Se convaincre

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Bonjour !
N' hésitez pas à me signaler les fautes 'd'orthographes et/ou de frappes, j'ai la flemme de me relire !
Bonne journée/soirée !

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J'étouffe. J'essaie de me débattre contre un ennemi invisible. Un combat long, et surtout, sans fin. Parfois j'expire longtemps et mon moi le plus profond, celui qui ne transperce que rarement, arrive à me parler. Comme un éclair de lucidité, j'arrive à accepter mon orientation sexuelle. Mais le plus souvent, une voix tourne dans ma tête, incessante, une voix qui répète toujours la même litanie : "Je suis hétéro". Dans ma tête un combat incessant se déroule. Les idées se mélangent, se heurtent, se battent jusqu'à la mort. Les sentiments se poussent, et se jouent de mauvais tours afin d'être celui que j'écouterai. Les gens autour de moi me regardent d'un air inquiet. Mes parents s'inquiètent, mes amis se font du souci. Seule une personne ne semble pas pas se soucier de moi, une personne qui, à mes yeux, vaut toutes les autres : Ambre. Et quand je pense ça, la voix de mon esprit rit et se moque de moi. Elle m'explique à quel point ce que je dis est faux. Elle m'oblige à m'assoir sur mon lit et à répéter ces mots : "Je suis hétéro, je suis hétéro, je suis hétéro." Et quand je cherche à ma battre, elle utilise tous ses arguments pour me convaincre, jusqu'à ce que je sois obligée de reconnaître que la logique indique que je ne suis pas attirée par les filles. Je ne peux plus dormir, car elle ne peut pas contrôler mes rêves et que si elle s'aperçoit que j'ai rêvé d'Ambre, elle me fait la morale pendant des heures. Des cernes de la taille de valises décorent mes yeux de leur violet profond. Je ressemble  à un monstre, me disent mes amis pour rire. Mais dans leurs yeux, je peux voir l'inquiétude. Je me sens comme un monstre. Je m'en veux d'avoir fait souffrir Ambre et pourtant, me murmure la voix, ce n'est pas ta faute. Tu ne ne ressembles pas à une d'entre elles. Je proteste vaguement contre cette appellation, mais la fatigue l'emporte et je me tais rapidement, les paupières tombantes, tentant de ne pas m'endormir en plein cours. Quand la voix me laisse tranquille, une entité, que j'appelle "Moi" surgit et me dit d'une voix désespérée de ne pas écouter la voix. Mais avec le temps, la voix de Moi est de plus en plus faible, jusqu'à n'être plus qu'un simple murmure, alors que je peux dire sans problème : "Je suis hétéro". Ma seule échappatoire serait que quelqu'un d'extérieur m'aide. Et pour ça, il faudrait que je parle. Il faut que je parle, que je raconte la voix, et ses exercices, que je parle de la souffrance, que je discute à propos de la voix de Moi que je n'entends presque plus. Mais l'idée de me battre contre la voix me fatigue à l'avance. Pourquoi se battre quand je peux juste accepter ce qu'elle me dit et qui, après tout, n'est peut-être pas faux ?

Le jour où la voix arrive à me faire penser, par des chemins détournés, que je ne fais plus partie de la communauté LGBTQ+, moi qui ai toujours été une Alliée, je prends conscience que j'ai besoin d'aide. Mais quand j'essaie de parler, la voix me persiffle que tout est normal et qu'il n'y a rien à dire. Je veux parler et je lutte pour le faire mais aucun mot ne sort de ma bouche ouverte. Eliane, à qui je voulais me confier, me prend dans ses bras. Elle veut que je lui parle et je la rassure de mon mieux, lui expliquant que je suis juste fatiguée. "Sûrement  les règles ! "je rajoute dans un petit rire complice. J'aimerais que les mots sortent et qu'ils trouvent une oreille compatissante. Mais rien ne sort, tout reste dedans et j'ai l'impression que ces mots, qui attendent de sortir, vont m'étouffer s'ils continuent de s'entasser dans ma gorge. Dans les bras de ma meilleure amie, les mots se désintègrent lentement et je me sens bien. Comme si l'amour, pouvait améliorer les choses.

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