Déméter, Perséphone et Hadès

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Déméter était aux anges. Depuis leurs retrouvailles, elle passa chaque jour avec sa fille, à savourer chaque instant. Pourtant depuis quelque temps, elle avait bien remarqué que sa fille n'allait pas aussi bien que ce qu'elle tentait de faire croire. Déméter avait du mal à l'admettre, mais Perséphone avait bien changé depuis son séjour forcé aux Enfers. En même temps, qui aurait pu rester de marbre face à cet évènement ?

En effet, les jours passaient mais Perséphone n'était pas aussi heureuse que ce qu'elle pensait. Chaque fois qu'elle essayait de dormir, le visage d'Hadès venait la hanter. Elle le haïssait de s'introduire dans ses rêves mais elle se haïssait encore plus de ne pouvoir se résoudre à ne plus penser à lui.

Un jour lambda que mère et fille passait dans les champs, Hermès surgit devant elles. Il se dirigea vers Perséphone d'un pas décidé. Cette dernière esquissa un mouvement de recul mais avant de pouvoir fuir, il la serra fort conte lui. Lui faisait-il un câlin ?

-Ah! Comme je suis heureux de te voir! S'exclama t-il tout sourire.

Perséphone souffla de soulagement. Heureusement qu'il ne lui en voulait pas. Elle avait eu du mal à l'admettre mais elle aimait vraiment beaucoup Hermès.

D'ailleurs ce dernier salua ma belle Déméter.

-Ah toutes les deux vous m'avez donné du fil à retordre! Ria t-il.

-Mais, cela fait plus d'un mois que je suis partie, s'étonna Perséphone qui savait que le dieu messager pouvait trouver n'importe qui en un claquement de doigts.

-Mais vous croyez tous que j'ai du temps! Je suis pressé moi! Je suis même toujours en retard! Alors il est mignon Hadès avec ces menaces mais te chercher j'avais pas que ça à faire! S'exclama t-il.

-Pourquoi tu es là alors ? demanda Déméter sur la défensive.

-Hum... C'est Zeus qui m'envoie, avoua Hermès.

Perséphone regarda sa mère. Déméter savait ce que cela voulait dire. Elles étaient dans de beaux draps.

-Vous êtes convoqué devant Zeus dans deux jours, les filles, annonça t-il d'un ton grave qui ne lui allait pas.

Hermès passa le reste de l'après-midi avec les deux femmes. Le dieu qui avait tant à faire ne semblait pas pressé de partir. Il profita d'un moment où Déméter s'écartait pour s'approcher de Perséphone.

-Tu sais qu'il fera tout pour te récupérer?

Perséphone surprise de cette question rhétorique regarda Hermès. Elle lui sourit.

-J'y comptes bien.

Ce fut à Hermès de ne savoir cacher sa surprise. Il fronça les sourcils, marmonna des "les femmes sont incompréhensibles" et fixa Perséphone comme si la réponse se cachait sur son front.

-Il n'avait aucun droit de m'enlever. Il doit comprendre que je ne suis pas une femme qu'on enlève puis qu'on retient prisonnière. Je ne suis pas une Mintha! commença Perséphone.

-Oh que non, coupa Hermès joueur.

-Si je dois retourner là-bas, ce sera de mon plein gré.

-Oh, je comprends, répondit Hermès sérieusement.

Perséphone reprit son travail, plongée dans ses pensées. Ce Hadès Pourquoi avait-il fallu qu'elle aille sur l'Olympe avec sa mère la première fois ?

-Avoue que tu ne peux résister à son charme, lâcha Hermès taquin.

Perséphone lui lança son panier remplit de céréales. Il partit en courant et elle le poursuivit jusqu'à ce qu'il s'envole. Ils rirent de bon coeur et se dirent à dans deux jours. Et cela promettait d'être riche en rebondissement.

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Les deux jours de répit s'écoulèrent terriblement vite. Perséphone et Déméter avaient choisi de pas essayer d'envisager à quoi elles devaient s'attendre une fois là-bas. Elles profitèrent tendrement des -peut-être- derniers moments ensemble.

Un peu avant de partir, Déméter demanda à Perséphone d'être honnête avec elle. Perséphone fronça les sourcils d'incompréhension.

-Ma chérie, qu'est-ce qu'il ne va pas ? Demanda Déméter de but en blanc.

-Quoi ? répondit simplement Perséphone.

-Depuis quelque temps, tu es différente d'avant. C'est vrai, tu as l'air plus pensive qu'avant. Est-ce que c'est à cause de lui ?

-Maman, je commença Perséphone.

-Si il te fait chanter, ou te menaces, je jure que, Intervint Déméter.

-Non maman, ce n'est pas ça du tout. C'est que, je crois que je ne le déteste pas, avoua Perséphone rouge de honte.

Déméter regarda doucement sa fille. C'était donc ça!

-Je crois que je me retrouve un peu en lui. Quand je suis avec toi, il y a une partie de moi qui reste enfouie. Et je ne saurais dire pourquoi mais quand je suis avec lui, je suis vraiment moi. Je ne ressens aucun gêne à agir sans réfléchir! Je suis moi-même comme quand je suis avec toi mais d'une façon encore différente. Je sais que ça n'a ni queue ni tête, déblatéra Perséphone comme libérée d'un poids.

-Non, ça n'a pas ni queue ni tête ma chérie, murmura Déméter.

-Tu le détestes ? Demanda Perséphone soucieuse.

-Hum... Non. A vrai dire, j'ai toujours plutôt apprécié Hadès. Apprécié est un grand mot. Disons que j'avais pitié de lui par moment. A mon sens, il avait besoin d'être sauvé, mais j'aurais préféré que ce soit de quelqu'un d'autre, avoua Déméter en faisant la moue.

-Je t'aime tant maman, confia Perséphone.

Déméter ouvrit grand les bras. Perséphone vint se cacher dans ses bras, et inspira son odeur ce qui calma sa respiration agitée. Elles s'endormirent l'une contre l'autre, sachant que demain tous essayeraient de les séparer.

AMOURS MYTHIQUESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant