'imitèrent. Tous les trois, nous restâmes silencieux quelques minutes à regarder les gens autour de nous. Nous n'avions pas besoin de paroles, nous partagions les mêmes pensées d'après bataille. 

Je pensai à tous ces gens que je voudrais voir en vie à la fin de tout ça. Ma sœur, mon frère, Alcar, Legolas, Gimli, Gandalf, Merry et Pippin... Galadriel, Elrond, Arwen, ses frères et tous les elfes, Harthad, Suzanne et tous ces hommes et femmes innoncents... Frodon et Sam, sur qui reposait presque tout notre espoir à présent. Nous ne faisions que leur donner du temps en luttant contre les armées du mal.

- Vous pensez qu'ils vont s'en sortir? Frodon et Sam, demanda Ilmana, prouvant bien qu'on pensait à la même chose. 

- Bien sûr. Je n'ai guère eu le temps de bien les connaître, mais ces petits sont pleins de bravoure, de bonté et de courage, déclara Aragorn. Même s'ils devaient échouer, le destin devra les épargner et les laisser en vie.

- Et dans ce cas? Murmurai je. S'ils échouent mais qu'ils restent quand même en vie? Que ferions nous? Nous ne pourrions les renvoyer de nouveau.

- Quelqu'un d'autre s'en chargera, assura mon frère. Mais je ne les laisserais jamais repartir seuls.

- Moi non plus, affirmai je. J'enverrai n'importe qui d'autre à la place... mais qui? Nous sommes tant dans ce monde, mais si peu d'individus seraient en mesure de réussir...

- Moi, lâcha Aragorn. Je ne me proclame pas apte à sauver le monde, mais j'essayerais si nécessaire. Quoi qu'il m'en coûte.

Ce qui confirmait mes idées. Aragorn devrait devenir roi... c'était maintenant très clair pour moi. S'il y en avait un de nous pour endosser ce rôle et cette responsabilité, c'était lui. Il était déterminé à tous nous sortir de là, et mieux que ça, il en était capable. Et ça allait au delà des histoires de lignée. Mon frère était un roi, un vrai. 

- Moi aussi, dis je au bout d'un moment.

- Alors, faisons une sorte de serment, déclara Ilmana en tendant une main vers moi et l'autre vers Aragorn.

Je pris aussitôt la main de ma sœur et celle de notre frère.

- Nous ferons tout notre possible pour sauver la Terre du Milieu, continua Aragorn.

- Ensemble, ajoutai je.

- Ensemble, répétèrent les deux autres.

Je levai la tête vers le ciel. Même dans les ténèbres, quoi qu'il adviendrait de nous, ce serment serait toujours notre dernier lien avec ce monde. Je me promis alors une chose: je les sortirais de là. Nous avions tous les trois juré de sauver la Terre du Milieu. Moi, je jurais de les sauver eux.

~~~

Plus tard dans la matinée, le roi Théoden nous fit tous quérir, même Alcar. Nous nous rendîmes tous aux portes du palais. Apparement, nous partions pour l'Isengard. Il paraissait y avoir du grabuge...

Théoden, Legolas, Gimli, Gamelin et Eomer étaient déjà montés sur leurs chevaux. Aragorn arriva et monta sur le sien, tandis que je sautais sur le dos d'Alcar.

- Viens, fis je à ma sœur. Montes avec nous.

Elle eut l'air surpris. D'habitude, c'était elle qui me demandait quand elle voulait venir avec moi sur le dragon; je ne lui demandais rien. Mais là, plus que jamais, même si je ne l'admettrais pour rien au monde, j'avais besoin de nous sentir tous unis. Moi et ma famille, moi et mes amis.

Peu après, Gandalf arriva sur Gripoil, et nous nous mîmes en route sans un mot vers les collines en face de la vallée. Alcar atterrit près des chevaux une fois arrivés en haut. Loin devant, à des jours en vol de dragon, se situait le Mordor. Rien que la pensée de ce nom maudit me fit frissonner.

Hormis les Uruks et les Orques, cela faisait longtemps que je n'avais pas été proche des ténèbres. L'anneau était loin, les autres sbires de Sauron également... mais en face de moi, la maintenant, il y  avait l'endroit de mes pires cauchemars.

- Le courroux de Sauron sera terrible, et son châtiment, immédiat, déclara Gandalf.

Nous restâmes un instant à regarder au loin. Une lueur rouge éclairait le ciel sombre à l'horizon, zébré par des éclairs.

- La bataille du gouffre de Helm est terminée. Celle pour la Terre du Milieu ne fait que commencer.

Le magicien échangea un regard avec Aragorn, puis avec moi et ma sœur. Je reportai mon attention sur la région en face de nous. Et je me forçai à la regarder.

- Tous nos espoirs son désormais liés à nos jeunes hobbits. Quelque part dans les régions désertes.

Je souris. Ça n'était pas un sourire de joie, c'était un sourire froid, sans émotion. Ou presque. Je ne ressentais ni tristesse, ni désespoir, ni de soulagement par rapport à la victoire. Je n'étais emplie que d'une colère pure, une détermination sans faille.  

Je souriais parce que je savais que maintenant, rien ne m'arrêterait. La seule peur qui m'habitait était celle de perdre des êtres chers. Et je ferais tout pour que ça n'arrive pas, bien sûr. Je souriais parce que je savais que je parviendrais à mes fins. La vengeance. Tel était mon objectif.

Mon sourire disparut et je tournai la tête. Je croisai le regard de Legolas. Il eut comme un mouvement de recul et il fronça les sourcils. Je compris alors qu'il devait lire toutes les émotions dans mes yeux, qui avaient très certainement changé de couleur. Et je lui souris. Parce que rien n'était encore fini.