5° Sabotage

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S A B O T A G E

Jour 10

09:12

Journal de bord d'Izuku Midoriya:

Je n'en peux plus, je vais finir par craquer. Le commandant Bakugou me surveille jour et nuit, je n'ai pas un seul instant de répit. Il me suit à la trace, où que j'aille. Impossible d'accomplir ma mission dans ces conditions. Ça frôle le harcèlement.

Si c'était fait discrètement, je pense que je ne me plaindrai pas. Après tout, il y a un meurtrier à bord, c'est normal d'avoir des soupçons sur tout le monde. Mais il ne fait rien pour camoufler sa présence. Il s'assied à la même table que moi pour déjeuner et dîner, et a demandé à tout le monde de me surveiller. Il a dit que je représentais le plus grand danger pour l'équipage.

C'est assez oppressant de sentir tous ces regards de mépris où que j'aille. Surtout en sachant que je n'ai pas tué l'ingénieur Iida. Je n'y suis pour rien. Je n'ai pas quitté les communications, ce jour-là. Mais j'ai eu beau essayer de l'expliquer, Bakugou me coupait sans arrêt la parole pour m'insulter. Je me demande qui il a dû soudoyer pour accéder à la tête du vaisseau.

Parce qu'il a beau vouloir me faire porter le chapeau, j'ai bien remarqué que celui sur qui pèse le plus de soupçons, c'est lui. Ce n'est pas que moi, j'ai observé les autres, et ils sont tous aussi tendus que moi lorsque Bakugou apparaît dans notre champ de vision. Nous devenons nerveux, anxieux, et ce dès qu'ils est dans les parages.

Le danger ici, ce n'est pas moi, mais sa propre folie.

09:36

Journal de bord d'Ochaco Uraraka:

Je finis de connecter les câbles électriques ensemble et enclenche les boucliers du vaisseau. Tout me semble opérationnel, rien à signaler pour le moment.

Ah, j'ai une mission de dernière minute: je dois me rendre dans la salle spécialisée pour l'électronique afin de finaliser ma tâche. Je n'ai pas envie de me rendre là-bas, mais il le faut. J'ignore pourquoi j'ai la boule au ventre. Pourtant, je vais juste croiser Kaminari, et je ne resterai pas plus de quelques minutes, le temps d'y faire ce que j'ai à faire...

Je me rassure en me disant que c'est sûrement normal d'être aussi stressée quand on a une aussi grosse responsabilité sur les épaules. Je représente mon pays, j'ai été sélectionnée et pas un autre. Je dois faire honneur à ceux qui m'ont embauché pour effectuer cette mission. Je n'ai pas le choix, de toute façon.

09:58

Un bruit sourd retentit dans le vaisseau. Todoroki releva la tête de ses dossiers, Midoriya sortit des communications pour vérifier ce qui se passait, Kyoka Kaminari fronça les sourcils devant ses écrans, plus attentive que jamais. Et d'un coup, la lumière s'éteignit, le noir s'empara du navire spatial. Impossible de rallumer l'éclairage. Bakugou avait beau s'énerver sur les interrupteurs, ça ny changeait rien.

— Pikachu qu'est-ce que t'as branlé ?! rugit-il depuis la salle de navigation.

Évidemment, Denki Kaminari ne répondit pas. Il était trop loin pour l'entendre. Et de toute façon, il n'était plus capable d'émettre le moindre son, il était déjà trop tard.

Le docteur Shigaraki, après avoir effectué sa tâche, s'époussetta les vêtements et s'allongea sur l'un des lits pour les patients, attendant que la lumière revienne. La cosmonaute canadienne, qui était à la cafétéria pour casser la croûte, décida d'aller apporter son aide à Kaminari pour réparer les plombs. Elle lâcha sa barre énergétique pour le rejoindre. Kirishima, altruiste, décida de faire de même et se joignit à elle en passant par l'entrepôt.

Ils longèrent les murs, ayant du mal à voir plus loin que le bout de leur nez.

— Kaminari ? l'appella Asui en pénétrant dans la salle.

Aucune réponse. Étrangement, cela ne l'inquièta pas plus que ça. Un meurtrier était pourtant à bord, et cette partie du vaisseau était attribuée à l'astronaute italien Denki Kaminari, alors où était-il ? La canadienne ne se posa pas de question, elle était trop concentrée sur les plombs. Tandis que Kirishima tenait sa lampe torche allumée au dessus d'elle pour l'aider à y voir plus clair, Asui enclencha tant bien que mal les plombs qui avaient été abaissés sans raison.

Elle soupira de soulagement lorsque la lumière du vaisseau revint peu à peu. Kirishima éteignit alors sa lampe torche, également rassuré. Mais alors que tout danger semblait écarté, la peur les prit soudainement aux tripes. Un sentiment de malaise les envahit, sans qu'il ne puisse en expliquer la cause. Ils frissonnèrent, il ne faisait pourtant pas si froid. Mais c'est en apercevant un pied, caché derrière les machines, que les deux cosmonautes comprirent pourquoi ils étaient autant effrayés.

Ils venaient de découvrir avec horreur le corps de Kaminari, baignant dans l'hémoglobine. Sans hésitation, Asui déclencha l'alarme à partir de son bracelet électronique. Elle n'était ni stressée ni nerveuse. Comme si la mort de Kaminari ne l'affectait pas, comme si en réalité, sa mort n'était pas une grand surprise. Kirishima, bien que plus sentimental, n'en laissa rien paraître et la suivit à la cafétéria pour rejoindre les autres.

— Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? La grenouille, tu m'expliques ?! l'interpella l'américain.

— Il y a un nouveau décès. Kaminari nous a quitté, déclara-t-elle calmement.

L'ambiance sembla s'être refroidie. Les uns se jettaient des regards méfiants, les autres se retenaient pour ne pas lâcher des larmes. Cependant, quelque chose aurait dû les inquiéter davantage. Parce qu'ils étaient sept dans la cafétéria. Quelqu'un manquait à l'appel.

— Où est la femme de Kaminari ? demanda Asui, imperturbable.

— Vous croyez qu'elle n'a pas entendu l'alarme ? questionna Uraraka.

Non. Ils n'avaient pas besoin de communiquer pour le savoir. Si elle n'avait pas pu se rendre à la cafétéria, ce n'était pas parce qu'elle ne l'avait pas entendu. Ce n'était pas parce qu'elle dormait. Enfin si, elle dormait, en quelque sorte. C'est juste qu'elle ne risquait pas de se réveiller. Elle était plongée dans un sommeil sans fin, dont personne ne pourrait la sortir.

— Tout le monde me suit jusqu'a la sécurité, je vous ai à l'oeil. Surtout toi le nerd, passe devant, lui ordonna Bakugou.

Le français n'osa pas se dérober aux ordres, sachant que ce serait peine perdue. Il s'exécuta alors sans protester.

L'imposteurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant