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Comment savoir quand la vérité n'est pas seulement un mensonge dissimulé ?
- R.B.

*

    Mon problème, c'est que j'ai toujours fait confiance trop rapidement. Que ce soit avec ma meilleure amie de primaire, mon beau-père ou Thomas. Ils ont tous fini par me trahir et malgré toutes les belles promesses que je me suis faite, afin de ne plus jamais ressentir cette douleur qui semblait me déchirer l'âme, je reproduis les mêmes erreurs encore et encore.

    Comme monter dans la voiture d'un parfait inconnu. Si j'étais plutôt sereine jusqu'à maintenant, depuis que son pick-up gris métallisé a emprunté une route de campagne et que nous ne cessons de nous enfoncer dans une forêt obscure, mes paumes sont moites. J'essaie de distinguer quelque chose à l'extérieur, mais les arbres font barrière et c'est à peine si je parviens à distinguer une étoile ça et là du ciel. Tu vois ? Il fallait m'écouter.

    — Elle se passe où ta fête ? interrogé-je Ranger en tournant la tête vers lui.

    L'éclairage bleu et rouge du tableau de bord lui donne une mine patibulaire. Je vais regarder ailleurs finalement.

    — Je trouve ça assez marrant que ce soit maintenant que tu commences à t'inquiéter. Genre, tu t'es pas posée de questions avant ? Quel instinct de survie.

    — Tu ignores toutes mes questions ! lui reproché-je, les poings serrés.

    — Et t'as toujours pas essayé de t'échapper, je sais pas si c'est courageux ou stupide.

    Ce type est tellement fatiguant. Je doute qu'il ait réellement trente-trois ans, ce n'est pas possible d'être aussi...lui.

    — Si t'as prévu de m'offrir en sacrifice, tu peux faire marche-arrière. Je suis pas assez pure pour les dieux du tatouage, blagué-je afin de ne pas plus stresser.

    Admettons que je sois réellement en danger, si je cède à la panique, c'en est fini de moi. Il faut que je reste calme. Je plante mes ongles dans mes paumes lorsque des souvenirs de la soirée sur le pont me reviennent en mémoire. Rester calme ? Plus facile à dire qu'à faire.

    — Tu peux me répondre, s'il te plaît ? le supplié-je, la voix tremblante. Ça ne m'amuse pas vraiment et si tu veux vraiment mon aide, je vois pas ce que tu gagnes à essayer de me faire flipper comme ça.

    J'attends une intervention de sa part, mais comme rien ne vient, je me recroqueville sur la siège en veillant à ne pas mettre mes semelles sur son siège. Je ne voudrais pas finir dans le lac. Il va peut-être t'arriver bien pire que ça. Ça n'aide pas. Ça t'apprendra à être aussi insouciante. Je sers les dents. Non, je ne suis pas d'accord. Qu'importe notre degré de raison, on ne mérite ni de se faire abandonner pour quelques grammes ni de se faire dépecer entre deux vieux sapins à l'écorce froide.

    — Une partie de la zone appartient à Darby, sa maison est à quelques kilomètres de la frontière de Rock River, m'explique finalement Ranger. C'est le seul chemin pour y accéder, j'ai pas prévu de m'en prendre à toi. Je vois pas pourquoi je t'aurais prêté mes affaires. C'est trop chiant de faire partir le sang des fringues.

    — Comment tu sais ça ?

    Tu es sûre de vouloir connaître la réponse ? Non, mais je pose quand même la question.

    — Une fois, je me suis coupé le petit doigt et j'en ai mis partout. J'ai dû jeter ma chemise.

    Je l'imagine d'abord dans une chemise dont la blancheur contrasterait avec l'encre noir des dessins qui ornent sa peau bronzée avec deux boutons ouverts et les manches retroussées. Quelle délicieuse image. Un peu trop délicieuse si j'en crois mon besoin de serrer les cuisses. Puis je me rappelle de l'état qu'il affichait dans les escaliers lorsque je suis rentrée de mon shopping. Petit doigt coupé, mon cul. En sachant qu'il s'est très certainement battu, pourquoi suis-je aussi attirée par lui ? Je pensais que ce serait facile de repartir de zéro, mais j'oublie souvent que les habitudes ont la dent dure.

Ranger Blade : Le mec de la porte à côté [SOUS CONTRAT D'ÉDITION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant