Assassin

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Je me réveille en sueur malgré le froid régnant dans la pièce. Je m’étire péniblement et rejette les couvertures pour aller chercher des bûches. Je les dispose dans l’âtre et aide le feu à repartir. Une fois que je suis certain que celui-ci a bien pris, je m’enroule dans mes couvertures et regarde les flammes danser et consumer les bûchettes. Je reste ainsi jusqu’au petit matin.
 
J’entends Nathanïel s’agitait à l’étage, je m’extirpe de mon lit de fortune et me diriges vers ce qui semble être la cuisine. J’ouvre les placards méthodiquement en espérant trouver quelque chose pour le petit-déjeuner. Je suis entrain de fermer le dernier tiroir lorsque Nath entre dans la pièce, il m’observe en fronçant les sourcils.
 
- « Qu’est-ce que tu cherches ? »
 
- « Le petit dej, j’ai les crocs. »
 
- « On n’a pas le temps de manger, viens. »
 
Je le suis l’air renfrogné. Mon ventre gronde jusqu’à ce qu’on arrive aux portes de la ville entourant la citadelle. Si mes souvenirs sont bons le port se trouve sur la gauche et le chemin menant à la citadelle est juste devant nous. Je reste légèrement en retrait pour voir vers où Nathanïel se dirige. Il ralentit le pas et semble hésiter quelques instants, il me jette un rapide coup d’œil et je fais mine de regarder ailleurs. Il reprend finalement son chemin, je sais maintenant où nous allons et cette idée me réjouit au plus haut point. Je continue de le suivre de manière nonchalante et laisse mes yeux divaguer.

La rue est pleine de monde entrant ou sortant des petites échoppes, de marchands ambulants et surtout d’odeurs. Tout se mélange ici, je n’aime pas la foule et commence rapidement à me sentir oppressé. Je rattrape Nath et lui attrape le bras voilement. Celui-ci se retourne brusquement et je remarque du coin de l’œil l’éclat d’une lame. En s’apercevant que ce n’est que moi il lève un sourcil interrogateur.
 
- « On y est presque ? »
 
- « Oui pourquoi ? »
 
Je sens que ma crispation commence à titiller mes pouvoirs, je perçois l’énergie qui s’accumule dans mon sang et tente de me calmer pour ne pas la laisser prendre le dessus.
 
- « Je n’aime pas me retrouver au milieu d’autant d’activité, je ne suis pas à l’aise du tout et j’ai peur de perdre le contrôle. »
 
- « Ça n’est pas le moment… »
 
Je le sais déjà mais depuis que je suis ici mes pouvoirs semblent décuplés et mon contrôle sur eux s’amenuise. Nathanïel accélère le pas et s’engage dans une petite ruelle en me tirant par le bras.
 
- « Écoute, je ne sais pas comment c’est dans ton monde mais ici si tu montres des capacités surnaturelles on te tue. Alors respire et bloque tes éléments.»
 
Je reste pantois et l’écoute sans bouger.
 
- « Nous allons aller à la citadelle, tu te feras passer pour un nouveau garçon d’écurie et je dirai que je t’accompagne. »
 
J’acquiesce et tente de faire le vide dans mon esprit, de refluer mon stress. J’inspire profondément et adresse un signe de tête à Nath pour lui signifier que je suis prêt. Nous reprenons notre route et arrivons rapidement devant les imposants remparts de la citadelle. Nath décline une fausse identité aux gardes qui nous laissent passer sans trop poser de question. Comme lors de mon rêve mon frère se dirige vers les cuisines puis le garde manger, fais pivoter le pan de mur du fond et m’entraîne dans les sombres couloirs. Bien que je ne sois pas quelqu’un de très développé le passage est très réduit et me gêne dans mes mouvement ce qui a le don de m’agacer. Je jure plusieurs fois en me prenant les toiles d’araignées quand Nath m’intime le silence d’un mouvement sec du bras. Je m’arrête immédiatement en retenant mon souffle. J’entends une conversation de l’autre côté du mûr et Nath se penche face à un petit trou pour observer la scène.
 
D’après les voix que j’entends ce sont deux hommes qui se disputent. Je ne saisis que quelques bribes de leur discussion, il serait sujet d’un passage et d’un garçon. Nathanïel s’écarte en vitesse de son observatoire et me tire précipitamment le long du petit corridor. Nous débouchons dans le fond d’une armoire qu’il ouvre à la volée pour pénétrer dans la pièce qu’occupe son mentor. Comme dans mon souvenir le vieille homme est assis dans son fauteuil dos à nous.
 
- « Je t’ai connu plus discret mon garçon » dit-il d’une voix posée « Mais peut-être est-ce parce que tu n’est pas seul. »
 
Il pivote vers nous et plante ses yeux sombres dans les miens.
 
- « Qui es-tu petit ? »
 
Je me crispe et le fixe sans savoir quoi répondre. Nathanïel se place à côté de son mentor et me détaille également.
 
- « Ici je ne suis personne. »
 
Le vieil homme esquisse un sourire alors que Nathanïel lève un sourcil interrogateur.
 
- « Parfait, nous allons voir ce que tu vaux avec un couteau dans les mains. » puis en se tournant vers Nath « On t’a peut-être trouvé un coéquipier finalement. »
 
Mon frère m’offre un sourire glacial et se positionne face à moi en sortant une lame de sa manche. Je respire profondément en fermant les yeux et laisse mon instinct prendre le dessus. Je sors également mon couteau et m’entaille la pomme de la main pour faire couler l’argent au centre de la lame. Je sens mon pouvoir gonfler et bouillir dans mes veines. Lorsque j’ouvre de nouveaux les yeux je sais qu’ils ont changé de couleur et adresse le même sourire glacial à Nathanïel. Lisandre nous observe calmement depuis son fauteuil.
 
Mon adverse lance l’attaque en premier, j’esquive de justesse en sautant en arrière. J’ai a peine le temps de me remettre sur mes appuis qu’il lance un deuxième assaut puis un troisième et un quatrième et ce à une vitesse effrayante. Je suis force de maintenir ma défense sans pouvoir riposter. Je me sens comme un animal acculé, quelque chose en moi gronde de fureur en voyant ma faiblesse. Cette chose se déploie hors de moi et envoie Nathanïel valser au fond de la salle. Celui-ci se relève surpris et se prépare à nouveau à attaquer. Je détaille chacun de ses mouvements à l’avance et mon corps enchaîne les parades et les attaques par automatisme. Nath lance une dernière attaque désespérée, je saisie l’ouverture qui s’offre à moi et place ma lame sous sa gorge.
Un mélange de rage et de fierté se lit dans son regard. La puissance qui c’était déployée en moi s’efface soudainement me faisant chanceler.
Mon frère me retiens par les épaules et me glisse à l’oreille :

- « Tu as finalement fait sortir le dragon qui sommeillait en toi. Attends de voir la puissance que tu auras quand tu le maîtriseras, plus rien ne pourra s’opposer à nous. »
 
Puis il me lâche et retourne au côté de Lisandre qui m’applaudit avec emphase.
 
- « Bravo mon garçon, maintenant que vous êtes réunis l’histoire peut commencer. »

Du présent au Passé 2-Au CompletOù les histoires vivent. Découvrez maintenant