Passé dévoilé

Tout est de ta faute

Alors que je suis couchée depuis plusieurs heures maintenant, Teddy se lève tout à coup en grognant, les poils dressés. Je suis éjectée par ces bruits, hors du cauchemar dans lequel j'étais à nouveau plongée. 

-Doucement ma belle, qu'est-ce qui te prend ? 

J'ai beau la caresser ou chuchoter à son oreille, le petite chienne n'en démord pas. Elle reste collée à la porte de ma chambre en grondant nerveusement. Ce comportement ne colle pas à ses habitudes, elle a dû flairer un danger. Des frissons d'angoisse remontent sur mes bras alors que j'ouvre la porte. Teddy se précipite dans les escaliers et se colle cette fois-ci devant la porte d'entrée comme s'il y avait un monstre de l'autre côté. Je m'approche discrètement de la fenêtre et tente de jeter un coup d'œil à l'extérieur tout en évitant de me montrer. 

Ma conversation avec Pierrick, les inquiétudes de Baptist, me reviennent tout à coup en mémoire. C'est tremblante que je remonte chercher mon portable et un objet suffisamment lourd pour me protéger en cas d'attaque. 

Il semblerait qu'il n'y ait rien d'étrange à l'extérieur, mais avant de sortir vérifier, mon instinct me dit de prévenir Baptist. Je lui envoie un texto même si je doute qu'il tombe dessus en pleine nuit. Mais au moins, s'il m'arrive quoi que ce soit on saura qu'il y avait eu quelque chose d'étrange durant la nuit. 

Une fois le sms envoyé, je reste pétrifiée derrière la porte d'entrée avant d'entendre des bruits venant de l'étable, à quelques mètres du cottage. Mon sang ne fait qu'un tour et Teddy commence à montrer les crocs. Je n'ai jamais vu ma petite chienne dans cet état, j'ignorais qu'elle puisse faire aussi peur. 

Finalement, je décide d'ouvrir la porte, à peine est-elle entrouverte que Teddy se rue à l'extérieur, direction l'étable. Zut alors, j'aurai dû la retenir !! 

Un hululement de chouette a failli me faire hurler, mais je me suis déjà faite avoir une fois, pas deux. J'attrape le bibelot en forme de Leprechaun, le bonnet du petit bonhomme est bien pointu et le poids de l'objet est suffisamment lourd pour faire mal. Je marche en direction de la grange quand je vois deux jeunes blancs-becs entrain de s'en échapper et de courir à toute vitesse dans les bois, Teddy sur les talons. J'entre dans l'étable et remarque qu'il n'y a rien d'anormal. J'essaie de rappeler Teddy, mais la chienne doit déjà être loin. Je ferai mieux de retourner à l'intérieur maintenant que le danger est passé. 

... Baptist ... 

C'est somnolant que j'attrape mon portable, chaque nuit, je ne le mets plus sur le mode avion, bien au contraire. Le son est bien allumé et le plus fort possible. J'avais pris cette décision il y a quelques semaines au cas ou je recevrai un appel urgent au sujet d'Anntoin ou d'Abbie. 

Le sms que je suis entrain de lire, me confirme que j'ai bien eu raison de prendre ces précautions. Abbie est sûrement entrain de courir un grave danger. Je me précipite hors du lit et enfile un jogging à la va vite. Mes baskets, un pull, et je saute dans la voiture en essayant de joindre la demoiselle. 

Bon sang, pourquoi elle ne répond pas ?? Elle n'a quand même pas décidé d'aller voir ce qui se passe à l'extérieur toute seule, si ? 

-Pitié Abbie !! Décroche ce fichu téléphone, m'énervé-je en tapant sur le volant. 

Je laisse sonner encore et encore en espérant entendre enfin sa voix derrière le combiné, malheureusement c'est peine perdue. J'approche bientôt du cottage quand j'entends les aboiements d'un chien. Je ralentis en découvrant deux adolescents entrain de courir à toute vitesse dans la forêt poursuivis du chien. 

Je les connais ces gamins, ce sont les fils du prêtres, des camés accros à la drogue. Je me demande encore comment le Père O'Brien peut guider ses oies sur le chemin de Dieu alors qu'il n'est même pas capable de bien élever ses fils. Je réappuie sur l'accélérateur pour me dépêcher de retrouver Abbie. Dès qu'elle sera en face de moi en bonne santé, mon cœur pourra peut-être s'arrêter de palpiter de la sorte.