Chapitre 1 :

470 12 2
                                    

L'université est un moment décisif, essentiel à la construction de la personnalité de chacun. Toute mon enfance à l'orphelinat, on m'avait préparé en vue des études supérieures. Les sœurs voyaient en moi un fort potentiel en littérature et m'avaient offert une bonne éducation. Les études supérieures étaient pour moi un but, un aboutissement pour chacun de mes efforts. C'était devenue une obsession. Chaque livres lus et devoirs rendus étaient en vue de l'université. A mes 16 ans, Monsieur Irving m'avait pris sous son aile afin de veiller sur ses enfants. C'était grâce à cet homme que j'avais pu obtenir assez d'argent pour louer mon propre appartement et pouvoir me payer l'université de mes rêves : l'Université de Chicago. Encore aujourd'hui, je continue de m'occuper de Martin et Laure, et leur offre l'aide aux devoirs qu'ils méritent. J'avais réussi à atteindre mon objectif, vivre entourée de littérature. Mes deux premières années avaient été rythmées par les cours à la faculté, mes révisions au café Roseberry ainsi qu'à mon travail chez la famille Irving. J'avais réussie à terminer première de promotion ce qui avait été une grande fierté, pour moi comme pour les sœurs qui m'avaient éduqué. Rien n'était venu perturber ma vie d'étudiante et mon assiduité en cours, pas même les nombreuses fêtes organisées par notre bureau des élèves. Je n'ai jamais été une grande adepte de ces soirées, non pas parce que je n'apprécie pas m'amuser mais bien parce que mes études passent avant tout. Je me suis beaucoup entêtée à les obtenir, que je ne vais pas tout délayer seulement pour quelques soirées.

La sonnerie de l'université va sonner dans quelques minutes. Je prends méticuleusement le temps d'écrire ce que nous dit notre professeur de littérature anglaise sur la pièce de théâtre que nous étudions en ce moment : Roméo et Juliette. Je pense qu'il s'agit de ma pièce préférée, car je ne saurais dire le nombre de fois où je me suis retrouvée à veiller le soir dans mon lit pour dévorer ses pages. Je place le point final de mon cours sur la feuille de mon cahier avant d'observer son organisation. Je ne suis pas peu fière. La coordination de mon cours est primordiale pour me permettre de correctement étudier. Certains préfèrent condenser leurs mots en paragraphes mais moi, j'organise.

- Esther...

Ma meilleure amie, Axelle, m'appelle du bout de la rangée où nous nous étions assises dans l'amphithéâtre. La sonnerie avait déjà retenti et je ne l'ai même pas entendue. Effectivement, je suis encore la seule assise devant mes cahiers alors que certains ont déjà déserté les lieux.

- Esther !

- J'arrive.

Devant le peu de patience que possède encore mon amie, je me dresse sur mes jambes laissant une de mes mèches rebelles se placer devant mes yeux pendant que je range mes cahiers dans mon sac. En me voyant arriver près d'elle, elle pousse un soupir de soulagement. Je n'ai pas le temps de dire quoi que ce soit, que la voilà déjà en bas de l'amphithéâtre prête à prendre la porte. Je me dépêche de sortir en manquant de donner un coup par inadvertance à notre professeur.

- Enfin !

- N'exagères pas, ce cours était passionnant, j'explique à Axelle en positionnant mon sac correctement sur mon dos.

Pour la majorité des étudiants les cours sont terminés pour aujourd'hui. L'université se transforme alors en une immense fourmilière foisonnante de tous les côtés. Certains se bousculent vers la sortie pour être les premiers à prendre leur pause cigarette devant l'établissement. Axelle comme moi n'avons jamais touché à cela, nous trouvons ça inutile plus qu'autre chose.

- Tu peux me passer tes cours de la semaine dernière en latin ?

- Tu devrais sérieusement penser à suivre les cours, Axelle, les partiels vont rapidement arriver.

Unchained MelodyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant