Chapitre 8 : « Embrasse-moi encore »

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Mew

— Mew ? Mew, est-ce que tu m'écoutes ?

La voix ferme de Boss interrompt brusquement le cours de mes pensées. Je reviens à moi dans le salon de chez mes parents, où mon manager semble avoir élu domicile depuis janvier dernier. Il fait pratiquement partie de la famille à présent. Nos chemins se sont croisés au casting et ce fut dès lors un coup de foudre professionnel.

Boss travaillait uniquement à la production de la série à l'origine et comme je n'avais pas de manager, nous avons décidé qu'il m'accompagnerait dans cette aventure. Il est organisé, amical, altruiste, dynamique. Nous avons des centres d'intérêt communs et presque le même âge. Si bien qu'il est devenu un ami, en quelque sorte. Un complice même, et bien souvent un garde fou : il doit régulièrement tempérer mes envies désordonnées. Si ça ne tenait qu'à moi, je serais déjà aux quatre coins du globe à réaliser des milliers de projets avant même d'avoir achevé celui en cours.

— Tu m'as entendu, Mew ? Je parlais de l'association avec la marque Camper qui a été dealée par la production.

Tu veux savoir ce que je pense, Boss ? Tu veux vraiment savoir ce que j'en pense ? Je pense que Gulf est si adorable que c'en est insupportable. Que j'aimerais mieux me le sortir de la tête plutôt que de penser tout le temps à lui. J'ai d'autres choses à faire, comme par exemple, parler avec toi de cette pub pour une marque de chaussures, passionnante à n'en pas douter. Mais je ne peux pas car Gulf imprègne chaque cellule de mon cerveau. Je pense que j'ai envie de le protéger, de l'enlacer, de murmurer yai nong dans son cou avant qu'il ne s'endorme, et je pense à ses lèvres en forme de châtaigne qui ne cessent de m'obséder. Voilà la seule chose à laquelle je suis capable de penser, si tu veux tout savoir. Bordel.

— Mew, est-ce que ça va ?

— Ouaip. Bien sûr. Tout va bien.

— Tu en es... sûr ? Tu as l'air ailleurs ces derniers temps.

— Tu disais quoi ? Camper, c'est ça ?

Boss m'observe, soupçonneux. Je me force à sourire comme si de rien n'était.

— Ce n'est pas un sourire très convainquant ça, Mew. Ça n'a pas l'air d'aller très fort. Les ateliers se passent bien ?

— Oui, pourquoi ça n'irait pas ?

— À toi de me le dire.

Boss me rejoint sur le canapé, quittant l'espace d'un instant sa posture professionnelle pour celle de l'ami à l'oreille attentive.

— Tu me le dirais, si tu avais des soucis ?

— Évidemment. Tout se passe bien. Un peu trop bien même...

Boss lève un sourcil, perplexe.

— Laisse tomber.

— Nong Gulf te donne du fil à retordre ?

— Qu'est-ce qui te fait dire ça ? demandé-je sur la défensive.

— Je ne sais pas. Je prêche le faux pour savoir le vrai, c'est tout. Et puis c'est avec lui que tu passes tout ton temps, donc si quelque chose n'allait pas, je suppose simplement que ce serait lié à ton « yai nong » développe-t-il, narquois.

Pris en flagrant délit. C'est vrai que je n'ai pas précisément été un modèle de discrétion. Lorsque Gulf s'est endormi contre mon épaule dans la voiture, après la rencontre avec nos fans, son visage semblait si doux et apaisé... Et je pouvais enfin contempler sa bouche à loisir sans risquer d'être pris sur le fait (enfin c'est ce que je croyais !).

Avant notre baiser, j'arrivais à me contenir, mais depuis que j'ai senti la chair rebondie et la douce chaleur de ses lèvres contre les miennes, impossible de détourner le regard. Quelle bouche... Et je vais devoir l'embrasser pendant des mois... Malédiction. Attiré par sa bouche, attendri par son visage endormi, j'avais naturellement eu envie de lui donner un surnom affectueux.

I Just Know It's Love🌻Où les histoires vivent. Découvrez maintenant