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L I G H T  O F F

Jour 16

17:13

Journal de bord de Shoto Todoroki:

Ça fait six jours. Six jours que l'astronaute Uraraka a quitté le vaisseau, six jours sans qu'aucun mort ne soit à déplorer. Il n'y a pas eu de nouveau sabotage. Le calme semble avoir été rétabli au sein du vaisseau. Bien que nos emplois du temps soient surchargés depuis la disparition de nos quatre collègues, nous ne nous plaignons pas. Tout le monde pense que nous avons fait le bon choix en éjectant Uraraka, alors les autres ont tendance à se relâcher.

Mais je ne suis pas de leur avis. Au contraire, je préfère accentuer ma vigilence. Si Uraraka était effectivement un imposteur, il ne faut pas oublier l'hypothèse qu'un second traître se cache parmi nous. Nous avons relâché notre attention, alors il est probable qu'il passe très prochainement à l'action.

Cependant, ce qui m'inquiète le plus, c'est que tout le monde semble convaincu d'avoir fait le bon choix. Vu qu'il n'y a plus de mort, il n'y a plus de meurtrier, logique non ? Je n'en suis pas si sûr.

L'anglaise n'avait pas l'attitude d'une tueuse. Elle était condamnée, elle le savait, mais elle n'a jamais avoué son acte ou sous-entendu qu'elle était effectivement la traître. Était-ce une stratégie pour laisser planer le doute ? Ou n'avait-elle réellement rien à voir dans cette affaire ? Je n'arrête pas d'y penser. Je passe mes nuits à chercher des indices, à mettre les meurtres e parallèle les uns avec les autres. Il y a quelque chose qui ne tient pas debout, et je ne n'arrive pas à savoir quoi.

Mais je sais que quand je mettrais le doigt dessus, je mettrais également la main sur l'identité du meurtrier, et il ne pourra pas m'échapper.

17:36

Journal de bord de Katsuki Bakugou:

Tout se passe à merveille. Ces cons continuent de me suspecter, mais ils sont rassurés de s'être débarrassés d'au moins un imposteur. Tant mieux. Si ça peut les calmer et qu'ils me fassent un peu moins chier avec leurs questions incessantes, je ne dis pas non. Après avoir fouillé le vaisseau avec Kirishima, les déchets qui me servent d'équipage avaient insisté pour venir fouiner dans ma cabine et dans la salle de navigation. Pour être sûr que je ne cache rien, qu'ils disaient. Ne me faites pas rire. Je sais que vous me prenez tous pour un fou.

Est-ce que je le suis ? Aucune idée. Peut-être bien, après tout. Je sais que j'ai des problèmes, que je ne parviens pas à gérer ma colère par exemple. Je sais que je peux péter des câbles, parfois. Que je suis capable de casser la gueule à quelqu'un juste pour un regard de travers. Je sais que dans ces cas-là, je serais capable de tuer la personne à coup de poing si personne ne venait m'en empêcher.

J'aurais peut-être pas dû écrire ça. J'ai bu. Un peu. Mais je suis pas bourré. J'ai été chipper la bouteille de tequila de l'autre bouffonne le soir où on l'a éliminé du vaisseau. J'ai bien pris soin de m'enfermer à clé. Me surprendre entrain de boire pourrait me coûter mon poste.

18:06

Shoto Todoroki se dirigea vers la sécurité. Il lui restait encore beaucoup de tâches à effectuer, il était loin d'avoir terminé sa journée. Mais quelque chose le poussait à aller là-bas. Une intuition. Un mauvais pressentiment. Vous savez, c'est ce genre de pulsion qui nous pousse parfois à faire quelque chose d'insensé à un moment où à un autre de notre vie. Monter dans un train alors que ce n'était pas prévu, et vous laisser guider vers une destination inconnue. Vous ne savez pas pourquoi vous avez fait ça, mais au fond de vous, vous savez que vous deviez le faire. Pourquoi ? C'est un mystère, la réponse est floue et absurde. Vous deviez le faire, c'est tout.

C'est cette même pulsion qui poussait le japonais à se rendre dans sécurité. Il prenait le train en marche et se laissait guider vers un indice, une solution, l'identité du tueur. Il resta longtemps devant les caméras. Muni d'un petit carnet, il notait minutieusement les allers et venues de chacun.

18h21: Asui descend le couloir pour aller aux boucliers.
18h42: Asui revient dans l'O2.
18h58: Bakugou quitte la navigation.
19h15: Midoriya se rend à la cafétéria. Va probablement dîner.
19h32: Shigaraki quitte l'infirmerie.
19h36: Midoriya repasse par le chemin de l'administration.
19h55: Shigaraki regagne l'infirmerie.

Il écrivait avec vigueur, il ne quittait pas les écrans des yeux plus de quelques secondes, le temps de noter ses observations. Il était convaincu que ce carnet allait servir à quelque chose. À quoi, il ne savait pas. Mais il savait qu'il ne gaspillait pas son temps, que ces quelques lignes lui seraient utiles. Et peut-être même plus vite que prévu.

Il quitta la sécurité vers vingt heures, son ventre lui rappelant qu'il n'avait pas mangé depuis midi et qu'il commençait à avoir faim. Mais avant, il décida de faire un petit détour vers l'infirmerie. Il devait de toute façon s'y rendre à un moment où à un autre dans la semaine pour une série d'examen. Il n'avait vu personne d'autre rentrer dans la salle, le médecin devait donc être libre pour le recevoir.

— Monsieur Shigaraki ?

Personne. Todoroki fronça les sourcils et ressortit le carnet de sa poche pour vérifier ses notes. Shigaraki n'avait pourtant pas quitté l'infirmerie... À moins qu'il ne soit parti pile en même temps que lui ? Impossible, ils se seraient croisés...

Il sursauta en entendant un bruit sourd retentir dans le vaisseau. Ce bruit lui était familier, ce n'était pas la première fois qu'il l'entendait. Et comme pour répondre à ses pensées, les lumières s'éteignirent. Un long frisson dévala sa colonne vertébrale. Un nouveau meurtre allait avoir lieu, il en était convaincu.

Il se précipita vers l'ancienne salle de Denki Kaminari. Il devait rétablir la lumière, coûte que coûte. Il couru hors d'haleine, sa lampe torche devant lui. Il sortit de l'infirmerie en trombe, traversant la cafétéria et l'entrepôt avant d'atteindre les plombs qui avaient encore une fois sautés. Il s'empressa de les rallumer, et la lumière fut.

Il soupira un grand coup, espérant ainsi avoir coupé l'herbe sous le pied du tueur et qu'il n'ait ainsi pas eu le temps de commettre son acte. Mais à l'autre bout du vaisseau, quelqu'un venait de tirer une balle dans la tête de Tsuyu Asui.

L'imposteurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant