En route pour aller voir mon père....
Durant tout le trajet un silence assourdissant régnait dans la voiture, un sorte de consternation voilée. Nul n'évoquait la moindre parole, c'était un calme miné. Assise derrière j'avais le regard figé sur mes pensées. Il m'étais très difficile de rester lucide, de garder mon sang froid à ces moments là. J'étais d'autant plus anxieuse que dégoûtée au fur et à mesure qu'on s'approchait de la destination. J'étais pressée de poser mes yeux sur mon père. Malgré tout le confort de mon siège je n'arrivais pas à me défaire des chaînes de tourments qui m'assiégeaient à cet instant un peu comme si je m'étais accroupie sur une épine. Plus rien n'avait d'importance, tout était indécis autour de moi, rien n'avait plus de saveur que l'éternel espoir de revoir l'ombre de cet homme qui fût mon géniteur. Et puis la crainte que je ressentais éveillait tout ce qu'il y avait de plus effrayant, de plus stupéfiant et de plus âcre et délicat que l'amère douleur qui me consumait le cœur.
J'étais tombée dans une profonde tristesse, dans une angoisse vive, dans un bagne d'inquiétudes et d'incertitudes, ce qui rallongeait encore davantage mon mal-être. A vrai dire j'étais bouleversée et embarrassée.Après quelques heures de parcours nous arrivâmes dans cette contrée sud de la Louisiane.
Une fois qu'on est descendu du véhicule, nous nous sommes attelés directement à aller voir mon père. Le bâtiment qui faisait office d'hôpital ressemblait à une prison. Cela avait l'air à vrai dire plutôt d'un entrepôt pour malade qu'un hôpital où étaient interrnés des blessés de guerre, les retraités et les invalides de l'armée. C'était un matin hiver particulièrement froid et glacial. L'imposante bâtisse semblait grelotter, isolée au bord des faubourgs, au milieu de son grand parc sombre planté d'arbres. J'avais jamais été dans cet endroit mais il me donnait déjà des frissons. L'odeur des médicaments et des désinfectants que je sentais dans les couloirs suscitait en moi un sentiment étrange de peur et de panique me mettait dans une situation très précaire. J'étais tellement confuse et embrouillée qu'il m'étais difficile de garder ma sérénité.Dans mon fort intérieure je me disais peut-être qu'en le voyant je serais soulagée mais lorsque j'ai posé mes yeux sur lui je me suis vite écroulée au sol. Je n'arrivais à croire ce que je voyais. Je n'en pouvais pas, c'était plus fort que moi de constater son état. On m'a aidée à me relever et on ma fait asseoir sur une chaise le temps que je reprenne mes esprits. Par la suite je me suis approchée de lui mais dès qu'il a senti ma main sur lui, il commença à verser des larmes. C'était dure pour tous les deux. Je lisais dans son regard de l'effroi et des regrets. Il était perfusé, allongé à plat ventre, branché à des machines. Il était maigre, déprimé, pâle avec une mine morose, crispée et triste. Rien qu'en le regardant on aurait dit qu'il avait peur non pas de la maladie mais plutôt de la solitude, d'être abandonné seul face à son sort. J'arrivais à décrypter ses messages, ses mots qu'il ne parvenait guère à prononcer mais que son visage laissait voir.
Un instant son médecin vînt l'examiner et nous demanda de sortir pour un temps.Quand je pense que mon père nous a caché qu'il était tombé malade pendant des mois auparavant, je me demandais s'il n'avait pas perdu la tête entre temps. Néanmoins je n'ai jamais pu penser qu'il finirait ainsi, cela ne m'a jamais traversé l'esprit que je le verrai un jour cloîtré sur ce lit de mort, incapable et impuissant.
J'ai appris ensuite qu'il a fallu que son état ne s'aggrave que Chérif l'ai convaincu à nous le faire savoir. Ce qui démontre qu'il n'avait nullement l'intention de nous faire part ce qu'il lui était arrivé. Chérif ne lui avait pas vraiment laissé le choix. L'étroite relation qu'ils entretenaient depuis des décennies justifiait un tel dénouement car mon père considère l'armée comme sa véritable famille. Il vivait dans l'illusion depuis des lustres, sa maladie n'a fait que l'exposer à ce qu'il était vraiment sinon il aurait dû savoir qu'une famille est sacrée, cela ne s'achète pas et ne se remplace point surtout qu'il avait un héritage, le fruit de sa chair, moi, sa seule et unique fille. Je méritais de savoir quoi qu'il en fût.
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Mélodrame
AdventureLe parcours plein de rebondissement d'une Saint-Louisienne à l'épreuve de sa destinée. Histoire formellement interdite aux -🔞 ans. Il y a des scènes qui peuvent choquer les âmes sensibles.