Chapitre 10 (François)

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Je ne crois pas au coup de foudre. Ni aux signes du destin, ou toutes sortes de prédictions sur l'avenir... Tout ça me paraît vraiment irréaliste. Cependant, je crois en un amour construit au fil du temps, tissé à partir de points communs ou de moments partagés entre deux personnes. Mais de là trouver l'âme sœur et l'aimer dès le premier regard... ça me semble pratiquement impossible.

Et pourtant... la vie peut parfois nous réserver bien des surprises. Par exemple, même si je suis promis à Mary Stuart depuis mon enfance, son arrivée à la cour n'a pas fini de me surprendre. Cette fille est tellement imprévisible.

Et pourtant... je ne peux pas m'empêcher de la regarder en ce moment-même, tourbillonnant dans sa robe de bal au centre des invités. Pour la première fois depuis son arrivée au palais, Mary semble vraiment à son aise. Un grand sourire est plaqué sur ses lèvres, et sa joie de vivre semble communicative : de nombreux nobles viennent se joindre à la jeune reine écossaise et ses suivantes pour danser. Une fois de plus, je suis étonné de sa spontanéité. J'applaudis tout de même poliment, comme le dicte le règlement.

Tout au long de la danse, je me rends compte que mes yeux sont rivés sur elle, et je reste impuissant. Il faut dire qu'avec ses longs cheveux noirs et ses mouvements gracieux, Mary ne laisse personne indifférent. Elle continue à tourner sur elle-même encore quelques secondes, puis s'arrête à bout de souffle. Son regard semble capter quelque chose dans ma direction, ou plutôt une personne... mais ce n'est pas moi. Je décale légèrement la tête pour découvrir celui qui occupe son attention, et vois Sébastien à quelques mètres de moi, qui échange un sourire avec Mary. Cette scène me prend un peu de court, mais je n'en laisse rien paraître.

Tout à coup, quelque chose vient effleurer mon front. Je lève la tête : des plumes flottent au-dessus de nos têtes. Elles sont d'un blanc parfait et envahissent la pièce ; on pourrait presque croire qu'il neige dans le château. Je les observe, émerveillé. Elles me rappellent mon enfance, et attisent en moi un brin de nostalgie. 

C'est enfin lorsque je baisse la tête que je croise son regard profond

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C'est enfin lorsque je baisse la tête que je croise son regard profond. Mary plonge ses magnifiques yeux bruns dans les miens, et je suis subjugué devant tant de beauté. Sa seule présence me fait oublier les personnes qui nous entourent, je ne vois qu'elle... Je n'avais jamais éprouvé un tel sentiment de certitude auparavant, sauf peut-être lors de notre premier échange ce matin. 

Ce moment troublant me plonge dans un état second. Je ne suis plus maître de moi même : mes yeux la fixent si intensément qu'ils pourraient s'embraser, et mes pieds avancent tout seuls dans sa direction, comme guidés par l'inconscient. Je tente de résister face à cette force qui m'attire vers elle, en vain : Mary n'est plus qu'à quelques pas de moi. Pendant un instant, le temps semble s'être suspendu.

Soudain, le brouhaha des invités me ramène à la réalité. Je remarque alors que la musique s'est arrêtée : la fête est finie.

-"C'est l'heure de la consommation !", crie quelqu'un.

Les mariés passent juste sous nos yeux, formant une barrière entre moi et Mary Ses amies la tirent par le bras, pour l'emmener je ne sais où, totalement ignorantes de l'échange qu'elles viennent de rompre... Je continue à suivre Mary du regard tandis qu'elle quitte la pièce, jusqu'à ce que je ne puisse plus la voir.

Mary Stuart : Long Live The Queen [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant