Du présent au Passé 2-Au Complet

Pour commencer, tu meurs

Quand on est enfant, on nous dit que lorsqu'on meurt on monte au ciel pour devenir une étoile, ou encore qu'il y a une vie après la mort et qu'on y accède grâce à un couloir lumineux. Ce ne sont pas que des mensonges, mais on ne devient pas une étoile. On ne vit pas réellement non plus, on flotte juste dans le noir et le froid. La mort c'est juste l'absence de lumière et de chaleur, tu es seul. Il n'y a ni ange ni démon, ni paradis ni enfer, ni Dieu ni Satan, il n'y a rien à part toi flottant dans le vide.

Au début cette sensation est agréable, silence, légèreté,... Mais au final on finit par se faire chier. La seule chose à faire ici c'est mettre de l'ordre dans ses pensées.

Je résume la situation : je suis une sorte de réincarnation d'un des créateurs du monde, Pyrhydor. Mon père, qui était l'une des rares personnes à pouvoir me renseigner sans me mentir, est probablement mort, ma meilleur amie est en fait une espionne qui s'est foutue de ma gueule et que j'espère avoir tuée, ou alors bien amochée, et les gens qui devaient m'aider à maitriser mes éléments ont essayé de me manipuler. Pour finir je suis tombé dans un lac en essayant de rejoindre le second élu et je suis mort, enfin je crois. En fait je suis mort noyé... c'est quand même un comble pour quelqu'un qui est censé maîtriser l'eau.

Je suis passé par plusieurs phases : j'ai d'abord paniqué, ensuite j'étais en colère puis j'ai déprimé et maintenant je me sens juste vide, je me fiche de ce qui peut m'arriver. Un peu comme une rupture amoureuse en fait, sauf que j'ai rompu avec la vie.

Je pensais que lorsqu'on mourrait on retrouvait les gens qu'on aimait. Ça n'est qu'une déception de plus, je commence à être habitué. Une vague de colère et de frustration se propage en moi, mon sang bouillonne, je sens une puissance phénoménale s'accumuler. Je décide de lâcher prise et laisse ma rage se déverser, je ne blesserai personne alors à quoi bon se retenir. Des flammes gigantesques se déploient autour de moi et réchauffent l'air qui m'entoure. Une fois que celles-ci s'éteignent le froid revient m'envahir et je me retrouve à nouveau dans le noir. Je me roule en boule et ferme les yeux.

- « Et bien, ça faisait longtemps que je ne t'avais vu. Qu'est-ce que tu fais dans cette position ? »

Cette voix roule dans ma tête et se répercute contre les parois de mon esprit. Je ne veux pas relever la tête, je sais que ça n'est qu'un mirage, je suis seul.

- « Tu m'ignores l'Esprit ? C'est mauvais d'ignorer un prédateur tu sais ? »

- « Laisse-moi tranquille... »

- « l'Esprit, je sais pas ce qu'il t'arrive mais ça serait pas mal que tu me regardes »

- « Arrête de dire ça, il n'y a rien à regarder. Tu n'es pas là. »

- « Je suis plus là que toi en tout cas ! Maintenant arrête de couiner et lève toi. »

Je me décide finalement à lever les yeux, la lumière me force à les refermer immédiatement. Je me redresse et observe ce qui m'entoure, Hurlevent est assis devant moi.

- « Et bien voilà, c'était pas compliqué.

- « Attends, comment ça se fait que je sois ici !? Je suis mort. »

- « Ce n'est pas parce que je t'appelle l'Esprit que tu en es un... Détends toi. Tu es loin d'être mort, ta présence s'est même affirmée depuis la dernière fois. Tu ne devrais pas tarder à arriver. »

- « Arriver où ? »

- « Ici, tu as trouvé le passage. Appelle Nath pour qu'il vienne te chercher. Les premiers voyages sont toujours assez compliqués il va te guider. »

Je suis donc toujours vivant et je suis dans un passage inter-dimensionnel, je suis juste coincé dedans.

- « Comment je suis sensé l'appeler ? vous avez pas de portable et je ne pense pas que l'endroit où je suis coincé me permettent d'envoyer une lettre... »

- « Très honnêtement Katsuo, tu ne serais pas le Créateur je me dirais qu'il te resterait une semaine à vivre tellement tu es limité.»

- « Je... d'accord merci. Et donc comment je suis sensé procédé sale chien. »

- « Bien qu'appartenant à la famille des canidés et vivant avec un humain je ne suis pas un chien mais un loup, mais passons. Tu as un lien avec lui, il faut que tu le cherche. Il est en toi depuis la nuit des temps. Maintenant dépêches toi. »

Mon corps devient de plus en plus transparent et le paysage autour de moi se floute petit à petit. Je me tourne vers Hurlevent.

- « Comment je saurais que j'ai trouvé le lien ?! »

- « Ta mémoire. »

- « J'ai pas de mémoire ! Je n'ai que cette vie ! »

- « Ne t'inquiète pas. »

J'ouvre les yeux brusquement et le noir m'accueille de nouveau. Je reste quelques minutes hébété saisi par le froid puis je me rappelle les paroles d'Hurlevent et cherche ce lien dans ma mémoire.

Je fouille les moindres recoins de mon esprit mais rien, je ne trouve rien. J'insiste, remonte plus loin dans mon esprit jusqu'à ce qu'une porte se matérialise face à moi. Je pousse les lourds battants de bois et me retrouve face à une rivière argentée dont le courant me murmure des noms familiers. J'avance et me laisse aller avec le courant, des scènes d'une autre vie se reflètent dans l'eau. Puis la rivière se divise en une multitude de petits cours d'eau formant ainsi un arbre. Je m'arrête au centre des intersections et tourne dans tous les sens à la recherche d'un indice. Une branche légèrement plus grosses que les autres murmure. Je m'y engage et tombe sur un autre point d'intersection similaire à celui que je viens de quitter mais l'essence qui s'en dégage est différente. Cette fois je me dirige vers l'affluant principal et le remonte. Une autre porte se présente à moi mais il m'est impossible de l'ouvrir. Je tambourine et hurle.

- « Nathaniel ! Ouvre ! Laisse-moi entrer j'ai besoin de toi ! »

Rien ne bouge, rien ne se passe et je continue. Je ne suis pas de nature patiente et la colère prend rapidement le pas sur la tristesse et le désespoir, je tente alors une dernière somation.
- « Gardien ! Ouvre moi tu te dois de m'aider ! »

Les deux battants s'ouvrent immédiatement et je reconnais alors l'énergie de mon frère, Gaithḗr ou pour les autres Nathanïel.