L'exil

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On peut apprivoiser la douleur, la souffrance, la colère, la haine... Mais on ne peut dresser l'amour.
Difficile d'échapper aux charmes de ce sentiment nonchalant, cette tendresse fugace, cette onction
étincelante, chancelante et fourbe, ce châtiment fort turbulent à la fois amer, délicat et hostile mais agréable et douce.

Il va de soi qu'aucun ressenti n'excuse certes la bêtise mais si succomber à l'émotion est un délit, résister à sa passion devient un crime dont je n'avais nullement l'intention de me soumettre et d'ailleurs je ne pu faire autrement car à mes sentiments je sentais que j'étais possédée. Je ne pu faire différemment que de braser la voie que m'a dictée mon cœur.

Pourtant en quittant Saint-Louis je ne rêvais pas mieux que d'une vie meilleure et paisible et saine sans conflits ni craintes, sans peur ni confusion, tranquille et prospère. Pour cela je songeais prendre un nouveau départ, j'aspirais me rebâtir, reforger mon âme, demeurer insensible à la tentation, loin des hommes et de leurs fantasmes.

Je ne m'étais jamais doutée pas un seul instant qu'un jour je serais tentée de renier certains de mes principes, réviser mes convictions. Il m'était impossible de croire que j'accepterais de m'en remettre à mes émotions un jour, confier ma vie à quelqu'un.

Comme par hasard le destin décida que j'allais devoir faire un choix qui allait tant soit peu changer ma vie.

Ainsi je tombais sous le charme d'un homme unique à son genre, un jeune guinéen qui travaillait dans le resto.

En effet celui-ci était un modeste jeune homme, sans gloire ni titre, mais un être sobre et vertueux, doux et plein de sagesse mais surtout très beau.

Mon aventure n'eut tardé à changer mes habitudes d'antan. Dès lors j'ai commencé à concéder des rentrées tardives qui déplaisaient ma mère et qui généraient des suspicions de sa part en mon égard sur les réelles raisons de mon changement brusque. Ainsi elle a su sans tarder que je lui cachais des trucs. Elle me disait souvent que quelque chose avait changé en moi mais je me persuadais que malgré ses doutes qu'elle n'allait pas savoir que c'était un homme qui en était le responsable. Je me disais qu'elle penserait sans doute que c'est à cause du boulot. Mais cela n'a jamais était le cas et une partie de moi savait qu'elle n'était pas bette, qu'elle l'avait découvert mais jouait la carte de la sagesse d'où sa prudence maternelle.

Et puis mes nouveautés commencèrent à devenir un schéma récurrent auquel je ne m'attendais point. Ma mère devint de plus en plus suspicieuse et inquiète que jamais et cela se comprenait. Cela étant que je suis une fille et que c'est imprudent que je rentre tard le soir à chaque fois.
Tout cela parce que je voyais cet homme qui m'avait ébloui. Il s'appelait Korka Bâ, un peul de la Guinée Conakry, un être doux, très spécial et comique auquel j'ai eu à connaître par pur hasard. Cela dit à chaque fois que je terminais mon service, je le retrouvais et on restait dans le café à bavarder un long moment avant qu'il ne me raccompagne et me dépose près de chez moi avec son scooter. Il avait certes 25 ans soit 7 ans de plus que moi mais cela ne nous empêchait guère d'être sensible aux sentiments de l'un et de l'autre et d'être heureux qui plus.
C'était un être vraiment simple et très timide quand il le voulait, un homme rompu à la tâche qui venait souvent récupérer les commandes devant être livrées aux domiciles de certains clients habitués du resto.
Son sourire innocent et ses manières quelques peu douces et téméraires suscitaient en moi de vives émotions, il me fascinait gravement. Quand j'apercevais sa silhouette bien taillée, sa solide carrure, dès lors qu'il venait pour ses colis je perdais aussitôt tous mes moyens et je devenais impuissante et désarmée face à la teneur de sa beauté éblouissante, sa clarté de corps et d'esprit me rendaient ivre de son attirance angélique.
Son rire de gorge qui lui renversait la tête en arrière lorsque les autres le taquinaient, découvrait ses dents d'une blancheur laiteuse que je n'ai jamais constatée auparavant chez un peul surtout, et cela me faisait sourciller de désirs et d'une prescience de voluptés grisantes.
Je devenais tout à coup désinvolte et incapable de rester sereine. Je tergiversais dans tous les sens, mes émotions s'embrouillaient et je perdais toute notion d'équilibre et de tranquillité. Un moment d'égarement suffisait à me faire plonger les idées sur cet bel homme dont la beauté m'avait tant soi peu envoûtée et séduite par son charme d'emblée si dé-exotique et ordinaire, démesuré.

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⏰ Dernière mise à jour : May 05, 2022 ⏰

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