L'Ordre Légendaire

Chapitre VI Le Doyen

Le maître de l'ordre était un homme âgé aux cheveux argentés, aux yeux marron et possédait une barbe aussi blanche que la neige de la toundra. Sur son œil droit, une cicatrice ressemblant à une griffure, témoignait d'une blessure de jeunesse ; ses mains ridées et fortes tenaient fermement une canne en bois dont le manche ressemblait au bois des cornes du deerest. Il possédait une jambe métallique à la place de la jambe gauche, résultat d'une blessure au combat ; sous son manteau, l'uniforme réglementaire des épéistes qu'il portait avec élégance, et dans sa poche, une montre à gousset.

Il s'approcha de Nelson et de Chambellan puis les scruta de haut en bas comme s'il les analysait de fond en comble. Il regarda le ciel et dit :

- Vous ne trouvez pas qu'il fait un temps agréable aujourd'hui ?

Les deux hommes levèrent leur tête vers le ciel et le regardèrent attentivement.

- Oui Maître, il fait un temps magnifique, répondit Chambellan.

- Tu trouves ? Je dirais plutôt agréable moi, bien que la pluie arrive.

- La pluie, Maître ? Pourtant, il a l'air parfait.

- Sache Chambellan que la perfection n'existe pas. Nous sommes tous autant que nous sommes, parfaitement imparfaits. Même la nature est imparfaite. La preuve : un temps certes agréable et ensoleillé peut durer une journée entière, et soudainement laisser place au mauvais temps.

- J'ai peur de pas bien comprendre votre raisonnement, Maître.

- Pour mieux t'expliquer, voici un exemple : je ne peux rester calme tout le temps. Par moment, je me mets en colère et inversement. Nous possédons tous des qualités qui nous sont propres mais nous avons également des défauts qu'il nous faut prendre en compte, car nous avons hérité de l'imperfection originelle. Dans ce monde, l'imperfection règne. J'espère avoir été plus clair.

- Oui Maître, je comprends mieux.

- Bien ! Mais ne dis pas ça pour me faire plaisir...je ne suis pas très doué pour m'exprimer. Je suis un homme de terrain et non un homme sage. Combattre et protéger sont ma vocation depuis longtemps, bien avant ma prime jeunesse, même. Mais, assez parlé ! Nelson, fais-moi ton rapport.

Nelson lui remit son rapport et commença à l'expliquer en détails :

- J'ai patrouillé dans le comté d'Eastshire, Maître. Il n'y a rien à signaler, le secteur est sécurisé et aucune créature de l'ombre ne s'y trouve.

- Bien, pour une fois la paix règne sur le pays, répondit le maître.

- Pas vraiment je le crains, l'interrompit Nelson.

- Que veux-tu dire ?

- J'ai fait une halte au village de l'Harrogate avant de reprendre la route et j'ai eu affaire à une bande de gobelins qui menaçaient un instituteur et son élève.

- Il s'avère que la bande en question n'est autre que celle des Greens Goblins, Maître, ajouta Chambellan.

- Elle n'a pas été réformée ? Je me doutais que le ministère allait laisser cette affaire... J'en avais fait part au Prime minister et il m'a pourtant assuré que cette affaire serait réglée !

- Que faisons-nous maintenant ? demanda Nelson.

- Je ferai part de ce rapport lors du Conseil royal et je m'entretiendrai avec le Prime minister et le ministre de l'Intérieur. Cette affaire doit être réglée. En attendant, nous surveillerons les agissements des Greens. Chambellan, fais deux copies de ce rapport pour la garde et pour le roi, veux-tu ?