Du présent au Passé 2-Au Complet

Un marché

Mon frère fracasse la porte alors que je bloque une attaque de la demoiselle, s'ensuivent plusieurs échanges avant que je ne puisse riposter à mon tour.

- « Pour qui travaillez-vous ? » me demande-t-elle entre deux parades

- « Je vous retourne la question ! »

Nathaniel vient se placer à mon côté.

- « Nous cherchons des renseignements, nous ne sommes pas venus pour tuer. »

- « Pas venu pour tuer. Pourquoi être si lourdement armés alors ? »

Nathaniel repousse une nouvelle attaque et lève les mains en signe de soumission, je proteste à travers note lien. Il étouffe mes contestations et se concentre sur notre assaillante.

- « Pour les mêmes raisons que vous. »

Cet argument semble calmer la jeune femme. Je n'ai, bien entendu, aucune idée de ses raisons mais je suppose que si mon frère s'aventure sur ce terrain c'est qu'il le maîtrise suffisamment.

- « Vous êtes donc venu chercher les élémentariens du roi ? »

Je reste pantois, elle s'est dévoilée très rapidement pour une espionne. Nathaniel aussi semblent surpris de sa franchise mais pas de l'information qu'elle vient de révéler. J'attends la suite en maintenant une position défensive.

- « Pourquoi devrions-nous les chercher ? Ils sont déjà là. » dit-il en retirant son masque

Elle nous observe à tour de rôle l'air dubitatif.

- « Vous ? »

- « Lui, pas moi. »

Mon frère me pousse en avant sans ménagement. L'espionne se précipite à mes pieds.

- « Je vous présente mes plus plates excuses mon Seigneur. Pardonnez l'humble mortelle que je suis de ne pas avoir su vous reconnaitre. »

J'arque un sourcil interrogateur dans la direction de mon frère qui se contente de sourire. Celle qui voulais nous écorcher vif il y a quelques minutes c'est transformée en groupie hystérique. Elle se redresse, remet son masque et se précipite vers une grande tapisserie dans le fond de la chambre. Nous la regardons faire sans comprendre.

- « Si vous voulez bien me suivre, l'hôte de la soirée souhaiterai faire votre connaissance. »

Elle tire sur une sorte de corde située sur le côté de la tenture, un cliquetis se fait entendre et elle s'engage sous la tapisserie en nous faisant signe de la suivre. Mon frère et moi nous engageons donc à sa suite.

- « Pourquoi avoir nier être élémentarien ?! On ne sait même pas où elle nous emmène et ce n'est as le but de notre mission ! »

- « Cesse donc de geindre tu veux ! Écoute bien « petit » frère, je ne suis les ordres de personnes encore moins ceux du Roi. »

Le ton sec de Nathaniel me choc, je sens sa haine à travers notre lien et attend qu'il décide de m'en dire plus.

- « J'ai été arraché à ma famille, ils ont tous été tué et nôtre peuple a été persécuté avant d'être voué à l'exile. Contrairement à toi j'ai su qui j'étais bien avant l'éveil de mes pouvoir, j'ai dû regarder le monde que nous avions construit s'effondrer et ces vils humains en prendre le contrôle. J'ai vécu notre déchéance. Et toi tu n'étais pas là, et en tant que Gardien j'ai échoué, je n'ai pas su conserver la Création. C'est donc à toi, Créateur, que revient la tache de nous remettre sur le droit chemin. »

Je comprends l'amertume de mon frère, je saisis enfin pourquoi cette époque est si différente. Aucun de nous n'avez encore failli à sa tâche, c'est la première fois de notre longue existence que nous sommes confronté à un échec.

Pendant que mon frère faisait sa tirade mentale nous avions atteint une petite alcôve dans le dédale de couloirs poussiéreux. Notre guide tend le bras dans une fente et je devine qu'elle tire sur un levier, un claquement retenti et elle pousse en pan du mur qui pivote.

Nous pénétrons dans une nouvelle chambre qui est cependant bien plus grande que la sienne et dont la décoration est beaucoup plus exubérante. Elle se saisit d'une petite clochette et l'agite vivement. Un page arrive et s'incline profondément devant la dame.

- « Dit au maître que je l'ai trouvé. »

Il acquiesce d'un bref signe de tête, s'incline à nouveau et quitte la pièce. Elle se tourne alors vers nous.

- « Je ne suis peut-être pas une élémentarienne mais je sais reconnaitre les signes d'une communication mentale. » elle fixe mon frère « Vous en êtes un aussi pas vrai, vous êtes son frère. »

Cette fois il ne cherche pas à se couvrir, il confirme les dire de la jeune femme d'un bref signe de tête.

- « Pourquoi avoir nier dans ce cas ? »

- « Je ne mérite plus se titre. »

Elle n'ajoute rien et attend en silence l'arrivée de celui qu'elle nomme « maître ».

- « Tu n'es en rien responsable de ce qui s'est passé Nathaniel, nous avons laissé cette terre trop longtemps seule. Si tu te considères coupable, je le suis tout autant. »

Il m'envoie une vague de gratitude et me lance un léger sourire. Une porte claque un peu plus loin et des bruits de pas se font entendre. Un homme mince et élancé entre dans la pièce. Il dénoue le ruban de son masque et laisse apparaître un visage fin et froid. Il a le teint pâle, ce qui contraste avec ses yeux d'un noir profond.

- « Tu n'en a trouvé qu'un seul ? » lance-t-il d'un ton tranchant

La jeune femme se tasse avant de répondre dans un murmure à peine audible :

- « Non mon seigneur, les deux sont présents. »

Il la congédie d'un mouvement du poignet et reporte son attention sur nous.

- « Que vous soyez des dieux ou non, je ne ploierai pas le genou devant vous. »

- « Que nous voulez-vous dans ce cas. » dis je sur un ton mordant

- « Je me suis laissé dire que vous travaillez pour notre Roi. »

- « Et en quoi cela est-il intéressant ? » mon frère a répondu avant moi afin de ne pas laisser la situation tourner au vinaigre

- « Je vous en prie, ne me dites pas que vous faites les sous-fifres de votre plein gré. Je désire renverser le Roi et prendre sa place pour agrandir notre royaume en suite. »

- « C'est donc une guerre que vous voulez ? »

- « C'est exact mais pour la gagner j'aurai besoin de vous. En échange de vôtre aide, votre peuple sera à nouveau le bienvenu sur nos terres. »

Mon sang ne fait qu'un tour, pour qui se prend-il ce mortel arrogant. Je laisse le feu de mes veines explosé et lui saute à la gorge.

- « Écoute moi bien petit seigneur que tu es. Ce monde est mien s'il faut que je t'extermine toi et toute ton espèce pour que notre peuple reviennent je le ferai en un claquement de doigt. Tu n'as visiblement pas cerné notre objectif donc je vais te laisser te rattraper. »

- « Vous voulez tuez le Roi autant que moi ! » me hurle-t-il

- « Mauvaise réponse. »

Alors que je m'apprête à lui enfoncer un poignard dans le cou, dans un élan de désespoir il s'écrit:

- « Je sais où est la cité des origines ! »