Rupture familiale

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L'environnement hideux et précaire dans lequel nous vivions n'était certes convivial et peu convenant qui plus est ne suscitait que détresse et embarras, qui étreignent le cœur étouffant au fur et à mesure notre joie de vivre. De fait garder le sourire dans cette demeure n'était que trop illusoire compte tenu de la tyrannie grandissante et de la désunion qui y régnait et y prospérait en permanence. L'absence de volontés consensuelles et inclusives de vouloir tirer un trait sur les guéguerres usurpaient la paix et l'harmonie dans la baraque. Il semblait très clairement qu'aucune sage résolution n'était compatible avec les états d'esprits des belligérants tellement ils étaient sournois, déraisonnables et orgueilleux. Aucun des membres ne voulait céder du terrain par crainte de paraître faible ou d'être hué.

Cela dit l'amertume était donc sans doute devenue un mal inhérent au sein de la famille et à laquelle j'étais enclin d'apprivoiser et de cohabiter car ce n'était qu'en cela résidait mon salut, la tolérance de la douleur. Mon bien-être demeurait tant dans la bonne humeur des uns que dans la prodigalité, l'abondance et dans la fierté des autres il faut croire, mais le brouillard conflictuel revêtait certains aspects sombres qui hypothéquaient tous mes désirs de quiétude et rendaient par moment impossible toute concordance sociale mettant ainsi mon père et moi dans une situation fragile et dérisoire.

J'étais constamment dans la crainte, aux aguets du changement et de l'incertitude cela parce que la mésentente qui sévissait mettait ma loyauté à rude épreuve. J'étais au centre des préoccupations un instant donné. Chacune des parties cherchait à me rallier à sa cause non pas pour ce que je vaux étant donné qu'ils avaient tous la même et piètre opinion de ma personne, mais juste dans le but de satisfaire leurs orgueils.

Souvent dans les querelles l'immaturité essaime le plus généralement toutes les folies de grandeurs conduisant certains à vouloir chercher à prouver aux autres qu'ils sont plus magnanimes et dignes oubliant qu'il n'y a aucune gloire à prospérer dans l'antagonisme et quand la survie et l'apogée reposent sur le dialogue, l'union des cœurs et l'entre-aide; que les rivalités et l'adversité tuent la famille.

Ainsi sans cogiter aux conséquences de leurs mésententes, afin de faire appel à leur sens de la responsabilité Sidi et Moustapha avaient choisi la voie de l'obscurité, de l'aigreur et de l'animosité. Le plus triste dans l'histoire est peu importe la tournure de ces événements mon sort était scellé et reste inchangé quoi qu'il advienne. Je n'étais pas plus qu'un potentiel dommage collatéral qui allait certainement pâtir et devant se remettre à son destin.

N'étant point en mesure de faire perdurer cette croisade, Rokhaya jouait sur les nerfs de Adja à la privant de mes services étant donné que son mari est moins nanti. Elle faisait exprès de me faire faire des travaux inutiles juste pour l'énerver et l'agacer. Et c'est moi malheureusement qui en payait les frais. Sidy me battait, me donnait des coups de cravaches gratuitement à chaque fois que je manquais aux appels de sa femme quand celle-ci me réclamait.

Mon père lui était souvent donné en spectateur, il était là à me regarder gémir, souffrir. C'est ensuite qu'il me faisait regagner sa chambre et m'essuyait les larmes en guise de réconfort. Mais en ce qui me concerne tout ce que je voulais c'est qu'il me défende comme tout bon père défendrait sa fille mais non il était là à jouer les sapeurs pompier, à vouloir éteindre les feu de mes souffrance, infirme qu'il est semblable à un moins que rien. Il faut reconnaître que j'avais du mal à comprendre comment il a pu régresser si bas. Comment un ancien soldat, un ancien membre des unités d'élite d'un régiment d'infanterie de l'armée sénégalaise pouvait devenir si méconnaissable, peureux et fragile devant sa famille. Hélas nul ne pouvait répondre à ces questions.

Par ailleurs les durs labeurs se faisaient sentir quelques part.
En effet, frappé de plein fouets par les galères certes, Moustapha refusait d'accepter d'être mener à l'échafaud malgré la désespoir qui le minait. Il sortait tôt et rentrait vers midi tantôt avec les mains vides tantôt avec de la viande, de la nourriture et parfois avec de grosses sommes sans doute de l'argent suscitait prudence car étant quelqu'un d'incorrect rien étonnait à son égard. Mais quoi qu'il en soit quand cela arrivait il payait de copieux repas aux siennes. Cependant étant adeptes du gaspillage, leur festin ne faisait guère long feu. Et quand la morosité revenait à la mode et la pitance se raréfiait la colère éveillait les disputes et les tiraillements reprenaient leurs droits en interne aigrénant ainsi les violences conjugales. Il n'était pas du genre fair-play, ce qui était notamment pour sa femme, ce qui donnait à Adja l'occasion rêvée de les outrer de la manière la plus indécente et la plus humiliante qui fût.
Lorsque Khadija revenait souvent de l'école sans trouvait rien à manger mon père trouvait toujours un moyen de lui faire parvenir quelques miettes de ce qu'on recevait de Adja. Même si ma
cousine était aussi quelque peu déplaisant et indifférente j'avais pitié d'elle malgré tout. En dépit de tout ce qu'on pouvait lui reprocher elle était une bonne élève. Elle s'était toujours distinguée parmi les meilleurs de sa classe. Le seul point noir était qu'elle est mal éduquée, nonchalante et insolente. Mais tout cela n'était absolument pas de sa faute mais plutôt de ses parents. Il faut savoir que la discipline s'était éteinte dans la famille avec le départ de Maïmouna avec sa progéniture.

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