Chapitre premier: une fête éblouissante

58 4 4
                                    

Royaume de Britannia, comté de Leeds.

Nous étions à la fin de l'Aesta. Le temps, qui pendant trois longs mois avait été dominé par un soleil brûlant, laissait maintenant place à un temps un peu plus doux ; le soleil brillait certes, mais les mouvements d'air frais apaisaient les âmes. Dans le village de l'Harrogate, une grande agitation animait les rues. Les habitants apportaient des tables et des bancs sur la place publique, près d'une grande fontaine d'argent de laquelle s'écoulait une magnifique eau, bleu saphir. Du pain, de la viande et des fruits étaient posés sur un stand, sous un grand chêne dont la hauteur semblait pouvoir atteindre les cieux. Les cicadas organisaient des concerts et chantaient des chansons solaires. Les habitants préparaient la grande fête de Septem qui avait lieu chaque année en fin de saison et qui annonçait le début de la saison d'Autumn. Durant la journée, les habitants mangeaient, buvaient et dansaient et cela, jusqu'à l'aube.

Les hommes portaient des blaudes ordinaires, des pantalons en coutil et des chaussures usées car, travaillant la terre pour les récoltes, ils n'avaient pas l'argent nécessaire pour en acheter des neuves, ni les moyens de s'offrir des vêtements plus confortables ou de faire d'onéreux et somptueux cadeaux à leurs épouses. Les femmes portaient pour travailler le coton, des calipettes qui leur servaient à se couvrir la tête et à les protéger ainsi du soleil durant le travail, mais elles avaient aussi d'autres bonnets pour les grandes occasions comme lors des fêtes de Septem. Les enfants eux, avaient enfilé les mêmes tenues que leurs aînés même s'ils ne travaillaient pas dans les champs. Ils allaient à l'école. Un instituteur leur apprenait à lire, à écrire, à compter, à connaître l'histoire de leur pays ou sa géographie.

Les préparatifs terminés, le maire du village s'avança et monta sur une estrade située au milieu de la place du village. La vieille barbe de son menton était grise et révélait une certaine expérience. Il disposait d'une grande popularité auprès des villageois. Sa voix rassurait la population, ses gestes ressemblaient à ceux d'un politicien lors d'un discours, et sa posture courbée trahissait son âge. Les villageois le respectaient et l'admiraient, ils le considéraient comme un grand sage de l'ouest et le plaçaient parmi les êtres les plus importants du monde. Après avoir raconté l'histoire de leur village, de sa fondation jusqu'à ce jour, il leva difficilement ses bras, regarda la place et cria d'une voix forte :

- Joyeuse Septem !

Et toute la population se mit elle aussi à crier en chœur :

- Joyeuse Septem !

La fête avait commencé : les enfants s'amusaient entre eux, les jeunes couples dansaient, les hommes mangeaient et buvaient tout en rigolant, les femmes parlaient de broderie et de ménage ; les marchands déposaient les stocks de nourriture : de la viande bien grasse, des légumes frais, mais aussi des tonneaux de bière et des litres de vin. En plus de la bonne nourriture présente, les marchands amenaient leurs troupeaux de vachows, de sheepoutons, de gabhairs, des thundhors tous les animaux des champs : les pigruis, les rabbunnys etc.

Tandis que la fête battait son plein, en haut sur le toit de la chapelle, un jeune garçon d'une quinzaine d'année observait attentivement la place du village, à l'endroit où il y avait le plus de monde. Ses cheveux bruns dansaient sous la brise du vent d'est, tandis que ses yeux turquoise fixaient surtout les jeunes couples qui dansaient. Il descendit du toit sur le côté gauche de la chapelle, et passa la ruelle. Grâce à sa taille moyenne, il parvenait facilement à éviter les obstacles sur le chemin menant à la place centrale. Il se faufilait parmi les couples du village où habilement, il détroussait l'argent des hommes trop occupés à danser avec leurs épouses pour s'en rendre compte. Après avoir volé dix personnes . Les détroussés, eux, ne réaliseraient que bien plus tard que leurs poches avaient été fouillées... Le garçon pendant ce temps, se servait tranquillement sur les stands ; il y prit des cuisses de sicin, du fromage, du pain et une pinte de bière, Après ses « courses », il s'installa près du grand chêne sur la colline où il déposa tout par terre, puis se mit en tailleur, en sentant la bonne odeur de son repas.

L'Ordre LégendaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant