Chapitre 7 : « Le gardien de mes rêves »

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Gulf

J'ai. Embrassé. Mew. Je répète. J'ai. Embrassé. Mew. Que tout le monde reste calme.

Je ne pensais pas en être capable... et pourtant ! Ai-je déjà mentionné le fait que j'étais une personne impulsive ? Je peux me laisser submerger par l'anxiété, et l'instant suivant embrasser un homme pour la première fois sans trembler, ou presque. Qu'est-ce qui m'a poussé à ce geste inattendu ? Je me le demande. Ma détermination à m'investir dans ma carrière, certainement, et à dépasser ma timidité. Je ne voulais pas être handicapé tout le tournage par mon inexpérience ou ma pudeur. Je me suis persuadé qu'en sautant le pas sans attendre, au lieu de me torturer indéfiniment, ce serait plus facile ensuite. C'est comme plonger dans l'océan d'un coup, au lieu de se mouiller la nuque. C'est ma manière à moi de contourner les obstacles : foncer tête baissée. Ou plutôt lèvres tendues, en l'occurrence...

Et aussi... peut-être bien... qu'il y a une autre raison.

Depuis ma rencontre avec Mew, mon univers a été pour ainsi dire chamboulé. Il a envahi mon espace personnel telle une comète fendant le ciel à grande vitesse : en m'éblouissant sans prévenir. Alors oui, depuis le premier jour du casting, mes yeux se sont accrochés à cette nouvelle lueur dans mon horizon.

Puis il y a eu notre première soirée sur la péniche où j'ai entrevu son caractère attentionné, mes papillons dans le ventre en découvrant ses talents d'acteur, notre interview où il a été si prévenant, le premier atelier où sa bienveillance n'avait d'égale que sa douceur, et tous les moments que nous avons partagés ensuite. Mew a toujours été tellement protecteur à mon égard.

J'étais si fébrile au premier atelier... Quelle journée éprouvante et riche en émotions cela avait été ! J'avais cédé à la panique quelques instants mais Mew m'avait rattrapé au bord du gouffre. Ce moment a signé la perte de tous mes repères, je crois. Impossible de me mentir à moi-même sur le fait que Mew avait provoqué quelque chose en moi. Je n'étais manifestement pas indifférent. Je ne l'avais peut-être jamais été.

Et puis... Mew partout, tout le temps. Entre nous s'installait une déroutante proximité. Un regard appuyé par-ci. Un sourire séducteur par-là. Une main chaude sur mon épaule. Et puis, une bouche... surtout. Sa bouche me hantait.

Depuis que Mame nous avait attribué Call Me By Your Name comme film de référence pour la préparation de nos scènes, je ne pouvais m'empêcher de la dévorer des yeux. Serais-je capable de l'embrasser ? me soufflait une voix incertaine tandis que mon cœur, lui, se mettait à battre la chamade sans retenue. Deux émotions distinctes se disputaient mes faveurs. Ça craint, me disais-je. Et je me le dis toujours, car mon affaire est loin de s'être arrangée.

Après notre moment de complicité en apparence anodin dans ce lit si étroit, je ne parvenais plus à détacher les yeux du sourire de Mew. J'avais envie de le recouvrir de mes lèvres. Je voulais qu'il ne sourie que pour moi seul.

N'importe quoi, Gulf. Mew est si patient et prévenant à mon égard que cela me rend confus, voilà tout. Il n'est rien d'autre qu'un mentor, un grand-frère attentionné. Un grand-frère dont les lèvres me hantent. Rien de bizarre à ça, si ?

En deux semaines, Poom n'a presque pas eu de mes nouvelles.

Et finalement... Le jour où j'ai embrassé Mew est arrivé. Je suis incapable de dire quand j'ai pleinement accepté cette idée. Peut-être bien dès les premières secondes du casting, ou alors sur le moment présent comme une pulsion, ou encore lorsqu'il a pris mes mains entre les siennes, scellant ma confiance aveugle en lui ? Tout ce que je sais, c'est qu'une force invisible et irrésistible me tendait vers cette bouche, telle l'attraction d'un astre : nous sommes conscients que ça brûle, mais on ne peut résister. Alors je l'ai fait. J'ai posé mes lèvres sur celles de Mew. Que dire ? Le monde a disparu entre nos souffles.

I Just Know It's Love🌻Où les histoires vivent. Découvrez maintenant