Harry était obsédé par Drago. Pas une petite obsession mignonne, non, il en était à un point où il pouvait réciter son emploi du temps par cœur, alors qu'il avait du mal à se souvenir du sien, qu'il passait la nuit à penser à lui et baratinait ses amis toute la journée, à coup de « Mon Dieu, Drago est trop beau », ou encore « Vous croyez qu'il me remarquera un jour ? ». Tout en refusant d'admettre qu'il était gay et attiré par son pire ennemi.
Une nuit, il se réveilla en sursaut, après un cauchemar. Sa respiration était agitée, et sa cicatrice lui faisait mal. Il avait envie de pleurer. Il attrapa sa carte du Maraudeur, chercha le point de Drago sur la carte. C'était une technique qu'il avait développé pour se calmer. Étrange, à quel point un nom qui ne bougeait pas sur une carte était apaisant. Mais le point de Drago bougeait. Assez vite, même. Et qui se dirigeait vers la salle de bain des préfets. Étrange...
Harry tenta de détourner le regard, mais c'était impossible. Il était hypnotisé et intrigué par ce point. Cessant de résister, il se leva discrètement et attrapa sa cape d'invisibilité, pour se diriger sur la pointe des pieds vers la sortie de la Salle Commune des Gryffondor, baguette magique et carte du Maraudeur en main. Son cœur battait plus vite, il avait peur de se faire prendre par Rusard, même avec la cape d'invisibilité. Il arriva devant la salle de bain et entendit des bruits d'éclaboussures. Avec inquiétude, il poussa la porte, et se figea brusquement devant le spectacle inattendu.
Drago Malefoy était là, et son torse sec et muscle sortait de l'eau. Ses cheveux blonds dégoulinaient sur son visage, qui affichait une mine stupéfaite et apeurée. Ses yeux bleus étaient écarquillés, et Harry ne put s'empêcher de le trouver magnifique. Non, il n'était pas attiré par lui, il le trouvait juste absolument adorable, beau, si séduisant avec ses traits qui exprimaient tout le dégoût du monde pour lui. Un vrai aimant, ce gars là.
Mais il s'égarait. Le plus surprenant dans tout ça, ce n'était ni le mépris dans son regard, ni le fait qu'il soit dans la salle de bain des préfets -alors qu'il n'était même pas préfet- à cette heure là. Non, loin de la.
Le plus surprenant, c'était ce qu'il y avait en dessous du torse de Drago. En dessous de son corps athlétique, sculpté comme un dieu grec... Il s'égarait encore. En dessous, il y avait une queue bleue.
Une longue queue palmée, entièrement bleue et scintillante, qui ressemblait à celle des sirènes dans les contes moldus. Harry releva le regard vers le visage du blond, et vit son air furieux et horrifié. Il ouvrit soudain sa bouche pâle et fine, aux lèvres parfaitement proportionnées, et au lieu des mots d'amour qu'Harry espérait, il hurla :
-Dégage ! Dégage ! Va-t-en !
Attendez, est ce qu'il venait de dire qu'il espérait des mots d'amour de la part de Drago ? Non, ce n'était pas ça qu'il voulait dire, pas du tout ! C'était juste... Bon, il allait s'arrêter là, il s'enfonçait. Harry était planté là, comme une courgette géante, incapable de partir. En même temps, qui avait envie de quitter cette vision angélique ? Mais la vision angélique reprit ses hurlements :
-Crétin ! Dégage ! Abruti ! Tu n'a rien à faire là !
-Toi non plus.
Le trait d'esprit de Harry ne lui plut visiblement pas, car il reprit des vociférations de plus belle. L'intrus se souvint tout à coup que Drago pouvait le tuer et masquer son crime facilement, il n'y avait aucun témoin. Il n'aurait ensuite qu'à prétendre qu'il dormait, et Voldemort aurait gagné !
-Désolé... balbutia-t-il, avant de tourner les talons et de s'enfuir, l'esprit retourné par ce qu'il venait de découvrir.
Drago était... quoi, exactement ? Une sirène ? Enfin, un triton, vu que c'était un garçon. Mais qu'est ce que ça voulait dire ? Depuis quand il y avait des sirènes, ou des tritons, à Poudlard ? Ça n'existait même pas ! Enfin si, ça devait bien exister, puisque Drago en était un.