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Les yeux clos par la fatigue, je fit ce qui pour moi devait être mon dernier effort de cette journée plus qu'épuisante : tendre le bras et ouvrir la grande porte d'entrée du dortoir des premières années, seulement cette dernière avait l'air de soudainement me résister. Je ré-ouvre les yeux un peu paniqué et remarque une énorme banderole de tissus blanc accroché sur le mur de brique de la façade portant l'inscription suivante en peinture noir « Bienvenu a GoldsCollege chère première année, première nuit : La chasse a l'homme est ouverte et les loups sont affamés, trouvez la clé de votre dortoir dans la foret ou faites vous dévorer ! »

Mes yeux s'écarquillèrent, c'était une blague ? Ça en avait tout l'air. Une blague des plus mauvais goût a la veille des examen de rentrée. Maya semblait tout aussi crispé que moi lorsque je me retourna pour lui faire face. La nuit de sommeil réparatrice que j'attendais tant n'était plus au goût du jour, une chasse au trésor avait été lancé, et le trésor n'était autre que mon lit douillé, en tout cas l'accès a ce dernier. Il nous fallait cette clé car il était hors de question que je dorme dehors.

Je pars d'un pas décidé vers la foret. Ce n'est pas réellement une foret mais plutôt un petit bois derrière le parc, toujours sur le campus. Malgré sa petite taille, il reste vraiment facile de s'y perdre et d'autant plus de nuit. Ma colère et mon énervement vient juste de me donner une énergie nouvelle qui, je le sens, me serra bien utile cette nuit. Maya a du mal a suivre mon pas rapide, au abord du bois, même le peu de peur et d'appréhension au fond de moi n'arrive pas a me stopper. Je rentre dans la foret qui ressemble plus a un gouffre de noirceur sans fin. D'ici déjà, on peut entendre des cris de frayeur d'autres étudiants qui, comme moi, décide de braver « les loups ». Maya, elle, reste beaucoup plus sur ses gardes. Je la soupçonne presque de vouloir rester en dehors de la foret et d'abandonner, quitte a dormir sur un banc du parc ou bien même devant la porte du dortoir. Pour moi il n'est a aucun moment envisageable d'abandonner. Rien que par fierté. Je n'abandonne jamais.

Peu a peu la présence de Maya devient imperceptible, comme si elle avait disparu lentement alors que ce n'est que moi qui réalise tout juste qu'elle ne m'a jamais suivis dans la foret et que depuis le début je m'avance seule dans le noir. Je me remercie a nouveau de mon choix de vêtement judicieux qui me permet de me cacher parfaitement dans la pénombre. J'avance le plus silencieusement possible dans les bois et suis aux aguets de chaque éclat dans la nuit. Une cannette, un bout de verre, mais tout ce que je vois briller n'a rien de la clé de notre dortoir. Soudain, une branche se met a craquer derrière moi, comme si l'on me suivait. Je me retourne brusquement.

- « Qui est la ? » dis je d'une voix forte et distincte en essayant de ne laisser aucune de mes émotions transparaître.

Au même moment un cri plus que viril retentit tout près de mon oreille. Comme l'imitation de l'hurlement d'un loup. Enfin une lumière s'allume et je me retrouve éblouis par la lampe torche d'un grand garçon a la carrure impressionnante. Par réflexe je m'abaisse et me cache les yeux mais ne m'enfuis pas, j'essaye de mieux distinguer ses traits et ses détails mais la première chose qui me saute aux yeux est cette peau de loup qu'il porte comme une cape avec la gueule revenant sur sa tête, cachant son visage le rendant d'autant plus terrifiant. Il hurle a la mort et s'apprête a se jeter sur moi pour me terrifier sûrement, voyant que je ne fuis pas. Alors c'est a cette instant que je décide d'enfin partir en courant. Ce n'est qu'une fois face a l'adversaire que je réalise de ma petitesse et faiblesse et qu'il m'est donc impossible de me mesurer a quoi que ce soit. Je cours de toute mes jambes et sens son bras attraper le mien et griffer ma peau. J'entends le rire sournois de mon agresseur avant que je ne le pousse et que je me faufile derrière lui ne lui laissant pas le temps de réaliser que je ne suis déjà plus la. Me voila encore entrain de courir a toute jambes, regrettant mon élan de courage qui me poussait quelque minutes avant a rentrer dans les bois sombres sans crier garde.

Les Mystères de GoldfieldsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant