Ch a p i t r e 3

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La semaine suivante, je n'étais pas retournée en cours. Alice m'avait convaincue de venir chez elle, n'étant pas rassurée de me savoir comme ça, seule. Je n'en avais pas parlé à mes parents, je ne voulais pas qu'ils sachent que j'allais de nouveau mal. J'avais appelé mon médecin pour qu'elle puisse me faire un justificatif. Connaissant ma situation, bien que ce ne soit pas très juste, elle avait accepté de le faire, en mettant comme motif une gastro ou quelque chose de ce genre-là. Bien qu'Alice m'ait accueillie chez elle et rassuré du mieux qu'elle le pouvait, je restais silencieuse, peu bavarde, toujours apeurée. Les cauchemars se répétaient, les souvenirs tournant en boucle dans ma tête.

Mes journées se résumaient à regarder la télé, sans réel intérêt, sous un plaid, loupant parfois certains repas, ayant l'estomac noué depuis vendredi dernier.

Nous étions lundi, soit dix jours après l'incident. Alice rentrait de sa journée de cours tandis que j'étais, comme à mon habitude depuis plusieurs jours, sous un plaid, affalée telle une larve.

Je l'entendis discuter avec quelqu'un derrière la porte, sûrement un voisin ou que sais-je. Je n'y prêtai pas vraiment attention, toujours le regard dans le vague. Quelques minutes plus tard, cette dernière entra et vint immédiatement à côté de moi.

— Adèle, j'ai amené quelqu'un. Ne te mets pas en colère.

— Bah tu as le droit d'inviter qui tu veux, c'est chez toi. Je vais dans une autre pièce en attendant au pire, lui répondis-je tout en gardant le regard sur la télé.

— Non Adèle, je l'ai amené pour toi.

— Quoi, mais qui ?

— Logan, répondit-elle après une brève hésitation.

— Mais Alice sérieux ! T'es pas bien, t'as pas l'impression que c'est assez compliqué comme ça ?! M'emportai-je en la fusillant du regard. On ne le connaît même pas ce type, qui te dit que c'est quelqu'un de fiable, puis pourquoi tu l'as emmené ici ? Je l'ai juste croisé deux trois fois, n'importe quoi ! Invite le prochain mec que tu rencontres à la laverie aussi tant que t'y es !

— Je ne vais jamais là-bas.

— Remplace par ce que tu veux, je m'en fous, tu m'as très bien comprise.

— Calme-toi, ajouta Alice sur un ton posé, comme si elle s'était déjà préparée à ma réaction. Je l'ai croisé en faisant les courses il y a deux jours, il m'a reconnue et m'a demandé de tes nouvelles, il se demandait pourquoi tu étais partie en furie l'autre jour. Je suis resté assez évasive, disant que tu avais vu quelqu'un de ton passé et que tu n'étais pas bien depuis, que tu étais chez moi.

— Tu appelles ça évasive ? Puis ça n'explique pas pourquoi tu l'as amené ici, c'est vraiment une idée de merde.

— Au début j'avais refusé, car comme tu l'as dit, on ne le connait pas vraiment. Il m'avait laissé son numéro au cas où. J'ai réfléchi ces deux derniers jours et j'ai finalement changé d'avis, car je vois que la situation n'évolue pas. Tu te bouffes l'esprit toute la journée, t'es morte de peur, la nuit je t'entends te réveiller en criant parfois. Ça me fait la peine de te voir comme ça, et tu ne veux le dire à personne à part à moi, sauf que j'ai l'impression de ne pas réussir à t'aider. Logan m'a paru sincèrement s'inquiéter après mes propos, sans réellement te connaître pourtant. Je me suis dit qu'un allié dans ton établissement qui en sait un peu plus sur toi pourrait peut-être t'aider. Tu ne peux pas rester comme ça et ne pas suivre tes cours, alors que tu avais hâte de te lancer dans ces études-là. Je ne veux pas que tu redeviennes aussi mal qu'il y a trois ans Adèle. Tu mérites mieux que de revivre ça. 

Elle marqua un temps de pause, attendant probablement une réponse ou réaction de ma part. Je finissais par lever les yeux et la regarder. Avant de replonger les yeux dans le vague.

Les Âmes Solit/dairesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant